Depuis l’indépendance du Mali en 1960, les forces armées de défense et de sécurité n’ont jamais été aussi mal gérées que sous l’ère démocratique. Plein feu sur un secteur en déliquescence !
En effet, l’armement et l’équipement constitués sous le régime du Général Moussa Traore, et qui avaient fait de l’armée malienne l’une des plus puissantes de l’Afrique occidentale francophone, ont été laissés à l’abandon ou n’ont fait l’objet d’aucun entretien. Les matériels en dégradation avancée ont été démontés en pièces et bradés. Pour l’entretien desdits matériels, 500 millions de FCFA avaient été demandés par les Russes, auprès de qui ils ont été acquis.
Le président Alpha Oumar Konaré et son Premier ministre d’alors, Ibrahim Boubacar Kéita, ont estimé que cela était une dépense ‘’inutile’’. Ils n’ont donc pas réagi. Dans le même temps, ils auraient investi 100 millions de FCFA dans la communication pour soigner l’image du nouveau régime sur la scène internationale et 900 millions de FCFA pour s’approvisionner en gaz lacrymogène, afin de gazer les manifestants de l’AEEM, instrumentalisés par l’opposition politique. Au nom de la Flamme de la paix organisée le 27 avril 1996, une paix qui n’est d’ailleurs jamais revenue au Mali, ils ont brûlé des armes à Tombouctou.
Pire, les ressources humaines les plus valeureuses des FDS maliennes ont été décimées. La mort du Commandant Siaka Koné et de ses compagnons, en septembre 1993, demeure un mystère. Un crash d’avion à Salonique (en Grèce) a coûté la vie à quatorze officiers d’une très grande valeur. Derrière ce crash se cache un sabotage de l’avion qui était parti en réparation en Russie. Ensuite, ils ont fait des FDS un dépotoir. Les recrutements ne répondaient plus à aucun critère de sélection. Les promotions n’obéissaient qu’à la volonté du prince du jour et non à la compétence. Conséquence: une armée dépourvue de moyens adéquats et d’hommes capables de défendre le “Faso (la patrie)”.
Comme si cela ne suffisait pas, ils ont bouffé les budgets votés chaque année par l’Assemblée nationale pour assurer la sécurité des Maliens. Dieu faisant bien les choses, la gestion chaotique du pays a été mise à nu par la perte de notre souveraineté sur les deux-tiers de notre territoire en 2012. Ces pratiques mafieuses et déloyales font qu’aujourd’hui, les “démocrates” ont pris le pays en otage. Ils sont présents dans tous les secteurs économiques du pays à travers des sociétés-écrans dirigées par leurs enfants ou leurs ayants-droits. Elles raflent tous les marchés des départements ministériels dans lesquels ils ont mis en place un système de corruption huilé. Ces délinquants en col blanc, qui se cachaient derrière la démocratie, ont fait pire que les dirigeants du parti unique dans le gaspillage des ressources de l’Etat. Ils ont presque hypothéqué l’avenir du Mali en faisant croire aux femmes et aux hommes qu’on peut réussir sans travailler. Ils ont laissé ruines et désolation. Ce qui reste des idéaux galvaudés des événements du 26 mars 1991 n’est autre que le mensonge, un citoyen dépouillé des forces nécessaires pour défendre sa patrie et qui ne croit qu’à l’argent roi. Le putsch militaire du Capitaine Amadou Haya Sanogo et de sa bande avait suscité un nouvel espoir au sein de la masse laborieuse à ses premières heures.
Hélas ! Cet espoir a aussitôt volé en éclats, tel un feu d’artifice, depuis que les mêmes “démocrates” se sont emparés à nouveau du pouvoir à la faveur de la présidentielle de juillet-août 2013. Après l’élection de l’ex-Premier ministre IBK à la magistrature suprême, ce sont plus de 1230 milliards de FCFA qui sont en train d’être investis dans les FDS à travers la loi d’orientation et de programmation militaire et son application s’étalera sur cinq ans, de 2015 à 2019.
Durant les cinq ans, ces fonds vont être débloqués de la manière suivante: 2015: 104 milliards FCFA; 2016: 109 milliards FCFA; 2017: 97 milliards FCFA; 2018: 110,9 milliards FCFA 2019: 92,8 milliards FCFA. Si par le passé le budget alloué à ce secteur stratégique était de 12%, avec cette loi votée à l’unanimité, il va nécessiter 21% du budget national. Pour une question de souveraineté, c’est le budget national qui supportera exclusivement le coût du financement de cette réforme militaire inédite dans notre pays. Au même moment que des victimes civils et militaires se comptent par dizaines chaque semaine au Nord, au Centre et même au Sud, nous voyons des immeubles, des stations d’essence, des voitures et des hôtels de luxe,… se multiplier à travers la ville de Bamako ainsi que dans les capitales régionales.
Pour empêcher le peuple vivant dans l’extrême pauvreté de se poser les bonnes questions relatives à la gestion de sa sécurité et de son développement, on lui vend la religion ou les stupéfiants (drogue+alcool) à un prix défiant toute concurrence en vue de l’enivrer. Une chose est sûre, c’est que le réveil sera plus catastrophique au Mali qu’en Tunisie. Wait and see !!!
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate