De plus, serait-il encore plus loin de comprendre que lorsque l’incohérence atteint son paroxysme, elle arrive à créer un problème qui constitue en réalité sa propre solution. Tel peut être résumé dans un proverbe bien de chez nous, selon lequel « A force de jeter très loin le crapaud, celui-ci pourrait atterrir dans la fraicheur ». Telle pourrait être également la leçon à tirer de la volonté des Chefs d’Etat de la Cédéao et de l’Uémoa de chercher, coûte que coûte, à en découdre avec le peuple du Mali, débout sur les remparts.
Vite, bien et nette, la réaction du Gouvernement d’abord, il faudrait noter et saluer le Gouvernement, qui, en apprenant la violation manifeste du Traité de l’Uémoa et des statuts de la Bcéao par le gel des avoirs d’un Etat souverain, des entreprises publiques et parapubliques incluant la Banque centrale qui reste un organe privé indépendant de chaque Etat et auquel chaque Etat membre a concédé son droit souverain d’émission, n’aura rien fait de mieux que de dénoncer et de rejeter ces décisions injustes et illégales que rien ne justifie dans les textes communautaires.
Quand un Traité d’entraide impose moins la paix et plus la guerre mon intervention sera d’ordre pragmatique, portant sur l’urgence de trouver une solution pour faire face durablement à ce qui est une violation des accords de coopération monétaire, notamment par la caporalisation de l’institution de la Bcéao à une conférence hybride de Chefs d’Etat de la Cédéao et de l’Uémoa, dont elle est totalement indépendante, car ne relevant aucunement d’aucune de ces instances de surcroit hybrides et créées à l’occasion.
Par cette situation créée à l’heure actuelle, les Chefs d’Etat de la Bcéao et de l’Uémoa imposent une déclaration de guerre, qui marque plutôt la fin d’un Traité supposé être de coopération et d’entraide, incapables qu’ils auront été d’imaginer une quelconque alternative pour accompagner ou infléchir, un tant soit peu, les efforts louables d’un gouvernement, aujourd’hui plus qu’hier, en parfaite harmonie avec son peuple. En effet, ce Peuple, serait finalement resté seul témoin des progrès tangibles et visibles que son gouvernement obtient sur le terrain des opérations de sécurisation, et auxquels ce vaillant peuple avait été privé depuis plus de huit ans de présence des armées étrangères, restant encore sur place, à ce jour, sans perspective, tant elles restent confondues dans leurs troubles agitations sur le terrain et dans des fréquentations incestes qui ne trompent plus personne.
Ainsi, il nous apparaît clairement, qu’en empêchant la Bcéao d’approvisionner le Mali en F CFA, ces conférences de Chefs d’Etat se seraient comportés comme une conférence des médecins regroupés autour du malade pour le sauver et qui auraient décidé comme recommandation d’empêcher le cœur d’envoyer le sang dans l’organisme. J’aimerai bien que l’on me fasse bien ressortir une quelconque différence entre cette recommandation des médecins et celle de la conférence hybride des Chefs d’Etat de la Cédéao et de l’Uémoa.
Je pense que celui qui doutait de la bonne foi des médecins pour venir en aide au malade, ne saurait jamais être mieux servi que par une telle recommandation, tant la volonté de ces médecins serait manifeste. Le gel du F CFA contre un Etat souverain : quand le problème suggère sa propre solution.
Nos devises permettent à la France de produire deux monnaies
Lorsqu’on parle de gel des avoirs d’un Etat souverain en parlant du F CFA, en réalité, il faudrait reconnaître que le F CFA à la Bcéao n’est pas un avoir de l’Etat africain mais la marque de sa reconnaissance par l’Etat français, car le vrai avoir est la ressource en devises récoltées sur les marchés internationaux, contre le coton ou l’or des pays africains, et qui a été déposé préalablement au Trésor français. Ce faisant, en suivant bien l’usage fait de ces devises, celles-ci sont transformées d’abord en euro, la monnaie que la France utilise normalement chez elle en toute souveraineté. Par la suite la France fabrique, à partir de cet euro, une monnaie locale, appelée F CFA, destinée aux populations initialement productrices des devises dans ces pays africains. Donc nos devises permettent à la France de produire deux monnaies, une monnaie qu’elle même utilise chez elle, l’euro, et l’autre, le F CFA, qu’elle envoie en magasin auprès de la Bcéao pour l’utilisation de nos populations comme petite coupure de celle que la France utilise.
Aujourd’hui, la France empêche la Bcéao de fournir à nos populations ces F CFA, les marques de sa reconnaissance, celle d’avoir bénéficié des devises de nos populations laborieuses, en leur refusant ainsi d’honorer sa dette vis-vis de celles-ci et non pas seulement vis-à-vis de l’Etat malien, la Bcéao n’ayant aucune responsabilité dans cette guerre française par procuration et encore moins un quelconque syndicat de Chefs d’Etat, fussent-ils des pays de la Bcéao ou de l’Uémoa.
Diriger les devises du pays hors de la portée du Trésor français et alimenter directement l’économie de notre pays en euro. Par conséquence, la solution imposée par le problème de gel du F CFA est de diriger les devises hors de la portée du Trésor français et d’approvisionner directement notre pays en euro qui constitue la première forme sous laquelle nait en France le F CFA, qui n’est rien d’autre que sa petite coupure. De fait, l’euro va circuler dans nos pays, comme en France et dans les autres pays membres de l’euro, quand progressivement, le F CFA va être récupéré par notre système monétaire, pour faire valoir nos droits sur les produits des autres pays utilisateurs de cette monnaie, ou alors pour qu’ils constituent des droits en devises sur le Trésor français.
Ainsi, l’euro sera le moyen de paiement sur les marchés quotidiens dans notre pays pendant toute la gestion des autorités de la transition, qui auront donc comme mandat supplémentaire de bâtir, avant la remise du pouvoir aux autorités dignement élues, un système monétaire le plus performant du monde, aidées en cela par les meilleurs spécialistes dans ce domaine, dans un Mali qui aura désormais le vent en poupe, décomplexé et regardant droit vers l’avenir que le Malien désire. A titre d’exemple, ainsi, un salaire de 150 000 F CFA sera payé pour 228 euro et 443 F CFA, pour montrer que l’équité exige, pendant un temps limité, l’usage inévitable de ces deux monnaies.
Cependant, une vigilance absolue sera maintenue, et une lutte implacable devra être menée contre toute introduction massive de F CFA en provenance de l’étranger dans un but de sabotage économique. Muni désormais d’une coupure en euro et de la petite coupure en euro représentée en F CFA personne n’ignorera plus qu’en réalité, dans les pays utilisateurs du F CFA, l’euro était, et reste en réalité la première monnaie en usage, et qu’il n’y avait aucune raison de passer par la France afin de pouvoir en disposer dans nos poches, et cela au prix de mille sacrifices et humiliations, qui continuent à présent à infantiliser nos pays, alors qu’en matière monétaire, aujourd’hui, nous avons donné la preuve que nous en savons mieux que les autres, de par notre histoire particulière qui nous aura permis de découvrir la haine avec laquelle la monnaie peut être utilisée pour asservir notre peuple en entier, aussi bien par racisme que par ignorance.
Assurer une circulation de l’euro dans le pays, à l’abri de toute manipulation perverse. Cette proposition présente l’avantage de la simplicité de sa mise en œuvre à l’abri de tout processus malveillant de déstabilisation de la part d’un pays hostile. En plus, la France ne peut pas, comme elle le fait avec le F CFA comme un jeu d’enfant, produire de l’euro, dont la production relève de la Banque centrale européenne, alors qu’étant seule émettrice incontrôlée du F CFA, elle est capable d’envahir tout pays avec des F CFA qu’elle fabrique en toute indépendance, surtout dans des pays contre lesquels elle serait entrée désormais en guerre ouverte.
En conclusion, cette proposition montre dans le système monétaire de la zone franc, le F CFA apparaît au Mali, comme un dessous de chemise qui est devenu trop serré en période de grande chaleur, et qu’il va falloir enlever pour garder le haut, notre grand boubou du pupao, assez ample et entretenant de la fraicheur autour du corps.
En rentrant dans la salle pour travailler pour la première fois pour l’après-près F CFA, chacun devra ôter son dessous, et enfiler son grand boubou, pour désormais conjuguer au passer l’usage de ce franc colonial qui nous aura fait trop de dégât.
Dr. Lamine KEITA