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Grandes vacances : Le temps des petits métiers

De nombreux écoliers profitent du temps libre pour s’adonner à des occupations lucratives. Apprentis réparateurs de motos, cireurs de chaussures, vendeurs ambulants, apprentis menuisiers, ils gagnent dignement un revenu afin de s’aider et apporter un soutien à leurs parents. Cela rappelle les jobs d’été sous d’autres cieux.

Il est environ 11h, au Quartier du fleuve, précisément à Banantoukoro, tout près du Centre national de lutte contre le diabète. Dans un vrombissement de motos en réparation et de bruit de fer, nous apercevons une longue file de réparateurs de bécanes. Les uns en combinaison bleue et les autres aux habits tâchés d’huile noire. Les ouvriers et les apprentis réparateurs sont concentrés à fond, en travaillant.
Installé devant un petit kiosque où sont stockés des outils, Moussa Dembélé, chef réparateur depuis plusieurs années, déclare qu’il reçoit des écoliers, chaque année, pendant les grandes vacances.  «Cette année, ils sont trois. Le plus âgé est présent, les deux autres n’ont pas encore repris le travail, après la fête de Tabaski », explique-t-il. Mohamed Kanté est le plus âgé. Il a 21 ans et il est élève en classe de 9è année, à Sébénikoro. Le jeune écolier et apprenti réparateur estime que l’exercice de ce métier lui servira beaucoup dans les jours à venir. «J’aime ce métier, je l’apprends pour ne pas rester à la maison à ne rien faire pendant les vacances. Je l’exercerai au cas où je n’aurai pas la chance de continuer mes études», confie-t-il.
Cette position est soutenue par Madani Coulibaly, âgé de 17 ans. Madani, qui passe en classe de 9è cette année, apprend ce métier depuis trois ans. Abondant dans le même sens que son prédécesseur, il dit que ce métier pourrait même l’aider à subvenir aux besoins de sa famille dans le futur. Il ajoute que le marché est bon présentement. Le jeune homme a déclaré qu’avec ce travail, il a, quelques fois, droit à de petites rémunérations. « Quand on fait une réparation, on remet l’argent au patron à la descente. Il nous donne ce qu’on mérite et, parfois, je peux avoir 1000 ou 1500 Fcfa », affirme-t-il.
De passage près de la Cathédrale, nous interpellons Abdoulaye Coulibaly. Court de taille et bascule en main, le jeune garçon marchait au bord de la voie goudronnée. Aussitôt, trois autres jeunes, presque de même taille, nous approchent avec leur bascule. Le groupe est au complet. Il est composé de quatre frères dont Abdoulaye Coulibaly l’aîné, Ousmane Coulibaly le cadet, le troisième Aboubacar Coulibaly et Badra Ali Coulibaly, le benjamin.

SAVOIR-FAIRE- Ces quatre adolescents pèsent des clients, cirent les chaussures pendant les vacances et sont d’un grand soutien pour leurs parents. Abdoulaye est âgé de 14 ans et passe en classe de 7è année. Claquant ses brosses de cirage, le jeune cireur affirme que ses frères et lui exercent ce métier de leur propre gré. « Nous aimons le faire et, en le faisant, nous aidons notre père», dit-il. D’après nos interlocuteurs, ce métier est bénéfique. «On ne vend pas la bascule, mais on cherche des clients pour qu’ils se pèsent et une personne est pesée à 25 Fcfa» ajoutent-ils. « Nous remettons l’argent que nous gagnons à notre père afin qu’il l’économise pour acheter nos fournitures pour la rentrée scolaire», disent-ils en chœur. Aboubacar Doumbia a 13 ans. Il passe en 9è année. Depuis trois ans, il apprend la menuiserie pendant les vacances scolaires. Il admet que faire ce métier, pendant les vacances, ne lui plaisait pas au début. «C’est mon père qui m’a envoyé apprendre ce métier pendant les vacances chez un de ses amis menuisier », confesse-t-il. Le jeune garçon marche de Faladiè à Niamakoro pour se rendre à son lieu de travail. Il avoue que cela le décourageait beaucoup. Cependant, au fil du temps, il a fini par aimer ce qu’il faisait. « Au fur et à mesure et avec tout ce que j’apprenais, cela me donnait du courage car j’ai reçu des connaissances que personne ne peut m’enlever», explique-t-il.
Il est environ 16h, Moustapha Traoré vient de cirer une chaussure à l’entrée même de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP). Agé de 16 ans, Moustapha a été candidat au diplôme d’études fondamentales (DEF) cette année. Notre écolier dit exercer ce petit métier à l’insu de ses parents. «Je cire les chaussures depuis cinq vacances et personne n’est au courant dans notre famille, sauf mon frère. Je marche du Banconi jusqu’au centre-ville», confie-t-il.
De même, notre interlocuteur affirme qu’il ne se décourage pas. Il tire des avantages de l’exercice de ce métier. «Je sors après avoir pris le petit-déjeuner et je peux gagner 1500 Fcfa par jour. Aujourd’hui, j’ai eu 1400 Fcfa et je n’ai pas encore fini ma journée de travail. J’économise cet argent pour acheter mes fournitures moi-même», dit-il. Exercer de petits métiers pendant les vacances reste un facteur social important dans notre pays. Cela permet aux écoliers d’acquérir un savoir-faire professionnel, depuis leur jeune âge et connaître le monde du travail.

Fatoumata
DOUMBIA
Stagiaire

Source: L’Essor-Mali

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