Le technicien est entré dans l’histoire en devenant le premier sélectionneur vainqueur de la CAN avec deux pays différents, à savoir la Zambie et la Côte d’Ivoire
Quelle est votre première réaction après ce sacre ?
Hervé Renard : Je suis très content pour tous les Ivoiriens, qui attendaient ça depuis 23 ans. Mon message depuis qu’on a commencé le stage de préparation le 5 janvier a toujours été le même, même quand on a mal débuté la première mi-temps contre la Guinée, on a toujours gardé le cap, il a fallu dire certaines vérités. Les joueurs ont fait beaucoup d’efforts, aujourd’hui ils sont récompensés. Dans la vie on peut perdre, mais l’important c’est de toujours rebondir, ne jamais lâcher. On dédie cette victoire à tout le peuple ivoirien. Le foot a cela de magique qu’il réunit toutes les ethnies, toutes les personnes qui ne pensent peut-être pas de la même façon. La Côte d’Ivoire est plus qu’heureuse aujourd’hui, c’est le plus important.
A quel moment avez-vous cru en la victoire, et qu’avez-vous pensé à 2-0 pour le Ghana dans les tirs au but ?
Hervé Renard : J’y ai cru contre le Cameroun (1-0), le troisième match de groupe. L’équipe a montré un état d’esprit fantastique ce jour-là contre un très bon Cameroun. Il a fallu sortir un grand match et les joueurs ont réussi à faire ce qu’on n’imaginait pas d’eux, c’est-à-dire se sacrifier pour le collectif. Chacun jouait l’un pour l’autre, et à partir de là on a tous compris par quelle voie il fallait aller. A 2-0, c’est toujours difficile, mais comme je m’étais dit que l’histoire allait se répéter, on y a cru. C’est aussi une superbe image : avant que Copa (Barry) ne frappe le penalty, j’ai dit qu’un gardien qui a travaillé avec Jean-Marc Guillou est capable de bien tirer, parce qu’il travaille techniquement.
Qu’avez-vous pensé de cette CAN ?
Hervé Renard : C’était une très belle édition, organisée deux mois avant le début de la compétition, donc une tâche extrêmement difficile. Les organisateurs ont été à la hauteur. J’aimerais qu’en Europe on ne retienne pas que ce qui s’est passé dans la demi-finale à Malabo avec la Guinée équatoriale (face au Ghana, 0-3, lorsque des incidents avaient fait 36 blessés, ndlr). Ce serait dommage de ne montrer que ces débordements du foot africain, parce qu’il y a eu plein de belles choses. Il y avait par exemple deux matches consécutifs dans le même stade et les supporteurs des quatre équipes. Jeudi, ce qui est arrivé est dommage mais ça peut arriver n’importe où. C’était un tournoi très difficile, avec des équipes comme le Cameroun et l’Algérie, des prétendants à la victoire, qu’on a réussi à éliminer.
CAN 2015 : DES ELEPHANTS RENVERSANTS
Quelle tension, quel suspense. Des joueurs à bout de nerfs et des spectateurs qui hurlent dans le stade de Bata. Qui allait craquer après une séance de tirs au but insoutenable ? Voilà comment l’édition 2015 de la CAN s’est terminée. Avec l’image d’un Gervinho assis sur une chaise au bord de la pelouse, détournant le regard, alors que le gardien du Ghana ratait la onzième tentative de son équipe.
Quelques secondes plus tard, Copa Barry, le portier ivoirien, héros improbable de cette finale, offrait la deuxième Coupe d’Afrique des nations aux Eléphants en propulsant le ballon au fond des filets. En 2012, Gervinho avait loupé sa frappe et la Zambie d’Hervé Renard repartait de Libreville avec le trophée en main.
Dimanche, Hervé Renard a remporté son deuxième titre continental avec les Eléphants et l’attaquant de l’AS Rome pouvait verser des larmes de joie. Après 23 ans d’attente, la Côte d’Ivoire est à nouveau sur le toit du continent.
Entre une Côte d’Ivoire qui restait sur deux finales perdues et un Ghana qui s’était aussi incliné en 2010, la finale de l’édition 2015 devait mettre fin à la frustration de l’une des deux équipes. Cependant, le sort peut paraître cruel pour le Ghana. Dans un match équilibré et fermé pendant 90 minutes, ni les Eléphants, les Blacks Stars n’ont réussi à échapper aux prolongations. La Côte d’Ivoire n’a pas profité d’un coup franc cadré, tiré par Yaya Touré, pas dans un grand jour, sur une faute de Wakaso Mubarak (14e).
De son côté, Max-Alain Gradel, décalé par Gervhino, est entré dans la surface et a déclenché un tir puissant qui a filé au-dessus de la transversale du but de Razak Brimah (16e). Wilfried Bony, double buteur en quarts de finale contre l’Algérie a eu bien du mal à percer la défense ghanéenne redoutable avec John Boye. Il n’a pas été plus heureux lors de son tir au but raté. Ce sera vite oublié.
Du côté des Ghanéens, on regrettera forcément les deux actions d’Atsu, désigné meilleur joueur de cette CAN 2015, et d’André Ayew. Trouvé par le joueur de Marseille, Atsu enroulait son ballon du pied gauche, mais sa frappe touchait le poteau de Copa Barry (26e). Même sort pour la frappe d’André Ayew en fin de première période, à l’issue d’un tir déclenché sur le côté gauche de la surface de Copa Barry, qui a remplacé Sylvain Gbohouo, l’habituel titulaire blessé.
Ce dernier, perclus de crampes en fin de rencontre, trouvera les ressources nécessaires pour marquer un improbable et décisif tir au but au terme d’une séance étouffante qui aura vu les Ghanéens prendre deux buts d’avance. En vain. A 35 ans, Copa Barry pouvait s’offrir un inattendu tour d’honneur sacrément mérité.
source : L Essor