Acheté pour une valeur de plusieurs milliards de francs Cfa par les fonds du Trésor public, le marché d’acquisition de ce scanner a été attribué à la société Niaré froid, connue dans le domaine de l’installation et de l’entretien des climatiseurs, avant de se lancer dans la vente des groupes électrogènes. En effet, dans le cadre du renforcement du plateau sanitaire de l’hôpital de GAO, un scanner a été mis à la disposition dudit centre hospitalier à travers l’effort de l’Etat et de ses partenaires. Cependant, l’espoir suscité par cette acquisition est en train de se muer en désespoir car les millions de F CFA injectés pour la machine sont en pleine fonte sous le soleil et la poussière.
Plusieurs patients admis aux urgences à l’hôpital de Gao sont souvent transférés à Niamey (au Niger voisin), à plus de 450km ou, à défaut, sur Bamako situé à 1300 km de Gao.
Un voyage qui, dans la plupart des cas, est sans retour. Les raisons sont liées au fait que l’hôpital est en incapacité de réaliser certains examens cliniques les plus classiques d’imagerie médicale, à cause de l’absence de matériels adéquats parmi lesquels on peut noter l ‘IRM. C’est pour pallier toutes ces difficultés, que l’État du Mali à travers le Ministère en charge de la santé, sous Michel Sidibé, a décidé de débloquer des sommes colossales pour acquérir la machine de marque Japonaise.
C’est un scanner de 66 barrettes avec un poids de 8 tonnes qui a été transporté par le contingent allemand à Gao en septembre dernier. Selon nos informations, le produit, une fois arrivé à l’aéroport Sénou de Bamako en début 2020, a été réceptionné et stocké dans un quartier de Bamako en commune I. Et c’est à partir de là que les traces ont disparu jusqu’au jour où nous apprenions que c’est l’hôpital de Gao qui était la structure bénéficiaire.
Après 06 mois de stockage pour manque de moyens financiers devant couvrir les frais de transport, il a été finalement acheminé à GAO. En son temps, le Directeur de l’hôpital et son staff ont été largement félicités par les populations qui parlaient d’une ‘’promesse tenue’’ surtout que certains opérateurs économiques avaient fait parler leur cœur en mettant la main à la poche.
Aujourd’hui, la réalité est toute autre : le scanner est en en train de pourrir dans la cour de l’hôpital, faute de local pour son installation. Il aurait donc fallu prévoir la construction d’un abri pour le scanner avant de l’acheter. Dans cette histoire, autant les autorités sanitaires sont interpelées, autant les fils et les filles de GAO doivent également jouer leur partition pour sauver ce ‘’joyau sanitaire’’ qui est de nos jours, indispensable pour faire d’un hôpital, une référence régionale.
Les opérateurs économiques de la région de GAO avaient remis une enveloppe de 3 millions de FCFA à la Direction de l’hôpital, aux fins de pouvoir procéder à l’installation du scanner.
Pourtant, jusqu’à ce jour, son installation reste impossible, à cause du manque de local en un premier temps, puis à cause de l’absence d’un spécialiste en imagerie. Pendant ce temps, les souris et les reptiles de la cité ont élu domicile dans l’appareil. Cela risquerait de causer des gros ennuis techniques et les milliards seront partis en fumée.
Pourquoi l’appareil traîne encore et peine à être installé ? Que cachent les responsables de l’hôpital régional de Gao? A-t-il été déjà utilisé comme nos avions cloués au sol ?
Les bénéficiaires du marché ont-ils été floués par les Japonais ? Telles sont, entre autres, les questions qui nourrissent le débat dans la cité des Askias . Pour tenter d’apporter des réponses à toutes ces questions afin d’éclairer les patients de toute la région, nous avons approché M. Niaré, patron de la société de froid ” Niaré froid ” qui selon nos informations, est le fournisseur de cet appareil pour un marché de gré à gré.À notre grande surprise, ni M. Niaré ni ses collaborateurs n’ont souhaité s’exprimer sur la question.
Nous y reviendrons !
Alexis
Source: Radar