Après le Mali au début de l’année, le chef de l’Etat lance une nouvelle opération en Centre Afrique cette fois. En moins de deux ans, François Hollande a effectivement lancé deux opérations en Afrique : le Mali en février dernier et maintenant la Centrafrique. Il en a fait autant que Nicolas Sarkozy en cinq ans : l’ancien Chef de l’Etat était intervenu en Côte d’Ivoire et en Libye.
Francois Hollande veut-il tourner la page de la Françafrique ? © FranceInfo
Deux interventions en Afrique donc pour François Hollande, c’est beaucoup pour un candidat qui s’était engagé à respecter la souveraineté des états africains et à s’aligner derrière les décisions des instances africaines. Revoilà donc le spectre du gendarme de l’Afrique.
Pourquoi François Hollande s’aventure sur un terrain qu’il sait miné?
D’abord c’est un terrain sur lequel il a beaucoup plus de succès que dans l’hexagone. Souvenez vous de l’accueil que les maliens lui ont réservé. Le President français a été reçu comme un sauveur en septembre dernier. Il avait été tellement bouleversé par cet accueil lors de sa première visite, qu’il avait conclu son discours par cette phrase étonnante : ” c’est le plus beau jour de ma vie… politique “, c’était à Tombouctou en février dernier.
François Hollande s’empare du dossier africain, pourtant, il n’est pas très à l’aise dans ce domaine.
Non, son entourage reconnaît que ce n’est pas un connaisseur de ce continent, Pas très à l’aise sur ces dossiers, mais le Président français a été très vite rattrapé par responsabilités. Au Mali, la France était la seule puissance occidentale prête à intervenir et aujourd’hui en Centre afrique c’est pareil. Et puis, la France a une histoire sur place, des forces armées qui sont implantées, des ressortissants et des intérets à défendre dans la zone.
Certains accusent le président d’avoir des arrières pensées, de ne pas vouloir défendre uniquement les droits de l’homme.
C’est en partie vrai. La France intervient d’abord pour protéger les populations, pour éviter le risque de massacres, de génocides. C’est son rôle en tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU. Mais ces interventions en Afrique ne sont pas uniquement motivées par l’altruisme. La France a des intérêts sur place, Total n’est pas très loin de la Centrafrique. Et puis il y a beaucoup de ressortissants français dans toute la zone. C’est aussi un continent très attractif économiquement avec ses 5% de croissance annuelle. Il faut rester dans la course et donc assurer une présence sur place dans un environnement le plus stable possible
Ça oblige la France et donc François Hollande à composer comme l’ont fait ses prédecesseurs ?
Ce que lui reprochent les ONG et les défenseurs des droits de l’homme. Ils critiquent notamment la bienveillance de Paris vis-à-vis du Président tchadien qui tirerait les ficelles du conflit en Centrafrique. ” La France est devenue l’obligée d’un dictateur ” disent les ONG. En raison du soutien du Tchad à l’opération Serval au Mali. Les associations critiquent aussi la présence d’autres dictateurs demain lors du Sommet pour la paix et la sécurité en Afrique à Paris. François Hollande compose certes, mais il n’en est pas encore à accueillir un Khadafi en grande pompe à l’Élysée comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en 2007.