Deux journalistes du tri-hebdomadaire privé gambien The Voice ont été arrêtés lundi et inculpés de diffusion de fausses informations, selon des sources concordantes, leur rédaction liant ces arrestations à un article sur des défections au sein du parti au pouvoir.
Le rédacteur en chef de The Voice (La Voix), Musa Sheriff, un Libérien basé en Gambie a été arrêté en premier lundi matin à son bureau à Banjul, a indiqué à l’AFP un responsable de la rédaction de The Voice, arrestation confirmée par une source sécuritaire jointe par l’AFP sur le sujet.
Musa Sheriff, qui possède le journal, a été arrêté “et inculpé pour avoir publié des fausses informations. Il sera bientôt traduit en justice”, a déclaré la source sécuritaire, sans plus de détails.
Selon le responsable de la rédaction de The Voice joint par l’AFP, Musa Sheriff “a été arrêté lundi matin à son bureau (à Banjul) par quatre policiers en civil, qui se sont présentés comme des membres de l’Agence nationale de renseignements (NIA)”, il a été conduit au poste de police de Sanyang, à environ 30 km de Banjul, où il était détenu lundi soir.
De même source, cette arrestation est liée à un article publié en décembre par The Voice. Le texte rapportait que 19 militants de l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotique (APRC), du président Yahya Jammeh, avaient quitté ce parti pour rallier le Parti démocratique uni (UDP), principale formation de l’opposition.
L’APRC a nié ces informations.
L’auteur de l’article, Sainey Marenah, a également été arrêté, inculpé et était détenu au même poste de police, a indiqué lundi soir le Syndicat de la presse de Gambie (GPU).
Sainey Marenah s’était rendu au poste de police de Sanyang pour s’enquérir de la situation de son chef, a-t-on indiqué de même source, sans plus de détails.
En décembre, un responsable de l’UDP, Amadou Sanneh, a été condamné à cinq ans de prison et écroué pour avoir soutenu deux de ses partisans qui envisageaient de fuir en Finlande et qui ont été condamnés à la même peine.
Le tribunal de Banjul qui les a jugés a estimé que les trois hommes avaient “l’intention d’attiser la haine (. . . ) contre la personne du président” Jammeh. Il était reproché à M. Sanneh d’avoir écrit une lettre ouverte à en-tête de l’UDP affirmant que les deux militants de ce parti risquaient la mort s’ils ne partaient pas en exil politique en Finlande.
Des organisations de défense des droits de l’Homme et de la liberté de la presse dénoncent régulièrement les violations de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, entre autres droits, en Gambie, pays anglophone d’Afrique de l’Ouest dirigé d’une main de fer depuis 1994 par Yahya Jammeh.