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Grève illimitée des magistrats : LES COMMISSARIATS DE POLICE VICTIMES COLLATéRALES

Depuis plus de deux mois, les magistrats, à travers le SAM (Syndicat autonome de la magistrature) et le SYLIMA (Syndicat libre de la magistrature), observent une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire national. Pendant ce temps, le gouvernement n’a eu de cesse de multiplier les tentatives de dialogue et autres initiatives de décrispation. La dernière en date est sans doute sa décision de payer aux magistrats grévistes leurs salaires du mois de septembre qui avaient  entre-temps été suspendus par le ministère de l’Économie et des Finances.

Cette grève illimitée n’est pas sans conséquence sur le reste de la chaine de l’administration juridictionnelle qui prend sa source, selon les règles de procédure judicaire en vigueur au Mali, au niveau des commissariats de police, sauf les cas de citation directe par le plaignant. C’est donc dans  ce contexte que nous nous sommes rendus hier au niveau de plusieurs commissariats de la capitale pour voir de visu l’état d’engorgement des  cellules.

Au commissariat de police du 14ème arrondissement, le travail se passait normalement. Un adjoint avait sous la main un cas de vol de moto djakarta et un autre cas portant sur des ordinateurs portables. Les présumés auteurs de ces infractions devaient être mis sous mandat de dépôt. Nous avons par ailleurs constaté la présence d’environ une dizaine de détenus dans les cellules. Le commissaire adjoint, Assitan Cheick Tandia, a salué le bon esprit de collaboration  du procureur général, Dramane Diarra du tribunal de la commune IV, qui leur a enlevé une grosse épine du pied en observant le service minimum.

Si tout semble se passer normalement au 14ème  arrondissement, nous avons entendu un autre son de cloche au niveau du commissariat du 3ème  arrondissement. Selon le commissaire principal, Ibrahima Soma Keita, la grève illimitée des magistrats impacte négativement le fonctionnement régulier de son service, notamment par rapport aux conditions de garde à vue dans les cellules pour diverses raisons.

Selon le commissaire principal, depuis le 12 septembre dernier, le commissariat du 3ème arrondissement a reçu autorisation du procureur, à travers l’implication du président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), de confier certains détenus, dont les cas sont moins compliqués, à leurs parents pour qu’ils partent dormir à la maison et revenir se présenter tous les matins en attendant la fin de la grève.

«Le procureur a accordé cette autorisation suite à un cas d’évasion massive que nous avons malheureusement connu en raison de l’effectif pléthorique des détenus dans nos cellules. Il faut reconnaître que parmi les 20 évadés, nous avons repris 6, mais les 14 autres courent toujours  dans la nature, même si les enquêtes se poursuivent », a expliqué le commissaire du 3è arrondissement. Par ailleurs, M. Kéita a tenu à signaler l’existence de certains cas compliqués, dont celui d’un détenu qui a été interpellé dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre dernier, en possession d’armes à feu, en l’occurence  7 P.M et un P.A ainsi qu’une quantité importante de munitions. Ce commissariat garde également un détenu dangereux qui a attenté la vie d’un porteur d’uniforme.

En plus de ces cas spéciaux, le 3ème arrondissement a  aussi des détenus qui n’ont même pas de parents par ici. Par ailleurs, certains parents n’osent pas  prendre le risque d’assumer la garde de leurs enfants détenus par peur qu’ils ne disparaissent dans la nature. «Nous sommes obligés de les garder tous ici en attendant la fin de la grève qui a trop duré», a déploré le commissaire principal du 3ème  arrondissement.

Aboubacar TRAORÉ

L’Essor

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