Faut-il craindre une épidémie de la fièvre de Lassa en Afrique de l’Ouest ? Au Niger, au Bénin, au Burkina Faso, mais aussi en Côte d’Ivoire, on s’inquiète de la recrudescence des cas de fièvre hémorragique dans les pays voisins. Une fièvre dont les symptômes et les modes de propagation sont identiques a ceux d’Ebola. Les autorités sanitaires de la région prennent peu à peu des mesures.
On assiste à une augmentation des cas de fièvre Lassa, avec en tête de peloton le Nigeria. La fièvre y est endémique. Elle sévit chaque année, surtout pendant la saison sèche. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, le virus est actif dans 15 Etats du pays depuis le début de l’année. Quelque 105 personnes ont été infectées et 31 ont perdu la vie. Au Bénin, plusieurs cas ont également été enregistrés.
« Depuis le début de l’année, on a eu beaucoup de cas suspects rapportés par le Nigeria : 300 environ, dont 77 ont été confirmés, explique le Dr Pierre Formenty, de l’OMS. Sur ces 77 cas, on a eu environ une vingtaine de décès. On a eu une dizaine de suspects rapportés par le Bénin. Quelques cas suspects aussi, et certains confirmés, au Liberia. Et récemment aussi des cas suspects au Togo. »
Cette situation commence à préoccuper les pays voisins qui craignent une propagation du virus. Après des articles alarmistes dans la presse, la Côte d’Ivoire a dès ce mardi pris des mesures de surveillance, en demandant à toute personne de se rendre immédiatement dans les centres de santé les plus proches en cas d’apparition de forte fièvre suivie de malaise généralisé, de faiblesse et de douleurs musculaires.
Au Bénin, où la fièvre avait fait 28 victimes en 2016, des campagnes de sensibilisation ont été mises en place. Des salles d’isolement ont également été installées dans les hôpitaux. Les autorités sanitaires nigériennes ont quant à elle rendu public, lundi dernier, un communiqué dans lequel elles appellent la population à la vigilance, même si aucun cas n’a pour le moment été enregistré.
Quel mode de transmission ?
La fièvre Lassa se transmet à l’homme au contact des excréments d’un rongeur qui pullule dans les cases. La transmission inter-humaine est quant à elle identique à celle d’Ebola. Elle se fait via les fluides corporels tels que l’urine, la sueur, le sang, la salive, même si elle est beaucoup plus faible.
« La majorité de nos cas sont des gens qui sont exposés soit au rongeur mastomys, qui est le réservoir du virus, soit à des aliments ou à des objets qui ont été contaminés par ces rats. Donc la transmission inter-humaine est limitée par rapport à une maladie comme Ebola », temporise le docteur Formenty, de l’Ogranisation mondiale de la santé.
Point plus rassurant : la fièvre Lassa est asymptomatique dans 80% des cas. Mais dans les autres, elle peut se muer en une fièvre hémorragique foudroyante. Or, le problème est que la maladie est difficile a diagnostiquer rapidement. Les premiers symptômes ressemblent a ceux du paludisme : fièvre, céphalées, douleurs.
Par ailleurs, il n’existe pas de test de dépistage et les signes spécifiques de la fièvre Lassa ne se manifestent que lorsqu’il y a hémorragie. Il est alors trop tard pour que le traitement, s’il est disponible, ne fasse effet. D’où l’importance des campagnes de sensibilisation et des surveillances précoces des malades.
Et avec l’amélioration en Afrique « de la surveillance et de la prise en charge », pointe le docteur Pierre Formenty, « on détecte beaucoup plus de cas que les années précédentes. »
RFI