C’était lors de l’enregistrement du 3è numéro du «grand débat économique», initié par l’Association forum de la presse du Mali. Au cours de ce débat, deux grands experts dans leurs domaines respectifs ont fait un regard croisé sur la gouvernance économique du Mali. Il s’agit de M. Moussa Mara, expert comptable, ancien Premier ministre et membre de la mouvance présidentielle et l’honorable Mody N’Diaye, député à l’Assemblée nationale, économiste, expert en banque et finances, non moins président du Groupe parlementaire VRD (opposition).
C’est Moussa Mara qui a fait l’entrée en matière en définissant la gouvernance économique comme un système mis en place et développé pour planifier le développement économique d’un pays.
Sans s’attarder sur la définition théorique, l’Honorable Mody N’Diaye a été direct en indiquant que l’essentiel des problèmes du Mali est dû à la mauvaise gouvernance et surtout économique. Et le plus grave, poursuit-il, est que la gouvernance économique n’est jamais été une priorité des dirigeants maliens. Toutes choses qui s’expliquent par un manque de volonté politique et de leadership surtout.
L’échec des exonérations sur les intrants agricoles et sur les carburants sont des preuves de la mauvaise gouvernance économique au Mali. Selon l’honorable N’Diaye, l’exonération des intrants agricoles est un gâchis, dans la mesure où elle ne profite pas aux vrais acteurs. Plus de 30 milliards FCFA sont investis dans la subvention des intrants agricoles. «A quoi servent des subventions sans politique efficace de régulation ?», s’est interrogé le conférencier. Autre indice de la mal gouvernance au Mali, l’injustice fiscale. Pour Mody N’Diaye, au Mali certains sont injustement surtaxés et d’autres secteurs importants qui devaient l’être échappent à l’imposition. Il est incompréhensible, a-t-il indiqué, qu’au moment où le cours du pétrole est en baisse sur le marché international, le Mali ne fait rien pour baisser le prix à la pompe. Ce qui lui fait conclure que « les indicateurs sont au rouge par rapport à la gouvernance économique ».
Sans contredire, Moussa Mara dira que la situation dépeinte par Mody N’Diaye, s’explique d’une part, par l’absence de débats économiques. Pour lui, les autorités doivent s’atteler à la création des richesses. Ce qui est difficile pour les pays comme le Mali surtout avec le taux très élevé de la Banque centrale pour accéder au crédit.
Moussa Mara d’ajouter que la seule politique de référence de la gouvernance économique au Mali reste le Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSCLP), lequel malheureusement ne fait pas souvent l’objet de suivi-évaluation pour l’adapter au contexte.
Les deux conférenciers ont salué les initiateurs du « Grand débat économique » dont l’objectif est de susciter le débat sur l’économie. D’ores et déjà, l’initiative est soutenue par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers et SupManagement.
- Berthé
Source: Autre presse
