L’histoire ! Ce mot me rappelle mes années scolaires dans mon village au fin fond du pays à une centaine de kilomètre au nord de Dougouba, notre belle capitale. Tout petit écolier que j’étais, je me demandais à quoi ça servait quand mon professeur nous racontait en classe comment les grands empires et royaumes se sont formés en Afrique noire en général et en particulier en Afrique de l’ouest. Le Royaume Bambara de Ségou, l’Empire du Ghana, le Royaume Peulh du Macina, l’Empire Songoï, la Dynastie des Askia, j’en oublie volontiers, autant de grands noms qui m’ont fait rêver dans mon enfance. Mon Prof d’histoire se fondait tellement bien dans ses cours que j’avais l’impression d’être acteur de l’époque.

Assis à la première rangée des tables bancs (j’étais parmi les plus petits de la classe, mais la comparaison s’arrête là sic), rêvais-je me voir en plein milieu des batailles, coupant par-ci une tête d’un coup de sabre et transperçant par-là d’un coup de lance un cœur. Ah l’histoire, une berceuse sans sifflement et ni murmure. Oui tout était beau et admiratif. Seulement voilà, je restais dans l’expectative totale quant à l’utilité de tout cela dans ma vie sur terre. Plus de 30 ans après, je viens d’avoir la réponse à toutes mes questions.
Ces derniers jours, les réseaux sociaux en général et Facebook en particulier, nous dévoilent des historiens en herbe. Une apparente guéguerre fait désormais le dénominateur commun des échanges entre facebookeurs Maliens et Ivoiriens. Tout serait parti de la posture endossée par le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara « ADO » dans la résolution de la crise malienne. Selon les médias aussi bien nationaux qu’internationaux, ADO, avec son homologue guinéen Alpha Condé, serait à la base de la ligne dure adoptée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre le Mali suite aux événements du 18 août 2020.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher une guerre entre nos deux communautés malienne et ivoirienne. Des comparaisons du niveau de développement socio-économique au plan sportif, en passant par le peuplement de la sous-région, chacun prend l’aspect qu’il juge efficace pour faire plus mal à l’adversaire. Dans ce labyrinthe de discussion, ce qui m’a le plus frappé, c’est la propension des uns et des autres à conter l’histoire à sa manière. A ce commentaire admiratif des Grades-Ciels surplombant la capitale ivoirienne, réplique un autre affirmant que tous ces immeubles appartiennent aux étrangers. Et gare à celui qui défend le contraire avec un nom de la région nord de la Côte d’Ivoire. Il reçoit en pleine face une leçon d’histoire sur le peuplement des abords de la lagune Ebrié.
Qui l’aurait cru ? Satisfait et éberlué en même temps, je dis tout simplement merci à tous ces historiens en herbe. Vivement un véritable retour aux sources. À mercredi prochain !!!