Le retour de la sécurité, au nord et au centre du pays, exige trois conditions fondamentales.
La première est l’accélération du processus DDR (Démobilisation, Désarmement, Réinsertion) tant au nord qu’au centre du pays. Entamé dans ces deux zones depuis quelques mois, il traine en longueur.
Face à la multiplication des attaques terroristes, des braquages et des assassinats ciblés, le processus DDR doit être mené à son terme. Et toute personne retrouvée avec une arme doit être arrêté. Et traduit devant la justice.
« L’Etat procédera, immédiatement, au désarmement de tous ceux qui détiennent, illégalement, des armes. Celui qui refusera sera sanctionné, sévèrement », disait IBK, à l’issue de sa visite à Sobane-Dah.
Cette promesse du Chef de l’Etat semble laisser les populations sceptiques.
Au lendemain des massacres d’Ogossagou, qui ont fait près de 130 morts – dont des enfants de 6 mois et des vieillards de 105 ans – le Premier ministre d’alors, Soumeylou Boubeye Maïga avait promis le désarment de toutes les milices, écumant le centre du pays. Une promesse restée sans lendemain. Pire, après la dissolution de la milice Dana Ambassagou, celle-ci refuse de s’exécuter. Avant de menacer le gouvernement de « représailles ».
D’où le scepticisme des populations, après la déclaration d’IBK.
Pour désarmer les milices du centre, l’Etat malien peut, au besoin, se faire aider de la Minusma. Mais, visiblement, la volonté politique semble faire défaut.
La seconde condition est dotation de nos forces armées et de sécurité en armes adaptées au terrain. Non seulement en armes lourdes de longue portée, mais aussi en avions de combat et hélicoptères d’attaque.
Accueillis à grands renforts de publicité, les récents avions, acquis à coups de milliards CFA, n’ont pas été à hauteur de mission. Du moins, au regard des massacres, qui se sont déroulés à Koulongo, Ogossagou et, récemment encore, à Sobane-Dah. Lesquels ont fait plus de 300 morts, tous des civils peulhs et dogon.
Situé dans la commune rurale de Sangha, le village de Sobane-Dah, majoritairement catholique, a été attaqué de 17 heures au lendemain matin. Sans que le gouvernement ait pu acheminer les renforts sur place ; alors un check-point de l’armée était de faction à Diankabou, localité située à 15 km, seulement, du lieu de l’attaque.
La dotation de l’armée en avions de combat, en hélicoptères d’attaque et le réarmement des hélicoptères et avions déjà acquis … est une nécessité. Du moins, si l’on veut mettre fin à cette spirale de violence, qui menace les fondements même de notre pays.
S’y ajoutent la motivation des soldats à travers l’amélioration de leurs conditions de travail, l’arrestation de tous les officiers impliqués dans le détournement de leur PGA (Prime Générale d’Alimentation) ; mais surtout, le déploiement des généraux et autres colonels, qui se la coulent douce dans des villas cossues, au moment où le pays est en guerre.
Troisième et dernière condition, une justice pour tous. Dans l’armée, d’abord. Certains soldats sont à leur troisième déploiement sur le théâtre des opérations, alors que d’autres se la coulent douce à Bamako. Plus grave encore, ils sont les premiers à bénéficier de promotions, jugées « politiques ».
Ensuite, au sein des Groupes armés et des milices : un traitement égalitaire pour tous, devant la justice. Se croyant plus proche, ou plus craint par le gouvernement, certains se croient plus royalistes que le Roi, en se livrant à toutes sortes d’exactions. En toute impunité. Ce qui a, parfois, favorisé la multiplication des milices d’autodéfense dans plusieurs localités. Dont les populations se sentent « abandonnées » par l’Etat.
C’est ainsi – et ainsi seulement – qu’IBK peut ramener la paix et la sécurité dans le pays. Et, du même coup, baliser le terrain pour la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles annoncées.
Ainsi, il aura accompli la délicate mission pour laquelle les Maliens l’ont plébiscité en 2013. Ainsi, il quittera le pouvoir, en 2023, par la grande porte.
Oumar Babi
Source: Canard Déchainé