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Guinée : l’opposition annonce qu’elle boycottera et empêchera les législatives de février

Le président Alpha Condé a annoncé un projet de nouvelle Constitution qui pourrait lui permettre de briguer un troisième mandat en 2020.

 

L’opposition guinéenne a annoncé, lundi 23 décembre, à Conakry qu’elle boycotterait les législatives prévues le 16 février 2020 et en empêcherait la tenue. Le pays en proie depuis plusieurs semaines à des violences meurtrières en raison de l’intention prêtée au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat en 2020.

« Nous ne pouvons pas participer. Il ne s’agit pas de boycotter et de rester les bras croisés. Nous allons empêcher que ces élections aient lieu », a déclaré le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, à l’issue d’une réunion des dirigeants d’une vingtaine de partis d’opposition.

Dénonçant une « mascarade électorale », M. Diallo a justifié cette décision par des divergences avec le pouvoir, notamment sur la révision du fichier électoral : « Il y a eu un enrôlement massif des mineurs, tandis que des gens qui en ont le droit n’ont pas été autorisés de s’enrôler. Nous ne pouvons pas accepter qu’une élection basée sur ce fichier soit organisée. »

« Nous avons pris une importante décision aujourd’hui qui va consister à ne plus entrer en compétition avec le président Alpha Condé, a abondé un autre responsable de l’opposition, Etienne Soropogui, tant que les conditions d’une élection libre et transparente ne sont pas réunies. »

Au moins vingt civils tués

L’annonce du boycottage des législatives intervient alors que la contestation contre l’intention prêtée au président Condé de briguer un troisième mandat ne faiblit pas dans ce petit pays de 13 millions d’habitants d’Afrique de l’Ouest, pauvre malgré d’importantes ressources minières.

Le 19 décembre, le chef de l’Etat, élu en 2010 puis réélu en 2015, a rendu public un projet de nouvelle Constitution à soumettre au peuple guinéen à une date non précisée.

L’opposition guinéenne a immédiatement crié au « coup d’Etat constitutionnel » et confirmé son appel à manifester massivement jeudi.

La manœuvre prêtée au président guinéen a provoqué depuis deux mois des manifestations qui ont rassemblé à Conakry et en province des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens opposés à cette perspective.

La contestation, durement réprimée à plusieurs reprises, a causé la mort d’au moins vingt civils et un gendarme. Des centaines de personnes ont été arrêtées. Les défenseurs des droits humains dénoncent l’usage excessif de la force, des arrestations arbitraires et l’impunité des forces de sécurité.

AFP

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