Le 26 mars 2024 marque juridiquement la fin de la transition politique au Mali, conformément aux engagements pris par les autorités de l’Etat. Ils exigent un nouveau mécanisme traditionnel pour le retour à l’ordre constitutionnel.
D’engagement en engagement, les militaires au pouvoir poursuivent leur mission nonobstant l’arrivée à terme de la transition en cours depuis le 18 août 2020. Comme annoncé dans les textes, le 26 mars dernier marquait, en toute évidence, la fin de cette transition politique ayant fait l’objet de prorogation à répétition au Mali. Via un communiqué publié pour la circonstance, le parti Rassemblement pour le Mali (RPM) de feu Ibrahim Boubacar Keïta, ancien président de la République déchu, appelle à la mise en place d’un nouveau mécanisme transitionnel dans un délai de six mois. « Le 26 mars 2024 marque juridiquement la fin de la transition politique au Mali, instaurée à la suite de l’arrestation du président démocratiquement élu, feu Ibrahim Boubacar Keïta et la démission de celui-ci de toutes ses responsabilités. C’était le 18 août 2020 », rappelle-t-on dans le communiqué du RPM. Ce coup d’Etat militaire a ouvert la voie à la transition politique dont la durée a été initialement fixée à dix-huit (18) mois. Le non-respect de cette échéance a valu aux Maliens l’imposition des sanctions économiques et financières de l’UEMOA et de la CEDEAO. Une deuxième phase de la transition avait été fixée à 24 mois pour compter du 25 mars 2022 par décret N2022-0335/PT RM du 6 juin 2022. Le 25 septembre 2023, le gouvernement annonça sa décision d’organiser exclusivement l’élection présidentielle pour sortir de la transition avec « un léger report » pour des raisons techniques. « Aujourd’hui, six mois après cette annonce et à la veille de cette échéance juridiquement actée, le RPM estime que les contraintes précédemment évoquées par les autorités de la transition ont toutes été levées ». Mettant l’accent sur la grandeur de résilience dont le peuple a fait preuve toute cette période, la force politique soutient que la transition politique doit impérativement s’achever. Aussi, la transition sera d’autant plus réussie que si elle va s’achever par un processus politique transparent, participatif et inclusif. Le parti du défunt régime IBK appelle, en tout état de cause, les autorités de la transition au respect des engagements souverainement pris devant la communauté nationale et internationale. Il rajoute : « le RPM en appelle à la responsabilité du président de la transition pour mettre en place en toute urgence un nouveau mécanisme transitionnel pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de six mois ». Dans un communiqué conjoint, le M5-RFP Mali kura et le parti Yelema (Changement) déplorent, à cet effet, le non-respect du délai imparti à la transition. Les deux forces politiques se disent convaincues « qu’après 3 ans et 8 mois, de report en report provoqué, la transition ne saurait aux forceps de s’éterniser ». Le M5-RFP Mali kura et le parti de Moussa Mara recommandent, en toute urgence, une concertation avec les responsables des forces vives nationales ; de redéfinir le contour et les objectifs, voire d’identifier les acteurs d’une nouvelle transition courte. Elles invitent l’ensemble des Maliens à se mettre ensemble et à défendre les principes et valeurs de la démocratie.
La transition désormais disqualifiée à gouverner !
Parmi les mouvements protestataires figure l’Appel du 20 février pour sauver le Mali. Au nom de ses militants, le coordinateur général annonce ceci : « Nous sommes à un moment crucial de la vie de notre nation. Appréciant l’engagement des uns et des autres, je tiens à vous rassurer de notre détermination à faire triompher le droit sur l’arbitraire, étant donné que le Mali reste un État de droit assis sur des principes démocratiques ». Pour Cheick Mohamed Cherif Koné, « ne nous(maliens) laissons pas intimider par des amateurs assoiffés du pouvoir. Les colonels portés au pouvoir par les armes et leurs alliés sont désormais disqualifiés pour nous gouverner. La longue transition encombrante de laquelle ils tenaient leur pouvoir vient de prendre fin aujourd’hui même, 26 mars 2024 en application de leur propre décret ». S’exprimant via un communiqué laconique, le magistrat radié tenait à également confier : « Si nous les avons supportés pour éviter le chaos au Mali que nous aimons tous, il est grandement temps pour eux, de faire aussi preuve de sagesse en quittant purement et simplement la commande politique du pays ». « Ceci permettrait la mise en place d’une transition civile de mission en charge d’organiser des élections démocratiques en vue du retour à l’ordre constitutionnel tant attendu par nos compatriotes désabusés et l’ensemble de la communauté internationale », a-t-il indiqué. En s’accrochant encore obstinément au pouvoir en dépit de la fin de la transition, les Colonels en arme et leurs alliés en rupture avec la légalité constitutionnelle et les valeurs républicaines seront, dit-il haut et fort, seuls responsables des conséquences de la désobéissance civile qui se dessine et dont toutes les conditions sont suffisamment réunies. De son côté, l’association AFA Mali signale que pour donner une nouvelle chance à la démocratie et au respect de l’Etat de droit au Mali, les démocrates et les patriotes se retrouveront pour « dire non à une nouvelle prorogation de la transition militaire et à obtenir la mise en place d’une transition civile ». Notons que la fin de la transition a nécessité une réaction venant de la synergie d’action pour sauver le Mali, le mouvement Wuli Ki Jo Mali Ye en passant par d’autres mouvements et partis politiques désormais en bloc pour la fin de la transition en cours.
Mamadou Diarra