Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a appelé jeudi “les musulmans et leurs amis” à se rassembler vendredi devant la Mosquée de Paris, en hommage à l’otage français exécuté Hervé Gourdel, une initiative qui ne fait pas l’unanimité.
Ce “moment de recueillement et de solidarité” inédit, lors duquel sera dénoncée “l’horreur barbare et sanguinaire des terroristes” liés au groupe Etat islamique (EI), aura lieu à 14H45 sur la place du Puits de l’Ermite, a précisé dans un communiqué la Grande Mosquée de Paris, dont le recteur est Dalil Boubakeur.
Selon cet appel au rassemblement, auquel s’est ralliée la Coordination chrétiens d’Orient en danger (Chredo), “toute la communauté musulmane” s’élève “avec force” contre cette “idéologie mortifère” au nom de laquelle sont perpétrées des actions qui “pervertissent l’islam et ses valeurs”.
Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), association militante qui jouit d’une certaine audience auprès des jeunes musulmans, s’est pour sa part “désolidarisé” de cette manifestation. “Nous refusons la culpabilisation systématique des personnes de confession musulmane, alors que celles-ci sont les premières victimes d’actes de +barbarie+ à travers le monde”, écrit dans un communiqué le CCIF.
Mercredi, le CFCM, appelé à représenter la première communauté musulmane d’Europe (environ 5 millions de croyants en France) mais affaibli par des querelles internes et des oppositions externes, avait été l’un des premiers à réagir à l’annonce de la décapitation du guide de haute montagne enlevé en Kabylie. Par la voix de Dalil Boubakeur, lié à l’Algérie, l’instance s’est dite “horrifiée”.
L’Union des mosquées de France (UMF), de sensibilité marocaine, a elle mis les “terroristes” de l’EI aux “rangs des ennemis des musulmans de France et des valeurs qui les animent”. Quant à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, elle a rappelé que “les musulmans de France et du monde refusent d’être associés de près ou de loin à de tels crimes”.
Pressés de prendre publiquement position contre les exactions des jihadistes de l’EI, les responsables de l’islam de France ont pris deux initiatives médiatisées ces dernières semaines: un “appel de Paris” en solidarité avec les chrétiens d’Orient, puis un “appel des musulmans de France”, plus unitaire, exigeant une enquête sur “les responsabilités des soutiens de cette organisation terroriste, ainsi que l’origine de ses moyens”.
Mais certaines personnalités musulmanes leur demandaient d’aller plus loin. Ainsi l’influent recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, avait appelé dès le mois d’août le CFCM et ses composantes “à assumer pleinement leurs responsabilités et à prendre l’initiative d’un rassemblement national des musulmans de France pour dénoncer, sans ambiguïté et avec force, les attaques barbares perpétrées en Irak”.
Hassen Chalghoumi, l’imam de Drancy (Seine-Saint-Denis) aussi médiatique que contesté dans les rangs musulmans, a pour sa part appelé sur i>Télé à “une grande marche, pas seulement des musulmans, mais de toute la nation, de tous les citoyens (…) qui veulent dénoncer cette barbarie”.
© 2014 AFP