Observer une trêve entre les associations et ONG féminines pour booster la création des opportunités économiques, l’amélioration des statuts légaux et des droits des femmes, particulièrement l’accès à la propriété, la succession et l’héritage et la participation et l’inclusion des femmes dans les processus décisionnels économiques. Tel est l’appel que je lance aux femmes leaders, en ce 8 mars 2019.
Pour célébrer la journée internationale de la femme, les Nations Unies ont adopté comme thème : » les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et les infrastructures durables au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles ». Ce thème a été décliné par le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, en thème national sur » l’autonomisation des femmes et des filles à travers l’engagement de tous contre les Violences Basées sur le Genre « .
Promouvoir l’autonomisation des femmes, c’est avant tout promouvoir leur pleine et entière participation de celles-ci au devenir de leur société et en favoriser le développement durable. La lutte contre la pauvreté est une des problématiques indissociables de l’autonomisation des femmes. En effet, en raison des inégalités sociales et du manque d’opportunités qui les confinent à la précarité, la pauvreté frappe plus durement les femmes que les hommes autant dans les villes que dans les campagnes. Le thème de l’autonomisation des femmes nous ramène aussi, bien évidemment, à la question plus large de l’atteinte de l’égalité des genres car, pour être égaux, les hommes et les femmes doivent être en mesure de jouir des mêmes opportunités économiques.
Les Nations Unies définissent l’autonomie des femmes à partir des cinq principaux critères que sont : le sens de la dignité, le droit de faire et de déterminer ses choix, le droit d’avoir accès aux ressources et aux opportunités, le droit d’avoir le contrôle sur sa propre vie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du foyer et la capacité d’influencer le changement social afin de créer un ordre économique et social plus juste tant sur le plan national qu’international.
La deuxième dimension est celle de l’amélioration des statuts légaux et des droits des femmes, en particulier en matière d’accès à la propriété, à la succession et à l’héritage. À cet effet il s’agira notamment de développer des cadres législatifs clairs pour la protection des droits des femmes concernant l’héritage des terres et des ressources liées à la terre et d’aborder également les pratiques culturelles qui sous-tendent parfois la discrimination même lorsque des cadres légaux protègent les droits des femmes. Il importe, en outre, de développer des cadres législatifs qui favorisent l’égalité économique des époux ou conjoints quand advint une rupture. Ces dispositions doivent assurer, notamment, l’égalité quant au partage des biens familiaux, à la garde des enfants ainsi qu’au regard des exigences financières et matérielles liées à la garde des enfants. Le respect scrupuleux de ces droits a un impact direct sur la sécurité financière des femmes.
La troisième dimension concerne la participation et l’inclusion des femmes dans les processus décisionnels économiques. Cette participation peut être favorisée par l’implantation de mécanismes qui encouragent la présence des femmes dans les instances décisionnelles. Il s’agit, par exemple, de développer des stratégies pour valoriser la nomination de femmes dans les postes de décision du secteur public ou bien d’établir des programmes qui supportent le réseautage des femmes et le développement d’associations d’affaires.
Cependant, un leadership féminin fort est nécessaire pour le suivi rigoureux de chacune de ces dimensions de l’autonomisation des femmes. Or, depuis environ trois ans, nous constatons que de fortes dissensions règnent au sein de la Coordination des Associations Féminines et ONG (CAFO), creuset de plusieurs associations de femmes du Mali.
Il est donc temps que les associations et ONG féminines taisent leurs divergences pour non seulement donner une chance à la promotion de l’autonomie de la femme, mais aussi et surtout faire face aux fléaux qui s’abattent sur le peuple malien de manière générale, sur les femmes et les filles en particulier. Il s’agit de la détérioration de la situation sécuritaire dans les régions de Mopti et de Ségou où le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a enregistré en 2018,1 742 cas de Violences Basées sur le Genre dont 52% de violences sexuelles (incluant 11% de viols), 13% d’agressions physiques, 6% de mariages forcés, 16% de violences physiques et 13% de dénis de ressources et d’opportunités.
Au regard des violences faites aux femmes et filles, les femmes leaders sont vivement interpellées en disant qu’il y a un temps à tout.
Bonne fête à toutes les femmes
F. Mah Thiam Koné
Source: l’Indépendant