Le lundi 21 janvier 2018 les Syndicats de l’éducation ont décidé une grève de 10 jours. Une grève de trop, selon des élèves et leurs parents, chez lesquels la moutarde commence à monter au nez. Les élèves demandent à regagner les bancs pour ne pas compromettre leur avenir.
Il est 8h du matin. Le petit Oumar Diawara joue au ballon avec ses copains du quartier. Élèves en 4ème année fondamentale, Oumar et sa bande ont remplacé le cartable par le ballon. Désormais, la journée de ces jeunes de l’école fondamentale Karamoko Sangaré se résume à des jeux, à cause de la grève de leurs éducateurs.
En effet, pour la énième fois, les enfants sont à la maison et leurs écoles fermées à cause de la grève décrétée le 21 janvier dernier. Ils meublent leurs journées par des jeux de foot ou de playstation sans surveillance de leurs parents, occupés par leurs activités quotidiennes.
Devant les écoles, il y règne un calme impressionnant, presque glacial. Point de vendeuses de jus, ni de galettes ou de bonbons, dont sont friands les élèves. Aucun signe de vie. À quelques mètres, à l’intérieur de la cour de l’école, on constate un grand vide.
Contrairement à la bande du petit Oumar Diawara, qui craint de s’ennuyer loin de l’école, de ses camarades de bancs et des enseignants, les plus âgés sont plutôt mus par d’autres préoccupations. Mama Sangaré, élève en classe de 9ème année, craint surtout de désapprendre pendant ces jours de grève. Aussi elle se dit pressée de reprendre le chemin de l’école. « Je suis en classe d’examen et je pense ne pas pouvoir compter sur mes professeurs pour me former, vu qu’ils sont fréquemment en grève. Donc je continue de m’exercer à la maison », déplore-t-elle.
Pour Assanatou Diallo, il est inadmissible qu’elle reste à la maison quand d’autres fillettes du quartier continuent tranquillement à se rendre aux cours, parce qu’elles fréquentent des écoles privées. L’élève de 2ème année fondamentale, dans la candeur de son jeune âge, ne cesse de réclamer de ses parents d’être inscrite dans une école où les professeurs peuvent enseigner pendant toute l’année scolaire, sans aucune cessation de travail.
Face à cette situation, les parents d’élèves sont impuissants, le problème dépassant leur compétence. « Nous avons assez d’exprimer notre désespoir et nos craintes concernant la situation de nos enfants, mais, hélas, on ne peut rien faire d’autre », déplore Djénéba Traoré, mère de la petite Assanatou. La « triste réalité est que les enfants de pauvres ont peu de chance de bénéficier d’études de qualité », poursuit-elle. Pour Bourama Traoré, seul l’État est à blâmer. Il voudrait que le gouvernement satisfasse les doléances des enseignants afin que les enfants puissent continuer à étudier. « Les grèves ne profitent à aucun parent d’élève, car nos enfants passent la journée à la maison ou à errer dans les rues. Mais on ne peut pas tout mettre sur le dos des enseignants, car ils ont aussi des droits à défendre », déclare Traoré, parent de 5 élèves, dont un en classe d’examen.
« Les enfants qui fréquentent les écoles gouvernementales sont en retard par rapport à ceux qui sont dans des écoles privées. Cela va se sentir lors des examens de fin d’année », s’offusque Alima Keita, une mère d’élève en classe d’examen qui craint un éventuel échec scolaire de son fils face à la fréquence des grèves dans le système éducatif malien.
Nordsudjournal