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Hommage au professeur Issaka Bagayoko : UN ENGAGEMENT MAL RECOMPENSE

La salle de conférence de la Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage (FLSL) sur la colline de Badalabougou, a abrité mercredi une cérémonie d’hommage et de lancement de l’ouvrage posthume du professeur Issaka Bagayogo intitulé « Le delta intérieur du Niger ». La cérémonie a enregistré la présence d’une foule d’étudiants et de professeurs, de compagnons, de parents du défunt professeur. Parmi les personnalités présentes, il y avait l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoum Diallo, les anciens ministres Adama Samassékou, Salikou Sanogo, Moustapha Dicko (le représentant personnel du chef de l’Etat à la Francophonie), les professeurs Salif Berthé et Soli Koné.

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L’éditeur Ismaïla Samba Traoré, directeur des éditions « La Sahélienne » a expliqué les difficultés qu’il a rencontrées pour éditer l’ouvrage. C’est, indique-t-il, sous la Transition que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique avait promis de faire débloquer 2,5 millions Fcfa pour financer l’édition. Une somme dont l’éditeur n’a jamais vu la couleur.
Puis les professeurs Hamidou Magassa (ancien compagnon de l’auteur), Dénis Dougnon, directeur de l’ISFRA, et Doulaye Konaté, président de l’Association des historiens du Mali, ancien recteur de l’Université du Mali et collègue de l’auteur ont témoigné de la personnalité du Pr. Issaka Bagayogo décédé le 16 juillet dernier.
« Le delta intérieur du Niger » a été longuement préfacé (22 pages) par le célèbre chercheur Samir Amin. Ce dernier, a expliqué Hamidou Magassa, connaît à la fois l’auteur et le delta intérieur du Niger. Il a confié avoir croisé le chemin du Issaka Bagayogo sur plusieurs scènes intellectuelles et politiques.
Professeur de philosophie au départ, Issaka Bagayogo a enseigné dans des lycées comme ceux de Tombouctou et de Badalabougou. Il étudie plus tard l’histoire et soutient une thèse d’anthropologie en 1982 à l’Ecole des hautes études de sciences sociale (IHSS) de Paris en France. C’est là qu’il fait la connaissance de Hamidou Magassa. Après sa thèse, il revient au bercail et rencontre l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, à l’ISFRA. Puis, il travaille à l’Institut des sciences humaines (ISH). Ce qui fera dire à Hamidou Magassa que Issaka Bagayogo a connu « tous les lieux de misère académique » de notre pays. Malgré des conditions très difficiles, il fait son travail et obtient toutes les distinctions académiques. Mais de reconnaissance nationale, il n’en a jamais eu. Et ne s’en est jamais plaint. « Il a tout donné et il a très peu reçu », a résumé Hamidou Magassa.
Selon les analystes, Issaka Bagayogo poursuit une certaine logique dans ses publications. Le premier article scientifique qu’il a écrit s’intitule « les lieux et théories du monde manding : passé, présent et à venir ». Il s’agit d’une réflexion sur le pouvoir et le rapport que les Maliens entretiennent avec ce dernier. L’article met en exergue le problème de leadership et de communication dans notre pays. L’auteur estime que notre nation est foncièrement un pays d’aristocratie. De l’empire du Ouagadou jusqu’au Royaume peulh du Macina.
Après la politique et la gouvernance, il s’attaque au problème de la nourriture avec le delta intérieur du Niger. Ce livre est divisé en cinq chapitres. Dans le premier, il estime que la faim est une insulte dans notre pays au regard de toutes les potentialités dont nous disposons. Le deuxième chapitre est un aperçu géographique des zones climatiques de notre pays. Dans le troisième, le professeur Bagayoko analyse les différentes politiques agricoles mises en œuvre dans notre pays depuis 50 ans.
L’analyse sociodémographique alimente le 4è chapitre. Enfin, le dernier chapitre explique pourquoi le delta intérieur du Niger doit être le grenier de l’Afrique de l’ouest. Mais le constat est là : 50 ans après les indépendances, les pays de la sous-région n’ont mis en valeur que 24 % des terres pour les 309 millions d’habitants que l’espace compte.
Le professeur Denis Dougnon a mis l’accent sur la rigueur scientifique et l’exigence dans la qualité du travail qu’entretenait Issaka Bagayogo. Et le directeur de l’ISFRA d’annoncer qu’il a demandé et obtenu une médaille à titre posthume pour lui.
Le professeur Doulaye Konaté juge, lui, que la contribution intellectuelle de l’homme fut d’une grande qualité. Ses travaux sont d’un intérêt stratégique majeur car son thème conducteur fut le foncier. Un thème plus que jamais d’actualité au regard de ce qui se passe aujourd’hui.
Y. DOUMBIA

source : L’ Essor

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