De retour d’Arabie saoudite où ils ont participé au pèlerinage, les pèlerins de la filière gouvernementale, regroupés au sein d’une coordination, ont dénoncé les déboires qu’ils ont connus qui ont pour noms, le coût exorbitant du pèlerinage par rapport aux autres pays, la mauvaise qualité de la restauration, de l’hébergement, des pèlerins délaissés par les délégués. C’était à la faveur d’une conférence de presse organisée à cet effet, jeudi 30 octobre dernier à l’hôtel Radisson Blu dont les principaux conférenciers étaient Moussa Ben Deka Diabaté, Modibo Camara, Mme Dabo Miamouna Dembélé.
Pour l’édition 2014 du pèlerinage, les pèlerins de la filière gouvernementale au nombre de 1000 auront vu de toutes les couleurs sans parvenir à accomplir toutes les activités liées à l’accomplissement de ce pilier de l’Islam.
Selon les explications des conférenciers, les déboires des pèlerins de la filière gouvernementale ont commencé depuis Bamako. Car, il a fallu que ceux-ci, après avoir été convoqués, attendent des heures à la Maison du Hadj, avant d’être transportés à l’aéroport non sans conditions. Tenez-vous bien : de la Maison du Hadj à l’aéroport, chaque pèlerin a été facturé à 25.000 FCFA comme frais de transport. Imaginez la somme que cela donne pour 1000 personnes.
Ainsi, les 1000 pèlerins ont été divisés en deux convois de 500 personnes chacun. Mais ceux-ci étaient loin d’imaginer ce qui les attend en Arabie Saoudite.
Selon Moussa Ben Deka Diabaté, durant toute la période du pèlerinage, ils se sont sentis orphelins malgré la présence de 70 délégués envoyés par le gouvernement pour les aider, les guider et répondre à leurs besoins.
Pour lui, il était prévu pour eux de passer huit (8) jours à Médine. Mais arrivés à l’hôtel, ils ont été surpris des conditions d’accueil car il y avait une seule personne à la réception pour le premier convoi de 500 personnes. Les pèlerins vont prendre leur mal en patience en occupant les chambres à quatre, cinq ou même six selon la dimension des chambres. Mais quelques heures après, le second convoi de 500 personnes est arrivé, poursuit le conférencier qui explique que cela a fait qu’il n’y avait plus de places dans l’hôtel.
Face à cette situation, dit-il, les pèlerins ont décidé d’en avoir le cœur net avec les délégués. Mais coup de théâtre : ceux-ci vont leur laisser entendre qu’ils n’y peuvent rien. Car tous les contrats ont été signés par le ministère en charge de l’Administration du territoire. Et qu’ils ont été mis devant les faits accomplis à leur arrivée en Arabie Saoudite comme les pèlerins.
Le pire dans cette situation, explique Moussa Ben Deka Diabaté, c’est qu’il était prévu qu’ils passent huit (8) jours à Médine pour faire les 40 prières. Mais à leur grande surprise, le 7ème jour, le propriétaire de l’hôtel est venu leur demander de vider les lieux car le contrat signé entre lui et le gouvernement malien est arrivé à terme.
Malgré les nombreuses tractations, ils seront obligés de quitter l’hôtel pour prendre la destination de la Mecque à bord de cars très vétustes. Sans compter le long temps qu’ils ont passé sur la route car les chauffeurs recrutés ne maitrisaient pas le trajet.
De nombreux déboires
Arrivés à destination, explique M. Diabaté, les pèlerins ont été logés dans un hôtel de 15 étages où seulement deux ascenseurs étaient en bon état.
« Les cinq premiers étages étaient réservés pour les bureaux de l’hôtel et les chambres des pèlerins maliens ne commencent qu’à partir du sixième étage » regrette M. Diabaté. Il indique que ce fut un véritable calvaire pour les pèlerins composés en majorité de vieilles personnes qui étaient obligées de faire la queue pendant plus de trente minutes dans les halls de l’hôtel pour avoir accès à l’ascenseur.
Cet hôtel se trouve à trois kilomètres de la Kaaba. Et il fallait parcourir cette distance à pied sous un soleil de plomb et une chaleur torride de 45%. Ce qui a poussé la majorité des pèlerins à se priver de ces prières.
Ensuite, il fallait quitter la Mecque pour aller à Mina. Quelle ne fut la stupéfaction des pèlerins maliens de voir qu’après avoir patienté de 10 heures du matin à 23heures, les délégués du gouvernement leur ont envoyé deux cars pour 1000 personnes. Des cars vétustes qui feront plusieurs tours pour pouvoir les transporter à Arafa où se trouvaient deux ministres : celui des Maliens de l’Extérieur, Dr Abdramane Sylla et celui de la Réconciliation nationale, Zahaby Ould Sidi Mohamed.
Devant ces membres du gouvernement, révèle M. Diabaté, les pèlerins ont raconté les déboires qu’ils ont connus depuis leur arrivée. Ceux-ci vont déléguer le Prof Thierno Hady Thiam pour leur présenter des excuses pour les désagréments subis.
Une autre situation vécue par les pèlerins de la filière gouvernementale est d’avoir fêté sans moutons malgré le fait que son prix est inclus dans les 2.740.000 FCFA payés par chacun.
Selon le conférencier, dans les frais du pèlerinage sont prévus 50.000 pour l’achat d’un mouton pour chaque pèlerin. Mais pour cette édition, les pèlerins de la filière gouvernementale ont dû fêter sans moutons. Alors que les membres de la délégation ont fêté avec quatre moutons en méchoui.
Une petite enquête menée sur le terrain par la Coordination des pèlerins maliens de la filière gouvernementale a permis de savoir que le Mali est le pays de la sous-région où les frais du pèlerinage sons plus chers. Et où les pèlerins sont les plus mal traités.
Pour preuve, dira M. Diabaté, pour l’édition 2014, les pèlerins de la filière gouvernementale ont tous payé 2.740.000 FCFA. Pendant que ceux du Burkina ont payé 2.000.000 F, ceux du Niger ont payé 1.800.000 F, ceux du Sénégal ont payé 2.400.000 F.
Toute chose qui est inadmissible avec les conditions qu’ils ont connues sur le terrain. Car, l’Etat malien doit tout faire pour que le pèlerinage se passe dans les meilleures conditions, comme ce fut le cas des pèlerins d’autres pays mis dans toutes les bonnes conditions.
Pour lui, si le Mali ne fait pas attention en améliorant l’organisation du pèlerinage, l’Arabie saoudite va interdire le pèlerinage aux Maliens.
- Diabaté a par ailleurs laissé entendre que le pèlerinage peut être fait à un prix moindre. Seulement, chaque année, le gouvernement envoie des personnes qui ne payent rien et dont la prise en charge est facturée sur les autres. Comme ce fut le cas pour cette édition où le gouvernement a envoyé 70 délégués dont la présence ne leur a servi à rien.
- Diabaté a évoqué le calvaire des pèlerins de la filière privée où plus de 80% des 114 agences qui ont été retenues n’avaient pas de contrat avec des hôtels. Et venaient négocier avec les délégués de la filière gouvernementale pour héberger leurs pèlerins. Sans compter que des agences interdites d’organiser le pèlerinage ont changé de nom en complicité avec les autorités pour participer à l’organisation de l’édition 2014.
Modibo Camara, un autre conférencier indiquera que c’est sur conseil de ses proches qu’il a choisi la filière gouvernementale. Mais après ce qu’ils ont vécu sur le terrain, il a indiqué que l’organisation au niveau de cette filière a été une catastrophe aussi bien sur le plan logistique que cultuelle.
A noter que lors de cette conférence, une projection de photos prises et vidéos enregistrées sur leurs conditions d’hébergement, d’alimentation et de transport a été faite.
D.D