Le football malien se dirige-t-il vers une nouvelle crise que celle vécue il n’y a pas longtemps? C’est la question que se posent les observateurs avertis de notre sport roi. A la base de cette guerre entre le Comité Exécutif de la Femafoot (CE-FEMAFOOT) et le Collectif des clubs et ligues majoritaires, se trouve le choix ou le renouvellement des membres des commissions indépendantes qui sont les trois commissions indépendantes (la commission d’audit et de conformité, la commission électorale, la commission d’appel des élections) et les trois commissions juridictionnelles (la commission centrale de discipline, la commission centrale d’éthique, la commission centrale de recours). Si le Collectif des clubs et ligues majoritaires crie à la violation des statuts et règlements du football malien par le président du comite exécutif de la Femafoot, Mamoutou Touré dit «Bavieux» et ses hommes sur cette question et menace d’attaquer les décisions prises par le comité exécutif devant les instances internationales du football, ces derniers nient en bloc cette accusation. Selon eux, tout acte qu’ils ont posé dans ce sens, a été fait dans le cadre du respect strict des statuts et règlements. Le constat qui se dégage après notre enquête auprès des différentes parties est que chaque camp reste campé sur sa position afin d’avoir un dénouement heureux de la crise. Soucieux du rayonnement du football malien sur les cieux, et très avisé sur les questions sportives notamment du football, Gaoussou Drabo, ancien Directeur du Quotidien national «L’ESSOR», ancien Ministre de la Communication, membre de la Haute Autorité de Communication (HAC), a appelé tous les protagonistes à mettre la balle à terre, à préférer la dispute juridique, encore un arrangement raisonnable qui pourra être profitable au football malien, surtout à la nouvelle génération de joueurs qu’on a pour nous faire rêver d’une qualification historique à la coupe du monde.
Des recours déposés pour annulation…
Selon Modibo Coulibaly, trois recours sont déposés à ce jour au niveau de la commission de recours dont le recours contre le classement qu’ils ont fait lors de la 22ème journée du championnat national de ligue1. «La 22ème journée, si vous avez suivi, il y a des équipes qui n’ont pas joué.Normalement, la 22ème journée c’est 11 matchs. Mais sur les 11macths, il n’y a que quatre matchs qui ont pu se jouer. Il y a donc sept qui ne se sont pas joués.Et ces matchs ont été considérés par le comité exécutif comme des matchs à forfait. Dès l’instant qu’un match devient un match à forfait, c’est un match à litige. Et dès l’instant qu’il y a un litige dans un match, la seule commission qui peut homologuer ce match est la commission de discipline. Il n’y a pas de doute (article 31.1 Alinéa C: c’est la commission centrale de discipline seulement qui peut procéder à l’homologation des matchs faisant l’objet de litige). Aucune autre commission ne peut homologuer un match à litige si ce n’est pas la commission de discipline. Or, ces matchs de la 22ème journée, n’ont jamais été homologués par la commission de discipline. A partir de ce moment, l’homologation au sortir de ces matchs de la 22ème journée, le classement qui a suivi et qui a permis de faire le carré d’as et le play off deviennent nuls. Si le classement est nul ça veut dire que le carré d’as est nul ça veut dire que le play off est nul. Et si ceux-ci sont nuls, ça veut dire que le championnat est nul. Si le championnat est nul, l’effet est qu’on vient d’envoyer des équipes en Coupe d’Afrique des clubs. Leur participation a été remise en cause et au plus mauvais moment. Parce que le comité exécutif a baissé la tête, il s’en moque. La décision va tomber pendant peut être que ces clubs sont engagés ou bien qu’ils sont sur le front africain et ça va être une déception totale. Et qu’est ce qui va se passer ?», a argumenté Modibo Coulibaly. Regarde, ajoute Modibo Coulibaly, ces recours que nous avons déposés au niveau de la commission de recours, normalement si la commission de recours était indépendante, elle allait les trancher. « Mais nos recours sont bloqués à ce niveau sans être vidés», dit Modibo. «Nous, on ne demande pas de nous donner raison, mais il faut trancher. Mais les membres de la commission de recours refusent de trancher, parce qu’ils savent que, dès qu’ils tranchent, nous on va au TAS (Tribunal Arbitral du Sport). Ils trainent parce qu’ils savent que c’est le point qui nous amène au TAS, ils trainent parce qu’ils ne veulent pas que le dossier aille au TAS. Nous estimons qu’en refusant de trancher une affaire, le comité exécutif commet un déni de justice et on fera constater cela par un huissier de justice pour demander pourquoi ils ne tranchent pas litiges », a fait savoir Coulibaly.
Le Collectif contre personne, mais pour le respect des textes…
Notre collectif n’est nullement contre quelqu’un, mais pour l’application stricte des textes. «Ce n’est pas histoire de médiation, c’est une histoire d’application des textes. Ça c’est par rapport au championnat. Ils viennent sortir des décisions pour dire qu’ils vont faire une assemblée le 28 décembre. Et par rapport à cette assemblée, ils ont pris une décision pour nommer encore leur secrétariat qui va faire le rôle de commission électorale. Ça aussi est très grave.Le secrétariat ne peut pas faire office de commission électorale. Parce que la commission électorale doit être indépendante. Et les membres de la commission électorale doivent être élus. Et même s’ils doivent procéder à l’élection, il faut qu’ils soient indépendants vis-à-vis de toutes les parties.Or l’élection se passe entre des membres proposés par le comité exécutif et les membres proposés par les autres membres de la Femafoot. A partir de ces moments, si c’est votre secrétariat qui doit trancher, où est la transparence, la justice ?», a fait savoir Modibo Coulibaly. Comment on peut choisir le président de la commission électorale et le président de la commission d’appel alors qu’ils en sont des juristescomme le demandent nos textes ? S’interroge M. Coulibaly. « Le collectif ne comprend pas comment on peut faire les choses comme ça. Si ce n’est pour mélanger le football, pour créer une crise qui va être plus grave que celle que nous venons de vivre. Ce n’est pas notre souhait, mais nous avons suffisamment averti tout le monde. Nous avons averti le ministère des sports (Nouveau ministre) qui nous a reçus il y a quelques jours. Avant, nous avons été reçus par la direction nationale des sports et de l’éducation physique avec laquelle nous avons fait un travail technique, nous avons amené tous les dossiers avec nous (statuts, règlements, etc.) sauf qu’à la date d’aujourd’hui, il n’y a pas de réaction. Mais c’est au détriment du football malien que ça va se faire. Nous ne sommes pas là pour faire plaisir à X ou Y, mais nous sommes là pour l’application des textes, et l’application strict des textes.Nous nous adossons aux textes pour faire tout ce que nous faisons », a martelé Modibo Coulibaly.
Délégué par la Fédération Malienne de Football de répondre et de s’exprimer sur cette question inquiétante sur l’avenir du football malien, Ibréhima Zi Coulmibaly, membre de la Cellule de communication, a indiqué d’entrée qu’il n’y a aucune violation des textes par le Comité exécutif de la Femafoot. La commission ad hoc (commission transitoire) est belle et bien statutaire. C’est l’article 73 des statuts et règlements qui parle de la mise en place des commissions ad hoc. «Il stipule que le comité exécutif peut, si nécessaire, constituer des commissions ad hoc dans un but précis et pour une période déterminée. Le Comité exécutif doit désigner un président, un vice-président et les membres de la commission ad hoc. Ces obligations et fonctions sont définies dans un règlement spécifique approuvé par le Comité exécutif. Une Commission ad hoc rapporte directement au comité exécutif ». Quand le nouveau bureau a été élu, dit Zi, le Conor, lors de la passation, a fait mention de ces commissions. Puisque certaines de ces commissions avaient des rôles spécifiques, ajoute Zi, dans la continuité de la saison sportive, le bureau exécutif de la Femafoot a jugé nécessaire de reconduire ces mêmes commissions pour que le championnat ne puisse pas être arrêté. Et il fallait convoquer une nouvelle assemblée générale pour la mise en place de ces commissions. Le 26 janvier 2020, explique Zi, l’assemblée extraordinaire de la mise en place des commissions indépendantes avait été convoquée. Mais, regrette Zi, les parties ne se sont pas mises d’accord sur le quorum. Ainsi donc, poursuit Zi, le président de la Femafoot, Mamoutou Touré dit « Bavieux », a écrit à la FIFA (bureau des associations) pour des directives à suivre. Après analyse des statuts et règlements à notre disposition aujourd’hui, souligne Zi, le bureau des associations de la FIFA, à travers MonsengoOmba, a dit qu’il y a un vide juridictionnel au niveau des textes à ce niveau. Et en ce moment, appuie Zi, il faut continuerpour continuer la saison sportive, c’est-à-dire, finir le championnat de ligue 1, de ligue 2 pour connaître en ces moments les délégués légaux à l’assemblée générale ordinaire pour la mise en place de ces commissions. C’est ce qui a fait, malgré la pandémie de Covid-19, déclare Zi, qu’on a joué le championnat jusqu’à son terme à tous les niveaux pour pouvoir désigner, avoir les délégués légaux pour la mise en place pour l’assemblée générale. Aujourd’hui, dit Zi Coulibaly, nous sommes entrain d’organiser l’assemblée générale ordinaire. En ces moments, dit Zi, nous sommes entrain de préparer cette assemblée pour recevoir les dossiers de candidature pour les examiner. Ainsi donc, note Zi, si on n’a pas une commission transitoire pour le faire, comment on va faire? S’est-il interrogé. C’est pourquoi, poursuit-il, le comité exécutif, en se basant sur les textes (article 73 des statuts et règlements votés le 15 juin 2019), stipule que le comité exécutif pour besoin peut mettre une commission ad hoc en place; commission qui peut être appelée commission transitoire. Ce sont ces deux commissions, affirme le porte parole de la Femafoot, qui ont été mises en place (commission électorale et commission d’appel) et chargées de recevoir les dossiers de candidature (ceux qui veulent faire acte de candidature pour être membre de la commission électorale ou pour être membre de la commission d’appel). Des commissions qui ont pour mission, selon Ibréhima Zi Coulibaly, de retenir ou pas les dossiers qui sont bons ou pas. Les listes qui seront au niveau de ces commissions indépendantes à la date butoir, ajoute Zi, seront à l’assemblée pour la mise en place de ces différentes commissions indépendantes. Les membres des commissions indépendantes qui avaient été mises en place par le CONOR continuent. Donc puisque la saison continuait, dit-il, par exemple la commission de discipline qui est une commission juridictionnelle et dont le rôle intervient beaucoup dans le déroulement du championnat ne pouvait être vacant. C’est pourquoi les différentes commissions qui existaient sous le CONOR, précise Zi, ont été reconduites par le bureau exécutif de la Femafoot. Maintenant, poursuit Zi, il restait les deux commissions indépendantes (la commission d‘appel et la commission électorale). Parce que la FIFA a donné le pouvoir au CONOR de se constituer en commission d’appel et en commission électorale. Donc puisque le bureau a été élu et que le CONOR a déjà passé la main au nouveau comité, le rôle de cette commission qui était composé des membres du Conor est fini en ce moment.De ce fait, dit ZI, il n’y a plus de commission électorale et de commission d’appel. Le Comité exécutif voulant mettre cette commission indépendante d’appel et électorale en place, est obligé de créer une commission ad hoc (transitoire) pour jouer ce rôle avant la mise en place des dites commissions. «Il n’y a pas du tout de violation de textes par le comité exécutif parce que c’est statutaire. Les statuts et règlements généraux de la Femafoot ont été votés et sont appliqués, notamment l’article 73».
Très imprégné des questions sportives, notamment du football malien, Gaoussou Drabo, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour demander aux protagonistes de mettre la balle à terre, de trouver un arrangement pour l’intérêt du football malien. «Moi, je perçois l’inquiétude du journal à travers ce qu’il fait de la situation du football malien. Et je crois que c’est l’analyse de tout amoureux du football malien. Parce que nous avons traversé une période extrêmement difficile qui a vu l’intervention de la FIFA, qui a vu l’instauration du CONOR. Disons que le Conor avait trouvé une solution qui relevait plus de l’arrangement que de la solution définitive. De l’arrangement parce que beaucoup reposaient sur, disons, la bonne volonté de tous les protagonistes à exécuter et à respecter l’apaisement qui a été obtenu. Malheureusement, je crois que le temps des polémiques est revenu. Le temps également des discussions sur les textes, sur les règles organisationnelles, est revenu. Et ça paraît même annoncé un raidissement similaire à celui que le football malien a pu surmonter. Moi, très sincèrement en tant que journaliste sportif, je suis peiné de voir l’actualité prendre ce tour. Parce que pendant toute ma carrière de journaliste sportif, il y a eu des crises au sein du football malien et des crises au sein de la Fédération Malienne de Football. Mais, jamais dans cette intensité, dans cette forme radicale, et surtout dans cette persistance. Et je trouve que c’est dommage. Parce qu’ effectivement, la solution qui a été trouvée, ce n’est pas donné tord à l’un oubien raison à l’autre. C’était de trouver une solution provisoire qui serait fortifiée par l’engagement de tous les protagonistes. Mais ça ne s’est pas réalisé et c’est dommage. C’est dommage parce que sur le terrain même du football, nous avons par exemple une sélection nationale «A» qui réunit un groupe extraordinaire de jeunes talents. Des talents qui font que notre nation, si cette sélection était gérée avec la pleine implication de tous les acteurs, nous mènerait tout logiquement à une qualification historique pour la Coupe du Monde. Donc par expérience, je me dis que lorsque le climat organisationnel est perturbé, il y a toujours des retombés au niveau de la gestion des sélections nationales. Parce qu’effectivement il y a de l’énergie qui va dans certaines questions et qui ne va pas directement dans la gestion des sélections nationales. Comme amoureux du football, j’espère que tous les protagonistes qui se connaissent très bien vont quand même préférer la dispute juridique, encore un arrangement raisonnable. Et surtout dans cet arrangement, je crois que ceux qui ont pour le moment entre leurs mains les destinées du football malien, feront des concessions pour que le calme revienne », a proposé l’ancien Directeur du Quotidien national «l’Essor», ancien Ministre de la Communication, et membre de la Haute Autorité de Communication (HAC) aujourd’hui.
Hadama B. Fofana
Source: Le Républicain- Mali