Après douze ans de lutte sans succès, les travailleurs licenciés de l’usine Huicoma courent toujours derrière leur plan social dont le coût s’élève à 8 milliards 438 millions de FCFA. Furieux donc de cet état de fait, les responsables du Collectif des femmes travailleuses et les épouses des travailleurs de l’Huicoma étaient face à la presse, le samedi 10 mars 2018, à l’hôtel ONOMO de Bamako pour inviter les plus hautes autorités du pays à prendre leur responsabilité afin que les travailleurs de l’huicoma puissent avoir leur droit. « IBK, la promesse est une dette, les veuves et orphelins de l’huicoma vous sollicitent pour leur plan social…Nous réclamons notre plan social même si on doit mourir », soulignent les responsables du Collectif. Les membres du collectif qui représentent les 2/3 de la population de Koulikoro (2ème région administrative du Mali) vont même plus loin, car ils sont décidés de ne pas voter lors des échéances électorales à venir sans leur plan social.
Cette conférence de presse était animée par la présidente du Collectif des femmes travailleuses et les épouses des travailleurs de l’Huicoma, Mme Touré Djougal dite Mama Cissé, en présence de sa secrétaire administrative, Mme Sanogo Kadidia Sanogo, de Ibréhima Diarra du collectif des travailleurs de l’huicoma et de nombreuses femmes venues de Koulikoro pour la circonstance.
Prenant la parole, la conférencière, Mme Touré Djougal dite Mama Cissé a égrené les luttes menées (marches, sit-in, rencontres…) par les travailleurs de l’huicoma pour avoir gain de cause. Selon elle, l’huicoma est une société malienne créée pour diminuer le chômage mais qui sera, par la suite, « sauvagement privatiser » par les autorités maliennes au Groupe Tomota qui selon elle, n’a aucune expérience dans le domaine de l’huilerie.
« Tomota, dès son arrivé, a commencé à licencier 400 personnes. Il a renvoyé tous les travailleurs saisonniers. Il nous a mis tous en chômage technique pendant trois mois et l’Etat n’a rien dit. L’Etat n’a pas joué son rôle de garant », a déploré la présidente du Collectif des femmes travailleuses et les épouses des travailleurs de l’Huicoma, Mme Touré Djougal dite Mama Cissé.
Elle a fait savoir que les travailleurs demandent leur plan social et sont prêts à tout pour ce faire. Très remontée contre le gouvernement, elle a indiqué que Mme Diarra Raky Talla, ministre du Travail et de la Fonction publique n’a pas cherché à comprendre le dossier, car, elle a dit que les travailleurs de l’huicoma ont eut leurs droits, ce qui n’est pas le cas, précise la conférencière. A l’en croire, le 7 juillet 2017, lors d’un déplacement du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à Koulikoro, il a promis de s’impliquer personnellement.
Après le président IBK, dit-elle, 5 ministres du gouvernement se sont rendus à Koulikoro pour la même affaire. En outre, poursuit-elle, le ministre de la solidarité et de l’action humanitaire, Hammadoun Konaté s’est rendu à Koulikoro et a promis de gérer la situation en 8 semaines. Mais c’est avec regret que la présidente du Collectif des femmes travailleuses et les épouses des travailleurs de l’Huicoma, Mme Touré Djougal dite Mama Cissé constate que jusqu’à présent, la situation des travailleurs de l’huicoma n’est pas résolue.
« On a fait confiance au ministre Hammadoun Konaté vu son âge mais il nous a trahi. L’Etat doit aux travailleurs de l’huicoma, 8 milliards 438 millions de FCFA. Raky Talla a voulu nous enterrer…Il n’y a pas d’autorité au Mali ni de leaders religieux. Ça ne va pas dans l’exécutif. Nous demandons à l’Etat de payer le plan social des travailleurs de l’Huicoma et de corriger cette injustice. Depuis 12 ans, on est dans cette situation. Nous réclamons notre plan social même si on doit mourir », a-t-elle martelé.
Coup dur pour le président de l’Hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé ?
Le second conférencier, Ibréhima Diarra abonde également dans le même sens tout en faisant savoir que le Collectif ne va pas baisser les bras. Quant au secrétaire administratif du Collectif, Mme Sanogo Kadidia Sanogo, elle a mis l’accent sur le calvaire des femmes des travailleurs de l’huicoma de Koulikoro, Koutiala et Kita. « Nous sommes rejetés par la société. Tout cela est la conséquence de la privatisation de l’huicoma. On n’a jamais vu une privatisation comme celle de l’huicoma or cette société a fait beaucoup pour le Mali. Le plan social est entrain de dormir entre les mains des autorités », a-t-elle déploré.
En réponse aux questions des journalistes, la conférencière a précisé que le coût du plan social s’élève à 8 milliards 438 millions de FCFA. Avant d’ajouter que 954 personnes doivent bénéficier de cela. A l’en croire, l’huicoma, en son temps payait 7 milliards de FCFA en guise d’impôts par an. Selon elle, beaucoup de ses collègues ont perdu la vie à cause de cette situation. Par ailleurs, elle dira que des actes seront posés par le Collectif dans le futur pour avoir coûte que coûte gain de cause.
Ibréhima Diarra a fait savoir que les députés de Koulikoro (l’honorable Issaka Sidibé, Labasse Kané) n’ont rien fait pour résoudre la situation. Selon lui, depuis l’arrivée de Issaka Sidibé au perchoir, il n’a jamais crée un cadre de concertation afin de trouver une solution au problème. C’est ainsi que les membres du Collectif ne sont pas prêt à voter lors des élections à venir à plus forte raison renouveler leur confiance aux élus. « On n’est pas prêt à voter sans notre plan social. Nous représentons les 2/3 de la population de Koulikoro », a conclu la présidente du collectif.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain