Rarement, le limogeage d’un Directeur Général n’avait suscité autant de polémiques. Cela parce qu’une fin de mission est ce qu’il y a de plus naturel pour tout Responsable, à quelque niveau que ce soit. Mais l’Homme est devenu célèbre malgré lui ou presque. En tous cas, depuis l’annonce de son limogeage après le Conseil des Ministres du mercredi dernier, la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre dans tout le pays.
Ce qu’il convient d’appeler « l’affaire Dra » continue de faire des gorges chaudes et d’alimenter les débats à travers tout le pays. Il avait attiré l’attention du Public, après quelques temps seulement de son accession à la tête de la nationale malienne de l’énergie. Cela, par des actions pour le moins révolutionnaires ou courageuses. Dans sa politique de recouvrement des factures impayées, il n’hésitait pas de faire couper le courant même dans Institutions de la République et principales sociétés étatiques. Une démarche peu habituelle dans cette structure qui, des décennies durant, a constitué une vache laitière pour certains et un lieu de spéculations pour d’autres. La crise structurelle qui gangrène la boite depuis bien longtemps l’a rendu terriblement déficitaire au point que chaque année les abonnés et les fournisseurs divers souffrent le martyre d’une insuffisance criarde de ressources. L’on se rappelle que Dra avait suggéré des pistes de solution par l’usage des énergies renouvelables comme l’hydroélectrique, l’éolienne et l’énergie solaire dont la mise en place nécessite des investissements financiers assez lourds qui s’étalent également sur quelques années de travaux.
Le plus dur c’est que, cette année, la subvention accordée par l’État pour couvrir une partie des besoins n’est toujours pas tombée. Et cela malgré les courriers adressés par la Direction Générale de l’EDM au Ministre Malick Alhousseïni Maïga pour la mise à disposition de ces fonds. Des Techniciens notent que sans cet argent c’est depuis trois mois que les délestages graves auraient pu commencer. Mais c’est par des initiatives personnelles du DG que les centrales continuaient de tourner au moment où l’argent de l’État se fait attendre. Conséquences, l’EDM souffre, les usagers suffoquent et les fournisseurs sont en colère.
Récemment, il avait mené des actions anti fraudes qui ont permis de démanteler un réseau de fraudeurs impliquant plusieurs patrons industriels à Koutiala en complicité avec quelques agents de l’EDM-sa. Une opération intervenue peu de temps avant la dernière visite du Président de la République dans ladite cité. Dramane Coulibaly a aussitôt prévenu que des opérations de vérifications allaient s’étendre à toutes les sociétés du pays avec une descente imminente sur Bamako. Certains Chefs d’entreprises ont, donc, juré de faire payer à Dra le prix de sa témérité. En faisant le point, l’EDM a pourtant récupéré des sommes importantes qui lui ont permis de régler une partie de ses charges colossales ; même si cela n’est qu’une larme dans un océan. Au nom de l’assainissement des ressources humaines, le Conseil de discipline a été rétabli sous sa direction et plusieurs sanctions sont déjà tombées. Tout cela avait attiré l’attention de plus d’un qui suivent la gestion au quotidien du jeune DG.
Beaucoup avaient prévenu d’un risque réel pour le Jeune DG de se faire éjecter de son poste s’il persistait à vouloir bousculer des habitudes, certes pas louables, mais qui se sont enracinées. Elles ont même constitué un terreau fertile pour des réseaux mafieux prêts à « liquider » tous ceux qui veulent mettre fin à leurs intérêts égoïstes. C’est visiblement ce dont est victime Dramane Coulibaly, qui était bien conscient de cette adversité ambiante. « Je préfère être impopulaire auprès de certains lobbys et autres groupes de pression, mais répondre du mieux que je peux aux besoins de la population. C’est la mission que l’État m’a confiée», avait-il déjà expliqué.
Oumar Diakité
LE COMBAT