Nous sommes à la veille de la fête de ramadan. Bientôt la fin de ce mois d’abstinence et de privation pour les fidèles musulmans. L’effervescence est donc perceptible dans la ville de Bamako. Malgré la pandémie de Covid-19, les mouvements sont visibles devant les marchés, dans les salons de coiffure et dans les ateliers de couture.
Au Mali, la fête rime avec l’élégance d’un « bazin riche » bien luisant ou une tête bien recouverte de mèches brésiliennes. Pas que ça, la fête c’est aussi, les repas fastueux, donc la consommation de viande surtout sans modération.
Mais pour bien ajuster sa préparation, il faut avoir la date exacte. C’est bien connu, les dates des fêtes musulmanes sont fixées à travers un calendrier lunaire. Aux derniers soirs du mois de jeûne, les fidèles scrutent le ciel à la recherche du croissant lunaire.
Toutefois, ces dernières années, ce pronostic devient moins hardi. Et pour cause, d’autres indices permettent de miser sur la date de la fête. L’hécatombe des bœufs.
Ces gros ruminants sont attachés dans les coins de rue et dans les cours des bureaux. Certains sont attachés devant les portes ou transportés dans les « Katakatani » dans des conditions épouvantables.
Les bœufs de l’INPS ont-ils été égorgés ? Voici une question qui revient presque sur toutes les lèvres à Bamako, à la veille de chaque de fêtes de ramadan.
L’Institut national de prévoyance sociale, a adopté la tradition abattre ses bœufs à la veille de la fête.
On serait tentés de croire que c’est un indice infaillible pour avoir une idée de la date de la fête. A telle enseigne que c’est devenu presque un réflexe à l’approche de la fête, de demander la position des bœufs de l’INPS.
La tradition s’est généralisée dans beaucoup de milieux socio-professionnels. Dans les « Grins », en famille, sous forme de tontine, les travailleurs des services cotisent pour abattre un bœuf. La viande de l’animal est partagée entre les membres du groupe. La stratégie est-elle plus économique ? Pas sûr. Elle est tout de même sécurisant. Le prix du kilogramme grimpe souvent en période de fête.
Question pour un champion : les bœufs de l’Inps ont-ils une influence sur la date de la fête ? De l’avis de beaucoup de Bamakois, la question mérite d’être posée. Rarement la lune ne s’est pas manifestée après l’abattage massif des bœufs des Bamakois.
On n’osera même pas imaginer la perte que cela représentera pour certains. Les congélateurs pourront-ils rattraper le coup ? Tout le monde ne peut pas s’en offrir. Sans oublier l’électricité qui n’est dernièrement pas le meilleur des alliés.
Ainsi, une autre légende bien connue dit que tant qu’on aura abattu les bœufs à Bamako, la lune sera aperçue. Même si ce serait dans un puits à Kolondiéba ou encore au fond de la calebasse d’une ménagère à Djenné !
M.TOURÉ
Source : L’ESSOR