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France-Russie : un air de revanche: L’acharnement de la France contre la Russie, qui oscille entre hystérie et déraison, pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs.

Il y a, en tout premier lieu, cette tradition bien française,  qui fait du pays des  » philosophes des lumières » et de la révolution de 1789 le porte-flambeau voire l’incarnation de la liberté. De Napoléon Bonaparte, Hegel a dit qu’il a vu  » la liberté à cheval à la conquête de l’Europe « . La France républicaine est ainsi devenue le défenseur irréductible des nations et peuples soumis à l’oppression. Elle est entrée en guerre contre l’Allemagne hitlérienne après que celle-là eut envahi la Pologne en 1939, avec pour conséquence sa propre occupation pendant quatre ans (1940-1944) par la même Allemagne.

 

Il y a, en second lieu, que la présidence tournante de  l’Union européenne est exercée depuis janvier dernier par Emmanuel Macron. L’invasion par la Russie de l’Ukraine, candidate déclarée à l’adhésion à l’UE, anéantit les efforts qu’il avait densifiés en faveur du règlement par le dialogue du contentieux entre ces deux pays voisins, historiquement très liés. Elle assombrit, ruine même l’ambition qu’il s’était donnée de contribuer à l’érection d’un   » nouvel ordre de sécurité et de stabilité en  Europe » et cela  lui est insupportable.

Troisième facteur : le président Macron va probablement postuler pour un second quinquennat à l’Élysée même si la déclaration de sa candidature, très attendue dans l’hexagone, vient d’être ajournée précisément à cause de  » la guerre en Ukraine « . L’homme s’est mis, en effet, dans la peau d’un chef de guerre, sermonnant à tout-va Poutine, poussant à la prise des « pires sanctions  » contre ce  » dictateur  » (Le Driyan), envoyant soldats en appui au dispositif de l’OTAN en Roumanie et armes au gouvernement ukrainien. Cette frénésie belliqueuse inquiète nombre de ses concitoyens à cause des conséquences désastreuses qui pourraient en découler non seulement pour la France et l’Europe mais aussi pour la planète toute entière. Mais, à l’évidence elle  vise à faire paraître son tenant comme un homme d’Etat à la hauteur des défis, capable de  » rassurer et de protéger les Français « , comme il l’a dit lui-même.

A ces trois facteurs s’ajoute un autre, de notre point de vue : la rivalité entre la France et la Russie en Afrique qui, ces temps-ci, tourne manifestement à l’avantage de la dernière nommée. Laquelle a supplanté la première en Centrafrique, jusque-là faisant figure de province française et est en passe de faire autant au Mali dont les relations avec Paris n’ont jamais été aussi mauvaises. Un double camouflet qui pourrait générer des répercussions dramatiques sur les intérêts stratégiques de l’ex-puissance coloniale sur le continent.

L’histoire, par un de ces retournements spectaculaires dont elle a le secret, est en train de conforter la position de Macron et de le mettre en situation de prendre sa revanche. Le monde entier attendait de la Russie, réputée la deuxième armée du monde et puissance nucléaire  redoutée, qu’elle  opère un Blitzkrieg (victoire rapide) sur l’Ukraine et ouvre des négociations où elle imposerait ses conditions à l’adversaire défait et à ses soutiens extérieurs. Or voici l’armada de Poutine qui s’enlise aux portes de Kiev et de Kharkiv, peine à soumettre l’armée de Volodomyr Zelensky, ouvrant la voie à une résistance qui peut désormais compter sur l’envoi d’armes de pays occidentaux, eux-mêmes enhardis par la lenteur de l’offensive russe. Parallèlement, les sanctions européennes, américaines et même asiatiques, massives, sévères et coordonnées, menacent de  » conduire l’économie russe à l’effondrement  » pour reprendre la formule de Bruno Le Maire, le ministre français des finances. L’on en est à un point tel que la crédibilité internationale du maître du Kremlin, et peut-être même la survie de son régime autoritaire, sont pronostiquées par des analystes internationaux. Une perspective qui donne des frayeurs à Bamako et à Bangui.

Saouti HAIDARA

Source: L’Indépendant

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