Tout finit bien qui commence mal, serait-on tenté de dire à propos la brouille qui a assombri, pendant de longs mois, les relations entre Fonds Monétaire International (FMI) et le Mali.
Cette brouille, qui s’est traduite par la suspension de l’aide du Fonds et celle de l’Union européenne et d’autres PTF envers notre pays, avait fait couler, en son temps, beaucoup d’encre et de salive.
Le FMI avait motivé cette suspension par le manque de transparence dans la gestion des finances publiques du Mali, notamment à l’occasion de la passation de certains marchés, comme celui relatif à l’équipement des Forces Armées du Mali (FAMA) dans le cadre de la Loi de programmation militaire.
Subsidiairement, l’achat de l’avion présidentiel avait été lui aussi épinglé comme étant une dépense extrabudgétaire, trop onéreuse au regard de l’état préoccupant dans lequel se débattent les finances publiques.
«La mission est parvenue à un accord qui permettra de proposer la conclusion des premières et deuxièmes revues du programme FEC (Facilité Elargie de Crédit). Ces revues seront soumises à l’approbation du Conseil d’administration du FMI en décembre 2014.
Les problèmes relatifs aux dépenses extrabudgétaires – liées à un avion présidentiel et à un contrat militaire – qui avaient retardé la première revue, initialement programmée pour juin, ont été résolus. Cette résolution s’est déclinée comme suit: publication des deux rapports indépendants d’audit sur ces transactions, communication relative aux processus de sanctions; correction de la surfacturation des contrats militaires; application de contrôles rigoureux aux futurs marchés militaires et incorporation de toutes les dépenses extrabudgétaires au budget de l’Etat et leur élimination à l’avenir.
Le gouvernement va très bientôt soumettre une nouvelle Loi de finances rectificative à l’Assemblée nationale, pour régulariser les dépenses extrabudgétaires pour un montant de 30 milliards de FCFA, à financer par un recours au marché financier régional. Cet ajout portera le déficit budgétaire global à 5,8 pour cent du PIB, à comparer à 5,2 pour cent dans la Loi de finances rectificative approuvée en août».
Pour le ministre des Finances, cet incident de parcours a été une bonne chose pour le Mali, en termes de bonne gouvernance, dans la mesure où la mission du FMI aura donné l’occasion à la partie malienne de corriger les faiblesses constatées.
Mme Bouaré Fily Sissoko de plaider, malgré tout, pour la prudence et d’attendre le rapport définitif du Bureau du Vérificateur Général pour tirer toutes les conclusions qui s’imposent. En somme, cette mission d’évaluation, dont toutes les parties ont salué l’efficacité, aura permis au Mali et au FMI d’enterrer la hache de guerre pour fumer, enfin, le calumet de la paix.
La conférence de presse qui a sanctionné la mission d’évaluation, le 25 septembre, dans la salle de conférences de l’hôtel des Finances, sis à Hamdallaye ACI 2 000, a permis à Mme la ministre donné également des explications sur l’avion présidentiel, dont l’achat a été dicté par le souci d’efficacité et de pragmatisme.
Le prix d’achat, à savoir 18,5 milliards de FCFA, est conforme aux normes internationales admises qui, s’est-elle référée au BVG, est compris dans une fourchette allant de 30 à 40 millions de dollars. Mais, en tenant compte des frais liés à l’entretien et au contrôle, le prix de revient s’élève, s’est-elle empressée d’ajouter, à 20 milliards de nos francs.
Au regard de la levée de ces difficultés, qui assombrissaient le ciel de la coopération entre son institution et le Mali, M. Christian Josz, le chef de la mission d’évaluation du FMI, a annoncé, pour le mois de décembre, le décaissement au profit de notre pays de 12 millions de dollars, dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC).
La mission du FMI a, par ailleurs, permis de révéler que les fondamentaux de l’économie restent solides, malgré la crise. «En 2014, l’économie malienne renoue avec sa trajectoire de croissance normale, avec un produit intérieur brut (PIB) réel qui progresse de 5.8.
En 2012, le taux de croissance avait été nul, en raison de la crise sécuritaire et, en 2013, il n’avait été que de 1,7%, par suite des mauvaises récoltes. L’inflation reste faible, se situant à 1%, après un niveau de -0,6% en 2013.
Les projections pour 2015 misent sur une croissance réelle qui devrait se maintenir aux alentours de 5.5% et sur une inflation qui devrait rester nettement inférieure à l’objectif de 3% de la Banque Centrale » conclut le communiqué de presse du FMI en date du 25 septembre.
Il est à espérer qu’avec la caution du FMI, les autres partenaires techniques et financiers, à l’image de l’Union européenne, reprennent leur coopération avec le Mali, dans l’intérêt bien compris des deux parties.
Yaya Sidibé