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GTIA-Waraba : Au-delà de la révolte

Depuis le 8 juin dernier, le premier contingent de l’armée malienne, baptisé Gtia-Waraba, formé par l’Union européenne devait sortir du centre de formation de Koulikoro. Composé de 750 éléments, ce groupement tactique interarmes, devrait immédiatement être opérationnel et envoyé sur le théâtre des opérations au nord dans le cadre de la sécurisation des régions libérées. Mais la sortie du Gtia-Waraba est remise en cause. La raison ? Ses éléments exigent à la fois des grades, primes et autres indemnités. Face à la fronde des soldats, le commandement a décidé de reporter sine die la sortie du contingent. Cette affaire traduit deux choses : l’impuissance du commandement et l’indiscipline de la troupe…

 

Des soldats Français et Malien, en février 2013 à Bourem. © AFP

Des soldats Français et Malien, en février 2013 à Bourem. © AFP

Pour doter le Mali d’une armée professionnelle et véritablement républicaine, l’Union européenne a décidé de consacrer de gros efforts à la formation. Un vaste programme de reconstruction de notre armée a débuté au Centre d’instruction Boubacar Sada Sy à Koulikoro. Ce programme mobilise 450 formateurs européens. En outre, d’importants moyens humains, financiers et matériels ont été dégagés par l’UE. Objectif : doter le Mali d’une «nouvelle armée ». Une armée combattante, disciplinée et respectueuse de la hiérarchie et des institutions républicaines. A l’UE, et même au sein de l’opinion malienne, l’on a l’intime conviction que la résolution définitive de la crise malienne passe par une remise à plat de l’armée, de la police et des autres forces de sécurité.

 

 

Le Gtia-Waraba constitue un premier test aussi bien pour l’armée malienne que pour ceux-là qui sont mobilisés à son chevet… Ce Gtia est, en effet, le premier bataillon à recevoir l’expertise des soldats européens.

 

 

Les militaires ou «Waraba » maliens ont-ils bénéficié d’une formation adéquate ? Il n’y a guère de doute sur « le professionnalisme des formateurs, ni sur la qualité du programme dispensé à Koulikoro », selon des sources militaires.

 

 

La sélection a-t-elle été bien faite ? Beaucoup de choses sont dites à ce sujet. Ce qui est avéré, c’est que la majorité de l’effectif du bataillon a été désignée à partir de Kati et d’autres soldats sont arrivés du nord.

 

Les éléments de ce bataillon avaient-ils été informés de toutes les conditions (y compris financières) relatives à cette la formation ? Voici la question essentielle qui revient autour d’une affaire qui est en passe de devenir une véritable affaire d’Etat et qui écorne (une nouvelle fois) l’image du pays. D’aucuns parlent de honte nationale.

 

Pour l’heure, le commandement militaire s’emmure dans un silence coupable. Ce silence traduit en réalité l’impuissance de ce même commandement à trouver une solution à ce problème qui n’aurait jamais dû franchir les enceintes du Centre d’instruction de Koulikoro. Et pour cause…

 

En fait, entre ce commandement et les troupes, il existe aujourd’hui beaucoup d’incompréhensions, des suspicions et une absence de totale de confiance.

 

La révolte du Gtia-Waraba traduit ce climat délétère entre le commandement et les soldats. Et les récriminations ne cessent de s’amplifier quant à la gestion des fonds de l’armée. Des doigts accusateurs sont pointés en direction de «chefs » accusés à tort ou à raison de s’engraisser sur le dos des soldats.

 

Face à autant de reproches, voire d’accusations, le commandement opte pour une seule stratégie : le mutisme. Et l’opacité demeure la seule règle de gestion au sein de la grande muette. Ce qui n’est pas de nature à rétablir la confiance…

 

La peur du front ?

Voilà ce qui explique la révolte du premier bataillon formé par l’Union européenne, qui, en réalité, n’a versé aucune prime de formation. Pour autant, rien, absolument rien, ne saurait justifier la révolte des soldats du bataillon Waraba, en cette période sensible pour le Mali. Ceux-ci, par leur comportement, ternissent (une nouvelle fois) l’image de l’armée malienne. Et déjà, des voix s’élèvent pour interroger sur l’opportunité de la formation dispensée par les Européens. Ne viennent-ils pas gaspiller (inutilement) leur argent au Mali? La question est posée même hors de nos frontières.

 

Aussi, au sein même de l’armée, c’est un sentiment d’incompréhension et de colère face à cette nouvelle fronde des soldats. Et nombreux sont aujourd’hui des militaires qui réclament même la radiation pure et simple des mutins de Koulikoro.

 

 

«Ce sont des gens qui ne veulent pas monter au nord. Ils ont peur d’aller au front. Ce qui explique leur comportement », nous confie un haut gradé de l’armée. Pour lui, c’est inadmissible qu’ « en cette période où des soldats étrangers se battent et meurent pour le Mali, des militaires maliens se mettent à formuler des revendications qui n’ont aucun sens… ».

 

 

Notre interlocuteur estime que les mutins de Koulikoro abusent de la «faiblesse » du commandement…Un commandement qui est mal à l’aise. Très mal à l’aise.

Par ailleurs, où en est-on avec la réforme de l’armée malienne dans tout ça ? Il semble qu’elle est en de bonnes mains. La preuve nous vient de…Koulikoro.

C.H. Sylla

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