Tu as osé casser ta plume,
Et nous sevrer de ta réflexion impertinente,
Qui pointait les dérives de notre société,
Avec un art assumé de la dérision.
Tous ceux que tu croquais goulûment,
Des plus grands aux plus humbles,
Pleurent aujourd’hui ton départ anticipé,
Se demandant qui revêtira ta tunique.
La plume fut ton arme,
Le papier tes munitions,
La société ton champ de bataille,
Les réseaux ton horizon.
Brillant esprit, tu fus,
L’étendue de ta culture surprenait.
Sur le Mali, tu étais incollable
Qu’il s’agisse de l’histoire, de la politique ou du sport.
Ton franc-parler dérangeait,
Tu pouvais paraître carré,
Refusant tout compromis jurant avec ton éthique,
Mais ton amitié était toujours sincère.
En quittant la rédaction à cet instant fatidique,
Tu laisses en rade ton projet encyclopédique
Que tes héritiers ont le devoir d’aboutir
Sur le printemps de la presse malienne.
Ta modeste demeure est bien plus qu’un toit.
Là se terre un trésor que des historiens se disputeront
Pour écrire certaines pages de notre vécu
Et te sauront gré d’avoir légué un inestimable héritage.
Tes anecdotes truculentes nous manqueront,
Tout autant que tes reparties à la sève du terroir.
La gouaille sous-jacente à ton verbe
Ne déclenchera plus le rictus de ton interlocuteur.
En Issa la presse perd un de ses sacrés apôtres,
Et le pays un fruit vert qui n’a pas eu le temps de mûrir.
Avec avidité, nous lirons ses reportages post-mortem
Pour célébrer une plume à la qualité rare.
Diarra Diakité
Ancien collègue, ami, frère & voisin de Issa Doumbia
Source: L’ Aube