Dans une interview à la télévision d’Etat nigérienne en date du 21 janvier 2025, le ministre d’Etat, ministre de la Défense du Niger, le général de corps d’armée Salifou Mody a annoncé la création et l’opérationnalisation d’une force expéditionnaire de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ladite force, toujours selon les dires du ministre Mody, peut être déployée partout que ce soit entre le Burkina et le Niger ou entre le Niger et le Mali pour faire des opérations conjointes.
Déjà les pays de l’AES mènent des opérations ponctuelles conjointes contre les terroristes, notamment dans le Liptako-Gourma, où les attaques des groupes terroristes sont les plus fréquentes.
Pour les spécialistes de lutte contre le terrorisme au Sahel, la création de cette force dite “unifiée” est une avancée majeure, mais aussi une étape supplémentaire pour une architecture de défense et de sécurité commune. Ces mêmes spécialistes avancent notamment que le succès de cette force mixte dépend, d’un côté, de l’expérience de terrain dont disposent les trois armées, et de l’autre, de la souveraineté et de l’indépendance de décision dont ils font preuve. Parce que cette force unifiée de 5000 hommes aura non seulement son personnel, mais également ses moyens aériens, ses moyens terrestres, ses moyens de renseignement et son système de coordination.
Dans le narratif du ministre de la Défense du Niger, il ressort que les chefs d’Etat-major des trois pays ont déjà fini leur planification et c’est juste une question de semaine pour que cette force unifiée soit visible sur le terrain.
Cependant, au-delà de cette annonce, la question du financement de cette force-là reste encore floue. On sait que le volet militaire du G5 Sahel avait, pour sa part, échoué à recueillir les financements nécessaires pérennes pour son opérationnalisation. Il y avait un précédent, le Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (Cémoc) que feu le feu Amadou Toumani Touré avait tenté de mettre en place en avril 2010 avec l’Algérie, la Mauritanie et le Niger à Tamanrasset dans le but de faire face à la menace terroriste et islamiste. Mais à cause d’un financement pérenne, ce comité n’est pas allé loin.
D’autres spécialistes de lutte contre le terrorisme pensent que les dirigeants de l’AES peuvent utiliser les ressources minières dont ils disposent. Par exemple la rente de ressources minières… Ou encore des prêts qu’ils vont avoir çà et là auprès d’un certain nombre d’Etats, mais aussi des soutiens militaires de leurs partenaires comme la Turquie ou l’Iran.
Ousmane Mahamane
Source : Mali Tribune