Spécialiste des changements d’alliances et retournements de veste, le Roi-Soleil qui a jadis brillé de mille feux sur l’échiquier politique, au crépuscule de sa tumultueuse carrière, reste fidèle à sa réputation de traitre. La furia présidentielle sert d’exutoire au soleil ratifié (devenu rat) et aux ratons de vider la barque.
Ce qui devait arriver arriva, inexorablement. ‘’Sur décision du Comité Directeur, le CNID-FYT suspend sa participation à la Convention de la Majorité Présidentielle (CMP)’’, peut-on lire sur le poste du patron du Parti du Soleil levant, Ba Mountaga. Pour se donner un semblant de bonne conscience, il tente d’expliquer sa félonie : ‘’par honnêteté et éthique. La CMP a été créée pour le mandat en cours qui tire vers sa fin. Aucun engagement n’a été pris pour un autre mandat. Il ne serait pas loyal d’attendre le dernier moment pour se retirer. Et envisager autre chose’’.
Manipulateur dévastateur
Difficile de croiser un manipulateur aussi dévastateur. Pour ce rentier politique, l’heure est venue de quitter le navire. Mais il n’a pas l’étoffe nécessaire pour le faire avec fracas. Alors, il se la joue taquin câlin, question d’avoir un divorce à l’amiable qui ne fermerait pas totalement la porte à de secondes noces.
Au sens propre, les rats abandonnent le navire quand il commence à prendre de l’eau. Au sens figuré, le régime IBK est en train de couler ; donc il faut prendre ses distances. Mountaga, les observateurs les plus avisés le voyaient venir. Dans un Communiqué en date du 17 janvier 2017, voici ce que disait le Comité directeur du CNIF-FYT : ‘’(…) Invite respectueusement monsieur le Président de la République à demander à l’Assemblée nationale une deuxième lecture du projet de Loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992’’. Ce parjure n’a pas été commenté en son temps, aucun observateur n’y voyant un quelconque intérêt, connaissant la nature de Ba Mountaga. C’est le moment où le CNID estimait que le temps ‘’n’est pas à se compter, mais plutôt à se rassembler’’, qu’il a choisi de jouer les sages conciliateurs, laisser seul le Président IBK dans la tourmente de la contestation de la rue, étant pourtant un des piliers de la Convention de la Majorité Présidentielle. Selon André Thérive : ‘’la trahison est une question de dates’’, Essai sur les trahisons. Ce n’est pas par hasard qu’en 2013 on parlait d’Alliés et les Ralliés.
Le routard politique feint : ‘’sur décision du Comité directeur (…)’’. Mon œil ! Pur funambulisme politique. Que vaut un Comité directeur d’un Parti politique transformé en patrimoine familial ? Que vaut un Comité directeur d’un Parti mené à la baguette, depuis un quart de siècle, par un seul homme qui réprime avec la dernière rigueur toute velléité contestataire ? Et que dire de ce poste de Ba Mountaga, sur son compte Twitter, le 29 décembre dernier : ‘’à la suite de consultations officielles, le CNID – FYT et moi-même avons décidé de ne pas participer au prochain gouvernement. Nous saluons la décision républicaine de nous consulter. Bonne chance à la nouvelle équipe. Que Dieu bénisse le Mali’’ ? Nulle malice, nulle duperie, le CNID-FYT, c’est le pouvoir personnifié, sans partage, de son inamovible président qui fait force de loi. Il a décidé de quitter la CMP, il le fait, en mettant juste le vernis du fantoche Comité directeur. En fait, il n’aurait jamais dû en faire partie. On se rappelle sa grandiloquence méprisante à l’endroit d’IBK en 2007 quand il déclarait, à l’issue du premier tour de la présidentielle que les 19,08 % des voix qu’il a obtenues l’ont été parce que le camp du Président sortant l’a voulu. C’est ce même Ba Mountaga, redescendu de son nuage, qui arpentait les travées du siège de campagne du candidat IBK, qui se frayait une place aux premières loges lors de la déclaration de l’entre-deux tours du candidat IBK sous une bâche climatisée installée dans la cour du QG de campagne. C’est dire que la valse des allers-retours est congénitale chez cet opportuniste politique. Elle est également héréditaire, si l’on en croit les récits historiques mettant en scène ses grands-parents comme Mamadou Maribatrou DIABY (paix à son âme) a su bien le rappeler rabattant le caquet à de prétendus opposants irréductibles au régime Alpha Oumar KONARE.
‘’(…) Suspendre sa participation à la Convention de la Majorité présidentielle’’. Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir du cran. Quand on quitte, on quitte et on a le courage de dire qu’on ramasse ses cliques et ses claques. L’autre raton, Moussa MARA de YELEMA, a joué la même mascarade avant de quitter la CMP à la faveur du 2e Congrès ordinaire de son Parti à Mopti, en novembre 2017. Nul n’est dupe, il ne s’agissait que de donner l’onction de l’instance suprême à une décision longtemps prise par le Président du Parti, Moussa Maraton.
‘’Par honnêteté et éthique’’
L’indéracinable président du CNID-FYT, Parti qui se vide de la substance de ses cadres, fait l’insulte à l’intelligence des Maliens en prétextant : ‘’par honnêteté et éthique’’. Au moins, il a l’intelligence de faire l’impasse sur la suite de la phrase. De quelles honnêteté et éthique s’agit-il ? Politique, intellectuelle ? C’est le flou artistique de la part d’un homme rompu à l’art du camouflage. En tout état de cause, comme lui, limitons-nous aux vocables honnêteté (qualité de ce qui est conforme à la vertu, à la morale ou à une convention reconnue) et éthique (réflexion fondamentale sur laquelle, la morale établira ses normes, ses limites et ses devoirs).
L’honnêteté, comme le dirait l’autre, aurait commandé d’attendre qu’IBK se déclare officiellement candidat pour un second mandat et ensuite attendre que le bilan soit fait pour savoir ce que le CNID a apporté. Il assène : ‘’Mountaga est plus que versatile et malhonnête. Depuis sa première opposition à Alpha, il n’a fait que des changements d’alliance et des dégringolades. D’abord, il cherchait à être président de la République, puis président de l’Assemblée nationale. Après, il disait de GAKOU, en 1997, “c’est un fatigué de l’opposition”. Lui-même est devenu plus que fatigué de l’opposition et de la misère. “La fatigue financière quoi !!!”. Ayant perdu la députation à Ségou, il s’est allié à IBK qui était prévu comme gagnant en 2013 ; il dansait avec les jeunes candidats perdants du premier tour dans un clip en faveur de IBK. IBK a permis à Mountaga de réveiller le cadavre du CNID (…)’’.
Où est la vertu quand, après avoir été successivement ministre de l’Enseignement supérieur et de la Communication, Mountaga s’empresse d’emboucher la trompette de l’Opposition pour faire un décompte funéraire des victimes de l’insécurité au Centre, pointer du doigt la fermeture des écoles, des centres de santé et des tribunaux, lors de sa présentation de vœux à la presse ? Paranoïaque ou alarmiste, il affirme : ‘’le Mali, notre pays, se trouve dans une situation critique et inquiétante. Ceux qui savent n’en dorment pas’’.
Loyauté à la petite semaine
Selon le trublion, abonné aux délices de la courtisanerie politique : ‘’il ne serait pas loyal d’attendre le dernier moment pour se retirer’’. On notera que, mis à part ce qui a été mis sur le compte du Comité directeur, il n’est pas question de suspension de la participation à la CMP, mais de ‘’retrait’’. À force de manipulations, on finit toujours par se trahir soi-même. Passe. Ainsi, Ba Mountaga trouve plus vertueux de prendre la poudre d’escampette au bon moment. Cela s’appelle chez lui être loyal (qui obéit aux lois de l’honneur et de la probité). C’est vraiment une loyauté à la petite semaine. Au demeurant ce retrait d’un politique guidé uniquement par l’instinct grégaire n’est que tout bénef, parce que participant d’un cycle de régénération quand l’arbre perd ses feuilles mortes empestées. De nouvelles feuilles vertes feraient bien le bonheur de l’échiquier politique épuré d’une espèce de prêteurs sur gages, aveuglés par le profit personnel.
‘’(…) Et envisager autre chose’’. Quelle autre chose, si ce n’est un nouveau positionnement, un nouveau marchandage politique, comme Ba Mountaga en a le secret ? Après tout : ‘’le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable’’, Raymond Aron, Historien, Journaliste, Philosophe, Politologue, Scientifique, Sociologue (1905 – 1983). Mais, bon ! Laissez mouton courir, Tabaski viendra, parce que cet apostat semble oublier que l’idéal doit s’enraciner dans des principes servant de repère.
Hélas, s’il est l’espèce la mieux aboutie des rats palmiers, il y a des ratons qui commencent à pilulier. L’ADP Maliba et SADI qui se retrouvent, la CAP qui se fond dans l’URD : YELEMA qui a une position centriste ; à présent le CNID qui propage une odeur répulsive. A ces Partis, il faut ajouter un général fuyard de l’Armée, Papouni, qui, lui aussi, après avoir amplement bénéficié des largesses, du pouvoir prône le changement.
LA RÉDACTION
Info-matin