Le directeur général de l’Union des clubs professionnels de football réagit pour FRANCE 24 aux propos de la ministre des Sports. Valérie Fourneyron a confirmé que le football français sera bien concerné par la taxe à 75 % sur les hauts revenus.”La taxe sur les hauts revenus telle qu’elle est présentée est une taxe mortifère pour les clubs de Ligue 1. Il y a des vrais problèmes de cohérence.” Philippe Diallo ne décolère pas. Interrogé par FRANCE 24, le directeur général de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF) réagit sévèrement aux propos de la ministre des Sports, Valérie Fourneyron. Cette dernière a confirmé dans un entretien, donné lundi au Figaro, que le football sera bien concerné par la nouvelle taxe à 75% sur les hauts revenus (salaires supérieurs à un million d’euros annuel, ndlr.).
“En soit, ce n’est pas une annonce nouvelle”, nous confie Philippe Diallo. “C’était une mesure présente dans le projet de loi de finance 2014. C’est une confirmation.” La taxe à 75 % sur les hauts revenus s’appliquera aux clubs de football, mais son montant sera “plafonné” à 5 % en fonction du chiffre d’affaires de l’entreprise pour tenir compte de la “fragilité de (leur) modèle économique”, a indiqué lundi 30 septembre Valérie Fourneyron.
“Totalement incohérent”
“Comment peut-on dire dans le même temps que les clubs français sont fragiles, en perte financière, qu’ils manquent de compétitivité, et apporter comme réponse une nouvelle taxation, c’est totalement incohérent”, s’insurge Philippe Diallo. “Aujourd’hui 5 %, cela représente 45 millions d’euros de prélèvement. Je rappelle que cette nouvelle taxe s’ajoute à la taxe Buffet sur les droits de diffusion, qui est de l’ordre de 30 millions d’euros. On serait donc autour de 75 millions d’euros de prélèvement pour des mesures qui vont toucher autant les gros clubs que les plus modestes.”Selon le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, treize clubs de Ligue 1 devraient être touchés par cette nouvelle taxe, mais pas l’AS Monaco. En effet, le club monégasque ne sera pas soumis à cette taxation, car il n’est pas régi par le droit français. “Tant mieux pour Monaco. On souhaiterait que tous les clubs de Ligue 1 puissent bénéficier d’un tel dispositif”, sourit Philippe Diallo, qui remet en cause les périodes d’application de cette nouvelle taxe. En effet, Valérie Fourneyron a indiqué que la mesure s’appliquera “sur les revenus de 2013 et 2014.” De quoi faire bondir, le directeur général de l’UCPF. “Sur 2013, il n’y a aucune capacité d’action pour les clubs, car les contrats en CDD ne peuvent pas être modifiés. A minima, il faudrait que cette taxe ne s’applique qu’aux nouveaux contrats, car là on se retrouve piégés !”
“Cette taxe à 75% va devenir une taxe football”
Au-delà du caractère rétroactif, Philippe Diallo souligne le “caractère discriminatoire” de cette taxe proposée par François Hollande, durant la campane présidentielle de 2012, à la suite d’un rapport sur les rémunérations des dirigeants du CAC 40. “Les clubs de foot vont être les victimes collatérales d’un dispositif qui ne devait pas les concerner. Les grandes entreprises ont déjà pris des dispositifs pour contourner ce dispositif. Or nous, on a des clubs non-délocalisables, et des joueurs qui évoluent sur le territoire français avec des contrats pluri annuels, non-modifiables. Cette taxe à 75% va donc devenir une taxe football.”Selon Valérie Fourneyron, “le football est une bulle spéculative, qui peut exploser à tout moment. Par certains aspects, il ressemble à celle qui a provoqué la crise que nous connaissons actuellement”. La ministre des Sports s’inquiète notamment du déficit des clubs français qui “va croissant depuis plusieurs années”. Un avis loin d’être partagé par Philippe Diallo. “La gestion des clubs n’est pas aussi contestable que l’on veut la présenter. Que le football soit menacé par un certain nombre de dangers, personne ne le nie. Mais les clubs de football participent déjà très largement à la solidarité nationale. La contribution fiscale et sociale des 40 clubs professionnels français est de l’ordre de 700 millions d’euros pour un chiffre d’affaires qui s’élève à 1,3 milliard !”.