Un dispositif décidé lors d’ un sommet des chefs d’Etat d’Afrique centrale et de l’Ouest tenu en juin 2013 à Yaoundé, le Centre interrégional de coordination pour la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée, désigné sous le sigle de CIC, est devenu opérationnel jeudi à Yaoundé, capitale camerounaise.
C’est une étape majeure franchie par les 10 pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et les 15 autres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans leur volonté de lutter contre l’ insécurité maritime dans cette zone classée parmi les six points chauds de la piraterie dans le monde par l’Organisation maritime internationale(OMI).
Sous la conduite du colonel Abdourahmane Dieng, secrétaire exécutif par intérim, cet organisme a pour mission principale de la rendre viable pour la libre circulation des personnes et des biens, en luttant avec acharnement et efficacité afin de les juguler, les actes illicites commis en mer, selon les prescriptions des dirigeants de la CEEAC et de la CEDEAO, associés à ceux de la Commission du golfe de Guinée (CGG).
Le choix du Cameroun pour en abriter le siège avait été arrêté lors du sommet de juin 2013 par ailleurs sanctionné par l’adoption d’une déclaration commune, d’un mémorandum d’entente entre la CEEAC, la CEDEAO et la CGG et d’un “Code de conduite relatif à la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre”.
Cible des convoitises des puissances mondiales, le golfe de Guinée, classé “espace vital” par les Etats-Unis pour ses ressources en hydrocarbures, est un vaste territoire qui s’étend de la Côte d’Ivoire à l’Angola et qui compte 12 ports importants ( Abidjan, Accra, Lomé,Cotonou, Lagos, Warri, Port Harcourt, Douala, Port Gentil, Pointe Noire, Matadi, Luanda) ainsi qu’une multitude de petits ports. D’après les analyses, avec près de 70% de concentration de la production d’or noir d’Afrique, son potentiel de croissance pétrolière semble plus élevé que celui de la Russie, de la Mer caspienne ou de l’Amérique du Sud et les projections laissent indiquer qu’il dépassera la production de l’ensemble des pays du golfe Persique à l’horizon 2020.
Pour l’heure, à en croire les estimations, cette région assure près de 40% de la consommation de pétrole d’Europe et 29% de celle des Etats-Unis. Son sous-sol abonde par ailleurs en gaz naturel et en minerais stratégiques tels que l’uranium et le coltan auxquels s’ajoutent les diamants et l’or, sans oublier que ses eaux maritimes sont aussi riches en ressources halieutiques.
Avec un manque à gagner annuel estimé à 2 milliards de dollars américains pour le commerce, les actes piraterie et de brigandage en mer y sont croissants, les statistiques faisant état d’une augmentation de ces actes de 56 en 2010 à 130 en 2013, principalement dans les eaux territoriales du Nigeria, premier pays producteur de pétrole africain.