En cas de cris ou comportements racistes, le match sera désormais immédiatement arrêté de façon temporaire et les joueurs réunis au milieu de terrain.
La Fédération italienne de football (FIGC) tente de durcir un peu le ton contre les actes racistes perpétrés dans les stades. L’institution a annoncé, mercredi 30 janvier, une simplification et un renforcement de la procédure mise en œuvre en cas de cris racistes dans les stades, après l’émotion suscitée par des incidents récents.
Désormais, en cas de cris ou comportements racistes signalés par les délégués fédéraux ou par les responsables de l’ordre public, le match sera immédiatement arrêté de façon temporaire et les joueurs réunis au milieu de terrain. Une annonce sera alors faite par le speaker du stade, à jeu arrêté. En cas de deuxième signalisation, les joueurs rentreront aux vestiaires. La responsabilité de reprendre ou d’arrêter définitivement le match reste au représentant de l’ordre public.
Auparavant, la suspension du match ne pouvait intervenir qu’au bout de trois annonces effectuées par le speaker.
Le président de la Fédération italienne de football, Gabriele Gravina, a rappelé que « l’hypothèse d’une suspension créait un préjudice d’image pour le football italien et pour les vrais supporteurs ».
« Les responsabilités doivent être individuelles et non collectives. Mais il faut faire quelque chose pour que le vrai football puisse triompher. Il faut dépasser ces incidents avec un supportérisme sain. »
Cris de singe
Le 26 décembre, le défenseur franco-sénégalais de Naples, Kalidou Koulibaly, avait été visé par des cris de singe à plusieurs reprises lors d’un match disputé à Milan contre l’Inter, sans que l’arbitre n’agisse. Le joueur de Naples avait alors applaudi ironiquement ce dernier, lequel n’hésitera pas à lui infliger un second carton jaune synonyme d’expulsion. Selon son entraîneur, Carlo Ancelotti, le staff napolitain avait demandé, à plusieurs reprises, mais en vain, l’interruption du match à cause de ces cris racistes.
Phénomène récurrent dans le football italien, les cris de singe qui ont visé Koulibaly au stade San Siro donnent rarement lieu à d’autres punitions que des amendes ou des fermetures de stade ou de tribunes avec sursis. Mais cette fois, l’Inter avait été punie plus durement, avec deux matches à huis clos total et un à huis clos partiel.
Réputation de laxisme
L’Italie n’est pas le seul pays européen à être concerné par les actes de racisme : chants, insultes, jets de banane sont récurrents dans les stades. Le Français Blaise Matuidi, en janvier 2018, ou le Ghanéen Sulley Muntari, en mai 2017 en ont été victimes. En Angleterre, Raheem Sterling, l’international anglais d’origine jamaïcaine de Manchester City, a été visé en décembre 2018 par des remarques racistes de supporteurs de Chelsea, lesquels, un mois plus tôt, avaient profité d’un match de Ligue Europa, en Hongrie, pour entonner des chants antisémites à l’attention des fans de Tottenham.
L’Angleterre fait pourtant partie des pays où le racisme dans les stades a le plus reculé ces dernières années. La France aussi a fait en sorte d’assainir ses tribunes, grâce à une politique offensive comprenant sanctions judiciaires, interdictions de stade et d’abonnement à l’encontre des individus reconnus coupables d’actes racistes. Certains groupes de supporteurs ont également fait le ménage parmi leurs membres. Mais dans d’autres pays européens, le laxisme reste la règle. En Italie, la Fédération de football et la Ligue professionnelle sont réputées, jusqu’à présent, pour leur manque de sévérité.
Source: lemonde.fr