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Gestion de la transition malienne: Le déficit d’union et de cohésion des fils du Mali annihile tout progrès

Confronté depuis 2012 à une crise profonde, le Mali n’est pas encore arrivé au bout de ses peines. La haine entre les acteurs politiques en est pour beaucoup. Les uns se croient indispensables dans la gestion du pays. Les autres souhaitent l’échec des tenants du pouvoir. Aucun de ses clans ne veut le succès de l’autre. La lutte sans merci engagée par les deux clans pour le contrôle des richesses nationales à leur seul profit est en train d’étouffer les efforts de l’écrasante majorité de Maliens qui n’aspirent qu’à la sécurité et à la paix pour leur pays.

La situation exceptionnelle que vit notre pays, depuis 2012 devrait servir de rampe de lancement à l’union sacrée et à la cohésion de tous les enfants du Mali pour bouter l’ennemi hors de nos frontières afin que notre pays retrouve sa stabilité. Malheureusement, le contraire s’est produit. La classe politique, responsable de la désintégration de l’État et qui refuse de reconnaître sa responsabilité dans l’échec de la gouvernance, s’est déchirée et a entrainé avec elle la société civile dans le sillage du clivage et de la haine. Une situation préjudiciable aux pauvres citoyens maliens qui se trouvent piégés dans une lutte à mort entre deux clans rivaux qui ne nourrissent qu’une seule ambition: le contrôle des richesses nationales à leur seul profit. Cette bataille rangée des prédateurs de notre économie nationale nuit dangereusement à tout effort de paix, de dialogue, de réconciliation et de sursaut national.

Ce déficit d’union et de cohésion des fils du Mali entrave la bonne marche de notre pays, de bonnes initiatives de sortie de crise formulées par nos compatriotes épris de paix et de justice et annihile tout progrès politique, économique et social. Il prend ses racines dans la division, de la haine, des bouderies, des querelles de clocher que les soi-disant démocrates de l’ADEMA-PASJ ont entretenu pour préserver leur pouvoir de dilapidation des fonds publics, de détournements de deniers publics. Ils ont renforcé et consolidé ce mal au nom de la démocratie importée avec comme dénominateur commun l’exclusion d’une bonne partie de la population malienne pour mieux piller le Trésor public.
L’arrivée de cette race de sangsues, de prédateurs de tout bord et des anciens militants du parti unique dans les instances de la gouvernance dite démocratique en 1992 a été un accident de parcours dans l’histoire politique de notre pays. Ils n’ont rien entrepris pour que le Mali sorte de l’ornière. D’ailleurs, ils ont sapé et plombé le véritable travail de refondation que les Maliens estimaient nécessaire après la chute du régime du général Moussa Traoré, le 26 mars 1991, pour relancer les chantiers du développement socioéconomique de notre pays. Au lieu de s’atteler à cette tâche pour ne pas faire tomber le flambeau de l’espoir né de mars 1991 dont le slogan était ‘‘Kokadjè’’ (assainissement de la vie publique), le président Alpha Oumar Konaré et sa bande de voleurs ont aussitôt mis l’accent sur l’enrichissement illicite et personnel et semé la haine et la division entre les acteurs politiques et les animateurs de la société civile. Cette politique de diviser pour mieux régner a permis au président Konaré d’opérer le premier coup d’État en 1997 contre la ‘‘démocratie’’ avec la toute puissance de l’argent sale amassé au Mali et à l’extérieur.

Les Maliens d’accord sur leur désaccord
Le rattrapage dans la mangecratie des soi- disant démocrates a porté un coup dur à la stabilité et à la souveraineté de notre pays. Conséquence : les Maliens sont plus que jamais divisés et ne sont d’accord que sur leur désaccord. Ce qui fait que de 2012 à nos jours, rien de potable n’a été entrepris pour que les Maliens se réconcilient avec eux- même, créant deux camps antagonistes qui se regardent en chiens de faïence. Les uns, ayant perdu le pouvoir, se plaisent dans des contestations stériles et pensent que sans eux le pays sombrera dans l’abîme. Les autres, aux côtés des princes du jour, ne souhaitent pas perdre les avantages et les délices du pouvoir. Le troisième groupe, qui se considère comme le dindon de la farce, brille par son absence aux débats pouvant baisser la tension et d’apporter sa contribution à l’édification des solides basses d’un nouveau Mali qui ne saurait se réaliser sans l’émergence d’un nouvel homme malien. Il mise sur l’échec des tenants du pouvoir, quitte à mettre le feu à la case. Que Dieu nous en garde !
Après mars 1991, la transition instaurée suite au coup d’État contre le président Amadou Toumani Touré (ATT) était l’occasion rêvée pour les Maliens de se réconcilier pour faire face à l’ennemi commun : les terroristes et leurs complices séparatistes. Mais c’était sans compter sur la capacité de nuisance des forces rétrogrades qui s’étaient liées à l’extérieur pour empêcher l’audit de leur gestion mafieuse et de doter le Mali des textes reflétant ses valeurs socio- culturelles. Cela devait passer par l’organisation des concertations nationales réclamées par des forces progressistes qui voulaient un nouveau départ pour notre pays à partir de 2012. Dommage, rien ne fut fait comme travail de refondation. Et on s’est précipité à organiser des élections en balayant d’un revers de main les préoccupations du peuple malien. La suite est connue de tous.
Le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta tombe le 18 août 2020 avec comme slogan la ‘‘Refondation du Mali’’. Peine perdue. Les mêmes acteurs sont là. Ils se déchirent encore pour le contrôle du pouvoir et non pour le bien-être des Maliens. Tout est mis en œuvre pour le Mali n’avance pas. Les uns ont boycotté le Dialogue national inclusif en 2019, un rendez- vous qui parlait de la stabilité du Mali. Les autres n’ont pas pris part aux Assises nationales de la refondation (ANR), un autre rendez- vous qui parlait aussi du Mali. Finalement, on se demande si les Maliens aiment leur patrie menacée de disparition. Ces femmes et ces hommes doivent avoir à l’idée que nous sommes condamnés à réaliser l’union sacrée autour du Mali et à renforcer la cohésion sociale pour le vivre ensemble, sachant bien que le soutien des autres a échoué pour stabiliser notre. Si nous n’arrivons pas à réaliser ce travail de sauvetage de notre pays, n’en doutez pas, nous serons un jour réduits en esclaves sur notre propre territoire. Le danger est déjà là. Le déficit d’union et de cohésion joue à notre défaveur. Et nous sommes tous conscients que sans des efforts conjugués des enfants du Mali, la cause est attendue. Alors pourquoi ne pas se donner la main pour sauvegarder notre bien commun, le Mali.

Yoro SOW

Source : L’Inter de Bamako

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