Général Moussa Sinko Coulibaly a été entendu à la gendarmerie du camp I de Bamako pour propos jugés séditieux qu’il a tenus sur tweeter. Il est sorti libre et a été applaudi dans l’enthousiasme et l’euphorie par ses partisans qui l’attendaient.
C’était jeudi dernier, 11 octobre. La fameuse déclaration qu’on lui reprochait, à savoir qu’ »Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple « , n’a donc pas été considérée comme subversive par les officiers de la gendarmerie. Tant mieux pour la démocratie, n’en déplaise aux faucons indécrottables du pouvoir qui, sans doute, souhaitaient que le jeune général à la retraite soit envoyé réfléchir en prison. Peut-être aussi au grand dam de IBK lui-même qui avait trouvé en la parole de Moussa Sinko Coulibaly un acte de lèse-majesté et l’avait jugée putschiste et ignominieuse, pour ensuite afficher sa sérénité. Pourquoi donc faire entendre l’ancien officier soupçonné subversif? Si l’intention était de le menacer, peine perdue. Ce n’est pas de cette façon qu’on effraie un général sorti major de Saint-Cyr, qui ne peut se rebiffer comme un troufion de la coloniale ou trembler comme les gradés d’opérette qui font inflation d’officiers dans l’armée nationale malienne. Si la volonté réelle était de l’envoyer effectivement incognito en prison, l’échec est plus dramatique et risible, car
, désormais officier supérieur doublé de chef de mouvement politique, Moussa Sinko Coulibaly est dans une position telle qu’on ne peut l’arrêter comme un vulgaire petit malfrat. En plus, rien n’indique qu’il fait partie de la haute pègre militaro-civile auteure des détournements des colossales sommes d’argent, pas moins de 1230 milliards de nos francs, au détriment de l’institution militaire et dont l’iceberg est visible à la fois à travers « l’affaire des avions cloués au sol et autres » et les équipées meurtrières des ennemis de notre pays contre nos camps militaires incapables désormais de défense et de riposte. Il s’y ajoute que IBK en personne a tenu contre le régime d’ATT des propos autrement plus séditieux, sans que jamais il ne soit inquiété.
Mais l’affaire Moussa Sinko Coulibaly donne lieu à une autre passe d’armes, toujours à travers tweeter.
Non content des dénonciations faites contre la gouvernance d’IBK par Me Mamadou Ismaïl Konaté, ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Bouba Keïta, fils du chef de l’État, croit mettre cela sur le compte du soutien à Moussa Sinko Coulibaly. « Ex-ministre, apparemment toujours mécontent de ne plus être ministre, il s’apitoie sur le sort d’un ex-général démissionnaire, car il ferait la publicité de ce dernier. Bon, qu’il ne soit plus jaloux, on lui en fait aussi : « dans la ferme, Mr. était peut-être trop occupé à picorer? » Buzz enough? Content? », écrit-il. L’avocat, lauréat d’un prix d’éloquence qui ne manque pas de formules assassines, répond à Bouba Keïta qui n’a rien compris et qui confond, défense de la patrie avec soutien à un homme politique, fût-il général à la retraite. Et Me Mamadou Ismaïl Konaté d’administrer alors un volet de bois vert au fils du président IBK, novice en communication de masse : « Les deniers publics sont dissipés, le crédit de l’État est bafoué, la république s’installe en famille, le rêve d’être à la tête de l’État se répand, la basse-cour s’étend et s’agrandit, et les sans états de service s’y croient et se prennent pour plus qu’ils ne sont. Le réveil ! » Me Konaté ne s’arrête pas là. Il cible le fils du Mandé Massa en plein coeur : « Qu’il se le tienne pour dit ce rejeton sans référents aucun, sans nom et sans prénom autres que « fils de IBK ». Les laquais et les béni-oui-oui qui picorent dans la basse-cour sont connus. Ni demander, ni quémander, ni rabaisser. Nos derniers échanges de jours de démission l’attestent. »
Il ne s’agit sans doute pas là de rhétorique boursouflée. Les faits sont précis, les dates sont indiquées et l’on voit le cadre où les interlocuteurs se sont expliqués. Bouba Keïta a certainement compris qu’il y a des secrets d’alcôve et qu’il vaut mieux faire le pas de côté. Il réagit donc par l’ironie : « Alors, là, j’avoue que je suis mort de rire. Me résumer qu’à ma filiation et, en plus, de simple rejeton? Wow…Miracle! Lui, il vient certainement du néant, rejeton de personne. Il faut alerter tout le Mali… Que dis-je? La Terre entière, car cela ressort du champ rationnel ».
Me Konaté a de la repartie, là-dessus, il n’y a aucun doute. Bouba Keïta est légitimement fondé, en tout cas du point de vue des sensibilités humaines, à voler au secours de son père. Mais il s’agit du Mali et le coeur des Maliens bat pour ceux qui défendent leur pays.
Bogodana Isidore Théra
LE COMBAT