L’opposant Félix Tshisekedi est devenu officiellement le 5ème président de la République démocratique du Congo.
Il a prêté serment jeudi au Palais de la Nation à Kinshasa devant le président kényan, Uhuru Kenyatta, les membres du corps diplomatique, de l’armée, des magistrats et de quelques congolais privilégiés qui ont eu accès au palais.
17 Chefs d’Etat avaient été invités selon le ministère congolais des affaires étrangères.
Parmi les invités se trouvaient le président de Commission électorale Corneille Nangaa, Vital Kamerhe, l’allié de Félix Tshisekedi ou encore Emmanuel Shadary, candidat malheureux du FCC (majorité présidentielle).
C’est la première fois depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo – autrefois Zaïre sous le règne de Mobutu Sese Seko – qu’une passation du pouvoir politique se fait entre les présidents sortant et entrant.
Le nouveau président congolais Félix Tshisekedi a été obligé d’interrompre son discours d’investiture, visiblement en raison d’un malaise.
La chaîne d’Etat RTNC a interrompu la retransmission en direct de la cérémonie d’investiture avant de le reprendre.
“Un célèbre président de notre pays avait dit en son temps: comprenez mon émotion”, a repris M. Tshisekedi, allusion à la phrase du maréchal Mobutu annonçant la fin du parti unique et une relative ouverture démocratique le 24 avril 1990.
“Je m’en excuse auprès du président de la République et de nos distingués invités”, a-t-il lancé en direction de son prédécesseur et des invités.
M. Tshisekedi a promis à ses compatriotes un Etat de droit où la séparation des pouvoir sera une réalité. Il a affiché sa volonté de mettre fin au règne des groupes armés qui endeuillent le Congo.
“C’est un jour historique. Nous ne célébrons pas la victoire d’un camp contre un autre, nous honorons un Congo réconcilié”, a déclaré le président de la RDC, promettant de construire un pays qui “ne sera pas un Congo de la division, de la haine ou du tribalisme”.
Lors d’une dernière allocution, Joseph Kabila a appelé mercredi à “soutenir massivement” le nouveau président.
Félix Tshisekedi vient occuper le fauteuil laissé par Joseph Kabila après 18 ans. M. Kabila a succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné.
Kabila père avait renversé en 1997 le maréchal Mobutu, qui avait lui-même renversé en 1965 le président Joseph Kasa-Vubu.
Bien qu’il soit président, Félix Tshisekedi devra cohabiter avec Joseph Kabila dont le parti politique contrôle l’Assemblée nationale. Les deux camps devront trouver un accord de gestion du pouvoir.
L’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu, dénonce un “putsch électoral” orchestré par les camps Kabila et Tshisekedi et se proclame seul président légitime.
Au moins 2.000 partisans du nouveau président se sont rassemblés devant le palais de la Nation pour célébrer l’opposant qui est arrivé à la magistrature suprême là où son père n’a pu porter l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de son vivant.
Dans les rues de Kinshasa, les congolais se sont attroupés devant les écrans pour suivre la cérémonie retransmise en direct par le diffuseur national de la RDC.
BBC Afrique