Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a reçu hier en fin de matinée, la ministre française des Armées, Florence Parly. L’audience qui a été suivie
d’un tête-à-tête entre le chef de l’état et son hôte du jour, a eu lieu à la Villa des Hôtes
à l’ex-Base B
à sa sortie d’audience, la patronne des armées françaises a rappelé que sa dernière visite au Sahel remontait à quelques mois. Selon elle, les évènements récents justifient qu’elle s’y rende. « Je suis présente sur le territoire malien au moment où le Mali a subi un drame à Indelimane. J’ai donc présenté mes condoléances au président Keïta. Je lui ai renouvelé la détermination de la France à poursuivre ce combat qui est mené très courageusement et avec une très grande détermination par les armées maliennes contre le terrorisme», a-t-elle indiqué, ajoutant qu’elle a fait part au chef de l’Etat du souhait de son pays, dans la mesure du possible, de renforcer son appui au Mali.
Florence Parly a confirmé que la situation sécuritaire est difficile aujourd’hui en attestent les récentes attaques. Cependant, elle pense qu’il faut aussi observer et souligner les grands progrès qui sont en train d’être réalisés. Elle a évoqué la récente découverte d’une réserve d’armements, de carburant et de matériels appartenant aux terroristes par les Forces armées maliennes près de Boulkessi (voir l’article ci-contre). Florence Parly pense qu’il faut savoir regarder devant et mettre en avant les progrès réalisés. Au-delà des progrès réalisés sur le plan militaire, elle dit avoir évoqué avec le chef de l’état, les étapes qui sont en train d’être franchies sur le terrain dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. En plus, dit-elle, le président Keïta a mentionné le Dialogue national inclusif qui est en cours.
Par ailleurs, la ministre française des Armées a fait savoir qu’elle a également évoqué avec le chef de l’état les questions de désarmement d’un certain nombre d’anciens rebelles et la nécessaire réintégration de toutes les parties prenantes pour reconstituer un état malien inclusif et ouvert à tous.
Un autre sujet abordé au cours de l’audience est la Force conjointe du G5 Sahel qui a repris ses opérations et qui va désormais pouvoir constituer un véritable point d’appui pour les Forces armées maliennes.
Se justifiant sur un sentiment partagé par les populations qui se demandent pourquoi les attaques terroristes ont lieu alors que la Force Barkhane a tous les moyens nécessaires pour les éviter, Florence Parly trouve qu’il est légitime que la population s’interroge lorsque des drames de cette nature interviennent. Cependant, elle précise que la lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine.
Selon elle, c’est une guerre qui s’inscrit dans la durée. Mieux, elle dira qu’une guerre ne s’évalue pas à chacune des batailles qui sont menées. «Je crois que nous sommes tous persuadés, les responsables des armées maliennes comme ceux des différentes forces qui sont présentes sur le territoire malien comme au Sahel, que c’est un combat qui doit s’inscrire dans le long terme. Et donc, rien ne serait pire que de donner raison aux terroristes en baissant la garde au moment où des évènements aussi dramatiques se produisent», a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il faut pouvoir poursuivre. Mais pour cela, il y a des conditions de succès sur lesquelles elle a eu un échange approfondi avec le président Ibrahim Boubacar Keïta. D’après elle, c’est le moment de mettre toutes les chances de notre côté pour gagner ce combat.
Mme Parly a aussi parlé de l’Opération ‘’Bourgou IV’’ qui sera sous le commandement de Barkhane et qui va associer les Forces maliennes d’un côté et burkinabè de l’autre. Elle est convaincue que cette opération qui a commencé récemment, doit permettre de franchir des étapes importantes.
Répondant à une question sur la position de son pays sur le récent sommet Russie-Afrique, la ministre française pense que c’était tout à fait légitime que les chefs d’état africains répondent à l’invitation du président russe Vladimir Poutine. Selon elle, la France est prête à collaborer avec tous ceux qui souhaitent contribuer à l’émergence de la paix et de la sécurité. Mais, il faudrait que ce soit un engagement de bonne foi.
Florence Parly était accompagnée de l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, du commandant de la Force Barkhane, général Pascal Facon et de plusieurs officiers français. L’audience s’est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé, du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré et de celui de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah. Le secrétaire général de la présidence de la République, Moustapha Ben Barka et le chef d’état-major général des Armées, le général Abdoulaye Coulibaly étaient également présents.
Depuis lundi, la ministre française des Armées a entamé une tournée au Sahel dont la première étape était N’Djamena au Tchad. Elle y a rencontré le nouveau commandant de la Force Barkhane et le président Idriss Deby Itno. Ensuite, Florence Parly s’est rendue au Burkina Faso où elle a eu un entretien avec le président Roch Marc Christian Kaboré dont le pays fait aujourd’hui face aux mêmes défis sécuritaires que le Mali.
Dieudonné DIAMA
Source: L’Essor-Mali