Le centre du Mali est toujours en proie aux attaques d’hommes armés. Début mars, plusieurs villages du cercle de Bankass en ont été les cibles. Bandiagara est aussi, selon plusieurs informations, menacé. Housseyni Saye, maire de la commune urbaine de Bandiagara, très remonté contre l’État, répond à nos questions.
Des mouvements d’hommes armés seraient relevés à Bandiagara. Quelles sont dispositions sécuritaires mises en place ?
Je n’ai pas connaissance de mouvements suspects d’hommes armés.
En visite dans la région de Mopti, en février, le Premier a demandé la levée des check-points tenus par la milice Dana Ambassagou, une décision que vous avez du mal à accepter.
Quand le Premier ministre a demandé la levée des check-points, il s’en est suivi plusieurs attaques. Un État ne peut être absent d’un lieu et demander à ceux qui font le minimum de ne pas y être. Cela conduit à quoi ? Des greniers sont brûlés au quotidien. Ils posent des ultimatums, ils viennent, ils tuent, ils brûlent. Les plus chanceux arrivent à s’échapper. Cela fait trois ans que ça dure, c’est trop d’incapacité de la part d’un État. Nous sommes véritablement meurtris et déçus. Ce n’est pas une affaire qui doit être prise à la légère. Un conflit communautaire n’est pas bon dans un pays, c’est la pire des choses que l’on puisse imaginer. On laisse les populations mourir. Il n’y a même pas de communication là-dessus. Personne n’en parle. Ça ne va vraiment pas.
Depuis la levée des check-points, des soldats ont-ils pris position dans la zone ?
Il n’existe pas de nouveaux postes de contrôle de l’armée depuis. La situation a empiré. Voyez ce qui se passe à Bankass (plusieurs villages attaqués, une dizaine de morts, des greniers brûlés, du bétail emporté, depuis le 1er mars). Bandiagara est également victime. Ils ont demandé aux habitants d’un village situé à sept kilomètres de la ville de quitter les lieux. Nous ne nous sentons plus comme des Maliens lambda. La semaine dernière, une grande manifestation de soutien à Dana Ambassagou s’est tenue dans la ville. Elle a regroupé un grand nombre de personnes.
Dans ce climat assez difficile, comment se passe la préparation des législatives ?
Les législatives pour nous, ce n’est que de la farce. Nous n’avons même pas la tête aux élections, nous avons nos propres problèmes.
Propos recueillis par Boubacar Sidiki Haidara
Journal du Mali