Après la démission de Oumar Tatam Ly, qui ne supportait plus d’être Premier ministre de façade, Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas mis assez de temps pour trouver un occupant du fauteuil primatorial : Moussa Mara.
Ambitieux, il l’est. Fin calculateur, il l’a toujours été. Ce qui lui avait permis de se retrouver dans le cercle de ces jeunes politiciens, ‘’sponsorisés’’ par Amadou Toumani Touré.
Après le coup d’Etat de mars 2012, Mara était parmi ceux qui arpentaient les couloirs du siège de l’ex-junte de Kati. Le vent avait tourné !
Lors de la présidentielle de juillet 2013, l’expert comptable a vite fait ses calculs. Il ne s’est guère trompé : les dés étaient d’avance… pipés.
En portant son choix sur Mara, le vieux a vu juste. Il a son Premier ministre idéal. Un homme capable de tout et de toutes les compromissions dans le seul objectif de meubler son parcours politique.
Cependant, sa nomination fut une pilule amère pour les caciques du parti présidentiel, le Rpm. Mais, Mara n’en a cure. Pour lui, seul son fauteuil compte désormais. Et devant les députés, il vient d’en donner la preuve en tentant (maladroitement) de convaincre les Maliens, sur un certain nombre de sujets à polémique dont l’achat (à 20 milliards de F CFA, dévoile-t-il) d’un avion présidentiel, au moment où le pays sombre, chaque jour, dans une grave crise économique et financière. Au moment où les Maliens sont désemparés face aux dures réalités de leur quotidien.
Par des déclarations truffées d’incohérences, voire de contrevérités, autour de cette affaire d’avion, le Premier ministre a incontestablement manqué son «coup» à l’hémicycle.
Au lieu de convaincre les Maliens, il conforte leur conviction que le pays a d’autres priorités que l’acquisition d’un avion pour le confort du président de la République. La situation économique se dégrade au fil des jours, l’inflation est galopante. Le chômage s’accroît. La situation sécuritaire au nord reste toujours confuse. Kidal demeure une zone de non droit aux mains de groupes rebelles….Bref, que de préoccupations et d’urgences pour le Mali, où le pilotage à vue devient la seule règle de gouvernance !
Quant à Mara, il signe un faux départ. Sans doute.
C.H. Sylla