«Ebola sera vaincu et mis hors du Mali». C’est la volonté affichée par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, en visite le lundi 17 novembre dernier à Kourémalé, à la frontière Mali-Guinée, porte d’entrée de la maladie à virus Ebola dans notre pays. IBK, en véritable chef de guerre, était à la tête d’une importante délégation, composée de ses proches collaborateurs, du ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Ousmane Koné, du représentant de l’OMS au Mali, Ibrahima Socé Fall et du Coordinateur du Centre opérationnel d’urgence, Pr Samba Sow.
En véritable commandant de troupes, IBK n’est pas allé par quatre chemins pour interpeller les agents sanitaires en poste aux trois cordons sanitaires établis dans le cadre du contrôle des passants en provenance de la Guinée. «Personne ne doit échapper. Personne! Y compris les personnes âgées, quel que soit son rang, tout le monde doit se soumettre au contrôle, même les bébés. Il s’agit de la survie de notre pays. Nous sommes venus vous encourager. Soyez vigilants et ayez de la rigueur. Avec l’effort conjugué de tout le personnel sanitaire, nous allons mettre le virus hors du Mali, comme ce fut le cas au Nigéria et au Congo. Ce n’est pas impossible si chacun s’y met», a déclaré IBK, visiblement déterminé à en découdre avec cette maladie, face aux agents de la santé déployés aux cordons sanitaires à Kourémalé. Après avoir visité les cordons sanitaires, au niveau de la douane à la frontière, au Centre de santé communautaire et à la gendarmerie, le Président de la République s’est adressé aux populations de Kourémalé, en les invitant à respecter les consignes données par les autorités sanitaires. «En cas de décès dû à la maladie Ebola, laisser le corps aux agents de la santé. Ce sont eux qui connaissent les techniques appropriées. Eviter les contacts, les poignées de mains et laver vos mains avec du savon régulièrement. Ebola est une réalité. Nous ne connaissions pas cette maladie dans la sous-région. Elle s’est invitée en Guinée. Ceux qui sont commis sont au front d’une guerre contre Ebola. C’est une question de défense nationale. Tout le monde doit tenir son rôle et sa place. Ebola sera vaincu et mis hors du Mali par l’engagement de tous», a souligné IBK. Avant de reconnaître qu’il y a eu manque de rigueur concernant l’entrée de cette maladie au Mali. Selon IBK, à ce manque de rigueur, répondront les voies de droit. S’agissant de l’éventualité des fermetures des frontières avec la Guinée, IBK a levé toutes les équivoques: «la fermeture des frontières n’est pas à l’ordre du jour. Pas question. Le Mali ne fermera pas ses frontières avec la Guinée».
En prenant la parole, le ministre de la Santé et de l’hygiène publique a fait l’état des lieux de la présence de la maladie au Mali. En effet, à la date du 17 novembre 2014, la situation se présente comme suit: «le nombre de personnes-contacts suivies par les services de santé atteint 577. Elles ont toutes été mises en observation pour contrôle sanitaire. Parmi ces personnes-contacts, un cas suspect a été testé négatif ce jour. Le bilan n’a pas évolué, et reste toujours de trois décès liés au patient guinéen, et un décès à Kayes (fillette de 2 ans), soit un total de quatre. Parmi les personnes en contact avec le patient guinéen, une personne a été déclarée positive, et est en traitement par les services spécialisés». Le ministre de la Santé et de l’hygiène publique a, ensuite, souligné que des personnes contacts sont identifiées et sont suivies quotidiennement par ses services. Des équipes sont à pied d’œuvre pour ne laisser aucun cas inconnu, a-t-il indiqué. Pour ce faire, Ousmane Koné a rappelé les efforts déployés par le Gouvernement pour minimiser les risques de contamination et la propagation de la maladie.
Contrôle sanitaire des passagers à la frontière: comment ça marche?
En marge de la visite du chef de l’Etat à la frontière entre le Mali et la Guinée, nous sommes intéressés au dispositif mis en place pour contrôler les passagers en provenance de la Guinée, un pays fortement touché par la maladie à virus Ebola. C’est une équipe de 5 personnes qui effectue un travail de fourmis chaque jour pour contrôler les passagers à destination du Mali. En effet, ce sont des centaines personnes qui sont vérifiées au quotidien par des agents sanitaires, assistés par des gendarmes et des douaniers. Ces agents, explique la chef d’équipe, Hawa Kanouté, sont sollicités en cas de résistance d’un passager au contrôle. «Quand le passager arrive au poste, il lave d’abord ses mains au savon, ensuite les mains avec l’eau javellisée à 0,05%. Après ces étapes, on procède à la prise de température. Lorsque la température d’une personne va au-delà de 38 à 40°C, on procède à un test palu sur la personne. C’est à partir de ce moment que la personne peut être suspecte. En ce moment, on commence à tracer son itinéraire», a-t-elle expliqué. Avant de préciser que chaque passant à bord d’un véhicule est enregistré avec son numéro de téléphone, sa destination et le numéro de son véhicule.
Youssouf Diallo
Entretien avec Moussa Sakho, directeur du service clients Orange Mali