En septembre 2021, Mamadi Doumbouya avait déjà dû interdire les manifestations. Mais elles n’avaient alors rien à voir avec celles du FNDC : c’étaient les « manifestations de soutien » à la junte qui avaient été proscrites. Il semble loin, ce temps où la Guinée avait découvert ce grand gaillard dont le regard victorieux s’affichait en taille XXL sur les murs de la ville. Il promettait alors de chasser les démons du passé hors des frontières, d’en finir avec l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits humains et la corruption, et annonçait une transition « inclusive et apaisée ».
Le 27 septembre 2021, le colonel partait se recueillir au cimetière de Bambéto, où sont inhumés la plupart des victimes des manifestations organisées sous Alpha Condé. Là-même où il s’était offert ses premiers bains de foule à sa prise de pouvoir. Celui qui voulait « faire l’amour à la Guinée » vivait alors sa lune de miel.
Un an plus tard, le divorce avec les Guinéens semble consommé. Les opposants à Alpha Condé, qui applaudissaient des deux mains le coup de force des militaires, ont abandonné depuis plusieurs mois la caution de « bonne foi » accordée à Doumbouya. « Les Guinéens ne doivent plus mourir pour la politique », avait lancé Mamadi Doumbouya tout juste après la capture d’Alpha Condé. L’engagement aura tenu neuf mois.