Dans une note d’explication déposée à notre rédaction, le ministre de l’Economie et des Finances, Boiré Fily Sissoko, tente de reprendre l’initiative de la parole pour donner sa part de vérité dans une affaire devenue depuis lors plus politique qu’économique.
Deux récents rapports d’audits effectués par la Cour suprême du Mali et le bureau du vérificateur général du Mali ont ouvertement critiqué les conditions d’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Le vérificateur général a même demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire et des poursuites. Mais la ministre malienne des Finances et de l’Economie, dont le département a participé au montage financier des opérations est montée au créneau pour justifier toutes les dépenses effectuées.
En fait, il est reproché au département de l’Economie et des Finances d’avoir déposé auprès d’une banque locale une garantie de 100 milliards de francs soit 152 millions d’euros, alors qu’en principe il appartenait aux fournisseurs des équipements militaires de le faire. Le Ministre Bouaré Fily d’apporter des justificatifs : « Contrairement à ce qu’on a dit, ce n’est pas une garantie qui a été donnée à l’operateur », indique-t-elle. Avant de poursuivre : « La garantie, c’est la banque, pour sécuriser ses ratios prudentiels », explique-t-elle.
Dans ce contexte, pourquoi l’Etat malien dépose t-il auprès de la banque une garantie de 100 milliards de francs CFA pour une commande estimée à 69 milliards de francs CFA (105 millions d’Euros environ) ? « La marge de 30 milliards de francs CFA, c’était justement pour donner une marge au ministre pour l’ensemble des acquisitions qu’il voudrait faire d’ici 2015 et dont on n’a pas les ressources dans le budget », affirme le ministre.
Pour ce qui est du dossier des surfacturations dont parlent les audits, la ministre malienne de l’Economie et des finances commente : « entre temps, on a découvert que ce qu’on dit être vrai, la marge faramineuse a servi à payer en partie des munitions ». Dix milliards de munition une révélation de taille. Après toutes ces informations fournies par Bouaré Fily Sissokon, on est en droit de penser que la vérité sortira enfin de l’ombre.
Badou S. Koba