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Gestion du transport universitaire : Les étudiants et les chauffeurs se plaignent du CENOU

Le Centre national des œuvres universitaires de Kabala est au cœur de multiples scandales liés à la gestion partiale de son directeur.  Les principales victimes sont les étudiants et les chauffeurs.

 

Manque de considération vis-à-vis des chauffeurs des bus, difficile vie des étudiants au campus universitaire, problème de la carte de transport, vioici, entre autres, les réalités de l’université de Kabala.

Les chauffeurs travaillent le cœur saignant

Avec sept bus servant à transporter les étudiants de la colline de Badalabougou à la cité universitaire de Kabala, les chauffeurs mènent un travail de titan. Ils se réveillent depuis 4 h du matin pour préparer les bus qui doivent se mettre au travail à partir de 6 h. malheureusement, ces conducteurs reçoivent une moindre considération de l’administration du Centre national des œuvres universitaires (CENOU). C’est ce que nous confie un chauffeur. Assis sur sa natte en train de faire le thé en attendant son tour de conduire les bus, il raconte  les difficultés auxquelles lui et ses collègues chauffeurs sont confrontés.

Notre interlocuteur ne cache rien de leur souffrance, il déclare : « la preuve que nous ne sommes pas considérés par l’administration est le fait de ne jamais demander notre avis à chaque fois qu’il est question de problème lié au transport. ». Il  va plus loin : « On ne fait que nous parachuter des décisions ». Pire, selon lui, c’est que le directeur du CENOU, le colonel Ousmane Dembélé, ne connait même pas les « réalités du terrain », pour dire qu’il ignore les difficultés du domaine des transports parce qu’il n’a jamais rencontré les principaux acteurs, les chauffeurs et les étudiants. À ses dires, il s’est juste contenté des racontars des intermédiaires qui ne lui disent jamais la vérité.

Auprès de notre 1er interlocuteur  se trouve un second, celui fera savoir que depuis quelques mois,  leur syndicat a déposé des doléances pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Des doléances qui restent pendantes. « Chaque trois ans, chaque chauffeur doit recevoir une moto. Mais jusque-là, nous continuons à circuler avec nos motos de 2009 », déplore-t-il avant de préciser qu’ils ont demandé des audiences avec l’administration à plusieurs reprises, mais en vain.

En outre, il nous explique la difficile vie à laquelle les étudiants du campus universitaire sont soumis. À ses dires, le plat coûte 300 FCFA après réduction sinon il coûtait 500 FCFA. Le drame, c’est que c’est à payer au comptant. Or, la plupart des étudiants qui occupent le campus sont des gens n’ayant pas de parents à Bamako ou n’ayant pas assez de moyens financiers. Ils dépendent en grande partie de la bourse qui tombe en retard.

Les étudiants refusés d’accès aux bus

Depuis le 2 janvier, le CENOU a institué une carte de transport. Selon le chef du service transport de cette structure universitaire, c’est dans le cadre de la modernisation du secteur du transport. Par ailleurs, précise-t-il, cette carte rend service aux étudiants parce que c’est plus économique. Elle coûte 7200 FCFA pour toute l’année. Une version  qui a été confirmée par tous les étudiants rencontrés. Mais s’il s’agit d’un arrangement, ce serait plutôt un arrangement devenu un dérangement pour les étudiants.  Mardi 2 juillet 2019, la plupart des étudiants se sont vus refuser l’accès au bus parce qu’ils n’étaient pas en possession de ce sésame. «Il a été ordonné d’envoyer un seul bus pour transporter les étudiants qui  sont en détention de la carte. Ils étaient en nombre minime puisqu’ils n’ont même pas rempli le bus », nous confie le premier chauffeur que nous avons rencontré. Cela a continué jusqu’aux environs de dix heures, indique-t-il avant de préciser que le lundi 8 juillet est prévu comme date butoir. Tous ceux qui ne seront pas en possession de cette carte n’auront pas accès au bus, martèle-t-il. Ce qu’il déplore le plus, c’est que les membres de l’AEEM font exception à la règle. Ceux-ci ne prennent pas la carte pour accéder au bus.

En effet, du côté des étudiants, les soucis sont à l’ordre du jour. Selon Namata Dougnon, étudiante en licence 2 en anglais, le CENOU devrait trouver une autre formule que de refuser l’accès des bus aux étudiants. D’après les propos de cette anglophone, ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas de la carte, mais c’est dû au fait qu’ils n’ont pas d’argent pour le moment puisque les bourses ne sont encore disponibles.

De son côté, Yaya Diabaté, également étudiant en licence 2 bureautique et communication, ne mâche pas ses mots. Il fera comprendre que l’imposition de cette carte n’arrange pas tous les étudiants, notamment ceux qui vivent au campus et qui ne vont en ville que pendant le week-end. Outre cela, dit-il, il y a des étudiants qui ne viennent que deux ou trois fois par semaine à l’université.

Malgré tout, Kassoum Diakité, chargé du service transport, ne cesse de faire l’apologie de cette réforme. D’après lui, ce refus d’accès des étudiants au bus pendant quelques heures le mardi dernier a permis au moins le retrait de 300 cartes. Or, précise-t-il, du 2 janvier au 1er juillet, il n’y a eu que moins de 500 retraits au total. De retour du retrait de sa carte,  Yaya Diabaté fera comprendre : « Je viens de prendre ma carte parce qu’on nous a obligés à  prendre. »

Revoir la façon de faire

Le CENOU ne va-t-il pas trop loin  en refusant les bus aux étudiants pour une histoire de carte ? Que cela soit une politique pour inciter les étudiants à se procurer de la carte, comme laisse entendre le chef du service transport, n’est pas une raison valable. S’il est vrai que c’est la même structure qui gère la bourse des étudiants, alors la solution est vite trouvée. Il suffisait d’attendre la mise à disposition des bourses pour inciter à la prise de la carte. Pourquoi ne pas retenir sur chaque étudiant les frais de la carte pour ensuite les leur distribuer ? Si les administrateurs du CENOU ne sont pas des novices dans le secteur de l’éducation, ils savent les conséquences de la perte d’une heure de cours pour un étudiant. En attendant qu’ils comprennent les choses, les étudiants sont victimes d’une modernisation mal orientée. Quant au directeur général, il devrait comprendre que pour mieux s’imprégner des réalités de sa structure, il ne suffit pas d’écouter les intermédiaires, mais d’être en contact les véritables acteurs de chaque domaine. Pour le transport, les étudiants et les chauffeurs peuvent lui faire découvrir plus de choses que les agents de bureau.

Fousseni TOGOLA

Le Pays

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