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Hausse spectaculaire du taux de divorces : Quand le mariage devient un phénomène banal au Mali !

La hausse dramatique du taux de divorce au Mali, ces dernières années, a finalement amené l’opinion publique nationale à se demander si sont vraiment préparés au mariage, les jeunes gens qui sont les plus impliqués dans cet ouragan de divorces qui ravage les liens matrimoniaux. Ces divorces endémiques sont devenus une véritable source de préoccupation sociale au Mali au point de finir par inspirer de la méfiance et même du mépris à de plus en plus de personnes envers du mariage.

Des décennies en arrière, notamment avec le poids de la religion et des coutumes ancestrales, le divorce était moins fréquent au Mali et était même considéré comme un sacrilège. Mais avec les jeunes couples, les cas de divorce ont même tendance à s’assimiler à un phénomène de mode où certains mariages n’atteignent pas souvent, ne serait-ce qu’un an d’existence.

Interviewés par « Le Point », de nombreux observateurs sociaux affirment que la plupart des mariages actuels sont contractés précipitamment sans que les conjoints ne se donnent le temps nécessaire pour mieux se connaître. D’autres se pressent pour se marier sans être psychologiquement préparés aux exigences morales fondamentales qu’implique le mariage. Une fois dans le foyer, le changement radical de la vie et les dures réalités du quotidien matrimonial, les contraignent souvent à une toute autre appréciation des choses.

Débordement incroyable des Tribunaux par des demandeurs de divorce

A Bamako où la pratique a connu une incroyable ascension, les Tribunaux sont régulièrement pris d’assaut par des demandeurs pressés d’être libres de leurs unions matrimoniales. Certains Tribunaux de la capitale malienne, à force d’être débordés par les demandes de divorce, sont souvent contraints de recruter des employés supplémentaires pour mieux gérer les procédures de divorce dont une des conséquences majeures chez l’un ou l’autre partenaire est de ne plus avoir l’envie de se remarier.

La plupart des divorces prononcés par les juridictions compétentes maliennes résultent de mariages n’ayant pas duré plus de dix ans. Les enfants issus de ces unions matrimoniales échouées et qui en sont les plus grandes victimes, sont souvent élevés dans des conditions sociales extrêmement instables susceptibles d’hypothéquer leur avenir. Les nouveaux foyers dans lesquels les enfants vivront suite à la séparation de leurs parents, pourraient souvent leur donner la sensation de vivre un effroyable orphelinat, notamment à cause de l’absence de l’affection conjuguée des deux géniteurs. Les affres du divorce s’avèrent parfois particulièrement éprouvantes pour les enfants aussi bien que traumatisants pour leur innocence.

Lien sacré et universel, le mariage qui est théoriquement appelé à s’inscrire dans l’éternité, est en train d’être vu comme un phénomène banal et sans intérêt au Mali à cause de facteurs multiples et complexes. L’immaturité requise pour chacun des deux conjoints pour bâtir un foyer conjugal stable et épanoui, n’est pas souvent au rendez-vous. Les différentes promesses matérielles faites par les hommes aux femmes, ne sont souvent pas honorées après l’union.

Les engagements moraux généralement pris par les femmes, notamment en promettant aux hommes de rester perpétuellement à leur côté et les couvrir de tout leur amour quelque en soient les vicissitudes de la vie, deviennent souvent des lettres mortes après le mariage. Autres facteurs récurrents comme l’incompatibilité des éducations ou personnalités des deux conjoints, la mauvaise gestion des tensions intraconjugales aussi bien que l’immixtion abusive et incontrôlée des belles-familles dans la vie du couple, précipitent souvent de nombreuses séparations.

Nombreuses parmi les relations de couple régulièrement tissées à travers les réseaux par les jeunes gens au Mali et qui aboutissent au mariage, se soldent plus souvent par d’énormes désillusions. Les dérives virtuelles des nouvelles technologies à travers l’utilisation imprudente des réseaux sociaux, ont souvent un impact déstabilisateur sur des couples mariés.


Mauvais critères de choix pour un couple sans avenir
Selon des statistiques annuelles, environ 140 000 cas de divorce ont été enregistrés en 2018 dans le pays avec environ 75% des procédures de divorce engagées à la demande des femmes et dont à peu près 30% dans la ville de Bamako qui enregistre le plus grand de divorce au Mali. D’autres experts des questions matrimoniales expliquent la rapidité et la pléthore des divorces essentiellement par l’absence d’une communication adéquate dans le foyer marital où les disputes longuement répétées finissent généralement par tuer l’amour entrer les deux conjoints et rendent leur cohabitation impossible. Pour éviter d’en arriver à des dégâts irréparables, le divorce est parfois envisagé comme « l’ultime soulagement » pour le couple dans de nombreux contextes à la vie dure.

Sékou Bougadari Diabaté, dépositaire traditionnel malien, estime que « le mariage repose sur des fondements inaltérables que chacun et tous doivent nécessairement chercher à connaître. Pour fonder un foyer solide, tu dois connaître ton partenaire et t’assurer qu’il répond aux critères souhaités. Autrefois, il y avait moins de divorces au Mali parce que les gens se choisissaient comme maris et femmes en fonction de la réputation morale de leurs familles respectives suites à certaines investigations préalablement menées ».
« Dans les temps anciens, ce sont deux familles qui se mariaient à travers le mariage de leur fille et fils. Cette implication directe des deux familles dans le scellage de l’union, faisait régner une sorte de pression morale sur le couple qui devait s’atteler à toujours maintenir l’équilibre au sein du foyer. Mais de nos jours, de nombreux foyers sont vulnérables et peuvent se disloquer à tout moment parce que n’ayant pas été bâtis sur des critères sains», a-t-il martelé.
D’autre part, vu la prédominance des traditions islamiques au Mali, où la cérémonie musulmane occupe une place importante dans le scellage des liens sacrés du mariage dans la mosquée mais en l’absence des mariés, certains observateurs pensent que les imams doivent exiger la présence sans condition des conjoints à la mosquée lors de la célébration religieuse. Les nouveaux mariés y apprendront les principes cardinaux du mariage et interpréteront désormais le divorce comme un des pires désastres sociaux.
Contrairement à la religion musulmane, cette méthode est appliquée à l’église. Dans la tradition chrétienne, les deux conjoints matrimoniaux reçoivent directement les bénédictions des fidèles et les ministres de culte ainsi que leurs précieux conseils et leurs strictes avertissements contre toute dérive intra ou extraconjugale. Aucun projet de divorce issu d’un mariage formellement célébré à l’église, n’est validé par le Vatican.
Selon la maxime populaire, le mariage n’est pas un ring de boxe où il faut nécessairement un gagnant pour départager les deux adversaires, mais plutôt un espace de vie à deux qui ne fonctionne véritablement qu’au rythme de concessions et sacrifices consentis par chacun des deux conjoints.
Moulaye DIOP

Source: Le Point du Mali

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