Les présidents de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad se retrouvent les 15 et 16 février à N’Djamena, dans la capitale tchadienne, pour un sommet G5 Sahel. Au menu des discussions, le bilan mené ces 12 derniers mois contre le jihadisme dans la région et l’avenir de la force Barkhane que l’exécutif français espère réduire.
“Le sommet de N’Djamena arrive dans un contexte politique, sécuritaire et humanitaire très grave, estime Jérôme Pigné, chercheur sur les politiques européennes au Sahel à l’Institut Thomas More. Plus de huit ans après le début d’une crise sécuritaire dans le Nord du Mali qui continue à s’étendre dans la sous-région, pas un jour ne passe ou presque sans attaque terroriste.
Le nombre de civils morts dans des attaques jihadistes, recensé par l’ONG Acled, spécialisé dans la collecte de data dans les zones de conflit, a d’ailleurs considérablement augmenté avec plus de 2 000 morts recensés en 2019 et 2020. Outre l’augmentation des pertes de civils, ce sont plus de 30 millions de personnes qui actuellement ont besoin d’assistance alimentaire dans la sous-région. Ce sont aussi plus de 200 000 réfugiés maliens, un million de personnes déplacées au Burkina Faso.
“Paris veut réduire la voilure et engager ses alliés européens
Dans ce contexte, le président français, Emmanuel Macron, qui participe également à la rencontre en visioconférence, compte bien profiter du rendez-vous annuel pour mettre en œuvre ses deux principaux objectifs. Le premier consiste à réduire les effectifs de la force Barkhane mobilisée depuis 2014, dont l’engagement fait régulièrement l’objet de critiques, notamment lorsque la France déplore des pertes humaines dans ses contingents militaires. Depuis 2013, l’état-major des armées déplore le décès de 50 soldats au cours des opérations antijihadistes Serval, puis Barkhane.
Au sommet de Pau il y a un an, “la France avait annoncé un réajustement de son positionnement militaire avec l’ajout de 600 soldats français, rappelle à France 24 Jérôme Pigné, spécialiste des questions jihadistes. À présent, le président Macron évoque la possibilité de revenir au format initial, sans pour autant repenser complètement la stratégie de Barkhane. Derrière cela, il faut aussi voir un appel du chef d’État français aux présidents de la région à prendre davantage en main leur destin et leur capacité à articuler leurs opérations militaires. C’est indirectement, une manière de leur mettre la pression.”