Les syndicalistes affichent un optimisme quant à l’aboutissement des discussions en cours avec les autorités. Ils assurent que les lignes commencent à bouger. Le gouvernement confirme avec un projet de loi pris en conseil des ministres
Le secrétaire général du l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a réuni hier son bureau pour une séance de débriefing sur les négociations en cours avec les autorités de la Transition. À en croire des sources qui ont pris part à la rencontre, les accords convenus entre le gouvernement et la centrale syndicale connaîtront un début d’application avec l’harmonisation, dès la fin du mois de juillet, des grilles indiciaires des agents de l’État.
Le gouvernement se serait également engagé à diligenter la révision de la loi portant création de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei), à mettre les «travailleurs compressés» dans leurs droits et à ramener les travailleurs mutés suite à des grèves à leurs postes respectifs. Par contre, toujours selon nos sources, la question de l’harmonisation des primes et indemnités sera traitée lors de la Conférence sociale.
Le gouvernement a annoncé à l’issue du conseil des ministres d’hier un projet de loi dans ce sens. «Les choses sont sur la bonne voie. En très bonne voie», a assuré un responsable de l’UNTM. Au total, «six points de revendications seront satisfaits dans les semaines à venir», a-t-il précisé, avant d’ajouter que le président de la Transition s’est porté garant de la mise en œuvre de ces points d’accord.
En érigeant l’apaisement du front social au rang des priorités, le colonel Assimi Goïta affiche sa détermination à satisfaire la demande sociale. Il y travaille depuis des semaines, par l’entremise du Haut conseil islamique. De son côté, le Premier ministre ne ménage pas non plus ses efforts. Dr Choguel Kokalla Maïga s’est rendu aux sièges des centrales syndicales, dont l’UNTM, pour manifester l’intérêt qu’il porte aux revendications syndicales. D’autres actions ont suivi, sans tambour ni trompette. L’approche ne pouvait qu’enchanter les leaders syndicaux qui ont souvent reproché à la partie gouvernementale un certain «manque de considération» à l’égard des partenaires sociaux.
APPROCHE- Par ailleurs, la décision du colonel Assimi Goïta de renoncer au 2/3 des fonds de souveraineté ne laisse pas non plus les syndicalistes indifférents. Et lors du premier conseil de cabinet du gouvernement, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, a annoncé que lui-même et tous les responsables suivront l’exemple.
Des annonces qui auguraient des actions concrètes en vue d’atténuer les tensions sur le front social dont les animateurs ont souvent surfé sur le train de vie des tenants du pouvoir pour démontrer que la satisfaction des revendications syndicales ne peut aucunement obérer dangereusement les finances publiques. Faut-il le rappeler, des accords entre le gouvernement et la centrale syndicale ont été consignés dans le procès-verbal de conciliation signé le 5 février dernier.
Leur non-satisfaction a amené l’UNTM à déposer un préavis de grève en date du 26 avril dernier. Les négociations engagées ayant échoué, la centrale syndicale a fait observer un arrêt de travail de cinq jours (du 7 au 21 mai). Pour éviter une nouvelle semaine de grève, le Premier ministre d’alors a personnellement pris le dossier en main. Sans succès.
Les propositions faites par Moctar Ouane n’avaient pas eu l’heur de satisfaire les syndicalistes qui ont dénoncé «le manque de sérieux et d’esprit de responsabilité affichés au nom de l’État pour ne pas donner suite à l’application des accords déjà conclus».
Issa DEMBÉLÉ