Le vendredi 6 novembre 2020 a eu lieu chez Diamoussa Soumano, à Dravela, le grand sandiya des griots du Mali. Cet évènement rare a été organisé par les »Gnamakala » du Mali en guise de soutien à Sidiki Diabaté. Plusieurs griots du Mali y ont pris part.
Après des séries de rencontres, concerts, marches, les griots du Mali, malgré leur décision ferme de »laisser la justice faire son travail sans pressions » souffrent toujours le martyr de voir un des leurs privé de liberté. Cette fois-ci, ils ont organisé un grand Sandiya destiné à réunir tous les ‘Gnamakala » du Mali au domicile de l’ancien chef des griots feu, Diamoussa Soumano, un lieu hautement symbolique pour une cause noble.
Le terme Sandiya, selon le griot Bourama Soumano, est une tradition de la culture mandingue. Ce mot signifie »célébrer sa gloire » c’est-à-dire les actes et succès remportés durant l’année. Mais ce terme est également utilisé pour désigner la rencontre des griots car, dit-il, une fois que les djelis se rencontrent, cela est synonyme de joie.
Awa Soumano, fille ainée de feu Diamoussa Soumano, a précisé que le but de cette rencontre était non seulement de renforcer les liens entre les griots du Mali, rendre un hommage à tous les griots du Mali mais aussi plaider pour la libération au moins provisoire de Sidiki Diabaté, qui est incarcéré depuis le mois de septembre dernier. » Nous reconnaissons que notre fils a tort, il n’aurait jamais dû se mettre en conflit avec un »horon ». Le coup est déjà parti. Nous considérons ceci comme une erreur de jeunesse et nous prions la justice de lui accorder une liberté provisoire. Nous sommes des jelis et notre mission est de redresser des situations et non de les aggraver » a plaidé la sexagénaire.
Pour sa part, Karamoko Diabaté, président de ambiance, n’a pas manqué de mentionner que »le Mali n’est rien sans les Gnamakala ».
A ses dires, depuis la nuit des temps les Gnamakalas ont joué un rôle majeur dans la construction du pays et la consolidation des relations sociales. Les priver de liberté est contraire à leur statut. » Nous n’allons plus parler des faits qui ont conduit Sidiki en prison mais nous rabaissons auprès des autorités pour une clémence. Dans la tradition, si tu te mets en conflit avec quelqu’un qui pèse plus lourd que toi, l’unique solution est de te rabaisser et, si la personne respecte » le Dambé », il devra accepter ce pardon. Nous résolvons les problèmes de nos djatigui et nous demandons cette fois ci un renversement des rôles. Nous voulons que nos djatiguis nous aident à faire sortir notre semblable de la prison. »
Aminata Kébé Stagiaire
Source: l’Indépendant