Comment la classe politique gabonaise reçoit-elle le discours d’Ali Bongo diffusé samedi soir ? Alors que le pays commémorait les 10 ans de la mort d’Omar Bongo, son père, l’actuel chef de l’État a annoncé un nouveau remaniement ministériel à venir. Ali Bongo a promis de sanctionner quiconque ferait passer ses intérêts personnels avant ceux du peuple gabonais. Un discours qui fait naturellement réagir.
Faire le ménage parmi des politiciens égoïstes, c’était l’un des axes forts du discours présidentiel. Un discours bienvenu pour Michel Philippe Nze, l’un des secrétaires nationaux du parti au pouvoir : « C’est un discours attendu, espéré, en ce qui concerne le Parti démocratique gabonais, et je ne crois pas trahir la pensée de la plupart de nos compatriotes en disant qu’il fallait, justement, ce coup de poing sur la table. »
Et pour Michel Philippe Nze, le choix de la date n’est pas innocent. Selon lui, avec ce discours diffusé le 8 juin, Ali Bongo s’inscrit dans la même démarche que celle entreprise par son père peu avant sa mort. Un argument qui fait justement réagir l’opposant Alexandre Barro Chambrier, le président du Rassemblement pour la patrie et la modernité. « Ali Bongo nous a lu un discours complètement déconnecté de la réalité, dit-il, et on a le sentiment qu’il découvre dix ans après l’exercice du pouvoir, après son père. La corruption, la mauvaise gouvernance, il reconnaît son échec. »
Alexandre Barro chambrier estime par ailleurs qu’un discours de 8 minutes, après quelque 6 mois d’absence, cela ne suffit pas à rassurer, l’opposant réclame toujours que soit prononcée la vacance du pouvoir. Le Parti démocratique gabonais rejette formellement cette idée, affirmant que l’état de santé du président s’améliore de jour en jour. Et de toute façon, d’après lui, seuls ceux qui font commerce de ces informations s’y intéressent encore.
RFI