Réfugié en Biélorussie après sa tentative ratée de raid sur Moscou, le chef de la société de mercenariat Wagner est passé du statut de fils prodigue de Vladimir Poutine à celui de traître à la Russie. À Saint-Pétersbourg, les services de sécurité liquident l’empire militaro-économique d’Evgueni Prigojine.
La scène est symbolique. Ce samedi 1er juillet, la grande enseigne lumineuse Centre Wagner a été retirée du toit du QG inauguré par Evgueni Prigojine, le chef de la milice Wagner, en octobre dernier, à Saint-Pétersbourg. Le bâtiment, qui devait être la vitrine de sa société de mercenariat, ne lui appartiendra bientôt plus.
Désormais qualifié de « traitre »
En envoyant ses hommes sur Moscou pour faire le ménage au ministère russe de la Défense, voire pour prendre le pouvoir, l’homme d’affaires aux méthodes de mafieux a violé la règle d’or édictée par son mentor Vladimir Poutine. Les membres de l’élite doivent respecter le Président s’ils veulent profiter de leur fortune.
Le voici désormais qualifié de traître par le chef du Kremlin, un statut à l’espérance de vie limitée en Russie. Personne ne sait d’ailleurs aujourd’hui si celui à qui Vladimir Poutine a promis un exil en Biélorussie est encore vivant et libre. La seule chose qui est certaine, c’est que le chef du Kremlin compte bien le dépouiller de sa fortune comme de son influence.
Usine à trolls
Des rumeurs appuyées par des photos montrant un homme ressemblant à Evgueni Prigojine, descendant d’un hélicoptère lui appartenant, l’ont annoncé à Saint-Pétersbourg la semaine dernière pour gérer ses affaires. Le chef de Wagner aurait organisé le transfert de ses sociétés et de celles de sa femme depuis son palace Trezzini , au bord de la Neva. Problème, l’homme photographié avait tous ses doigts quand il manque une phalange à la main gauche au vrai Prigojine. Mais son empire est bel et bien en pleine dégringolade.
Sa célèbre usine à trolls a été démantelée. Composée de plus de 300 médias et chaînes Telegram, elle avait pour objectif d’attaquer quotidiennement les opposants russes et les médias d’opposition. Elle avait également un usage interne : ces médias permettaient à Evgueni Prigojine de discréditer ses opposants tout en faisant monter sa popularité. L’institution a fermé ce week-end, avant d’être reprise partiellement par Iouri Kovalchuk, un proche de Vladimir Poutine.
Le chef de Wagner a aussi perdu la base de son empire : ses sociétés de traiteur. Celui que l’on surnommait le cuisinier de Poutine a perdu en une semaine tous ses lucratifs contrats publics avec l’armée, les écoles des grandes villes ou encore le Kremlin. Sa milice, qui a fait sa gloire, a été privée de ses armes lourdes et de son droit de combattre en Ukraine.
Il faut y ajouter des lingots d’or et l’équivalent de 41 millions d’euros retrouvés dans une camionnette garée derrière son bureau le 24 juin, confisqués par le FSB.
Source: ouest-france.fr