L’histoire est un tribunal où se mesure la puissance des élites. Comme chaque année, les pays dictatoriaux arabes commémorent les guerres de Juin 1967 et d’Octobre 1973 ayant opposé les armées arabes et israéliennes.
Dans le cadre de cet article, la période (1967-1973) a été volontairement choisie, en raison du nombre important de pays arabes ayant participé aux guerres.Les contributions aux débats sur la place de certaines ‘’figures historiques ’’ qualifiées ‘’d’hommes illustres’’ lors des guerres font florès. Cependant, plusieurs questions méritent d’être posées concernant les ’’réalisations ‘’ de ces hommes dits d’Etat.
Comment tirer les enseignements qui s’imposent de ces guerres ? Comment les mémoires des guerres israélo-arabes ont-elles évolué depuis 1967 ? Pourquoi les régimes dictatoriaux arabes appellent-ils à la construction d’un front sécuritaire solide, alors qu’ils oppriment une partie du peuple arabe ?Comment nouer le lien entre l’Armée et la Nation ? Quel est l’impact des guerres israélo-arabes sur la société arabe actuelle ?
Comme toutes les guerres, les guerres israélo-arabes sont confrontées à des interrogations, telles que les causes, les vainqueurs, les conséquences, etc. Les récits et les archives permettent d’ouvrir la voie aux spécialistes pour exposer publiquement des chapitres entiers de l’histoire. Les guerres israélo-arabes représentent un pan de l’histoire des pays dictatoriaux arabes. Nonobstant les pertes humaines enregistrées dans les rangs des armées arabes, la mémoire des guerres du Moyen-Orient de 1967 et 1973 est politisée.
Néanmoins, le plus important demeure dans le fait que les propos tenus par certains survivants à ces guerres sur une ‘’victoire’’ dans les rangs de pays en guerre contre Israël sont mensongers. Une tromperie flagrante dont l’objectif est d’occulter l’échec des despotes arabes à prendre en charge les revendications de l’unité arabe. Préserver la fiction est le leitmotiv de machines dictatoriales qui règnent dans certains pays arabes et qui opèrent dans le même but, en se permettant autant de largesses avec l’histoire. Ceci dénote d’une supercherie visant l’opinion publique arabe.
Des guerres aux conséquences désastreuses pour les pays engagés dont une partie du peuple arabe fait preuve d’une ingratitude honteuse, oubliant (ou feignant d’oublier) dans la foulée que la puissance d’une armée s’évalue par l’adhésion du peuple à ses principes fondateurs. Une armée au service du peuple permet de sauvegarder la sécurité du pays. Ces camouflets militaires mettent en cause la raison existentielle des régimes tyranniques arabes. Ces derniers persistent dans leur acharnement contre la promotion des droits de l’homme.
Alors que la victoire militaire d’Israël a été sans équivoque, divers raisonnements “sophistiqués” sont avancés par les dictatures arabes pour maquiller leurs débâcles. Pis, baptiser du nom des défunts dictateurs arabes les académies militaires est le plus grand déshonneur qui terni l’image de la cause arabe. Le fait que certaines académies militaires portent encore le nom de tyrans vaincusconstituent une turpitude. Des académies qui honorent des prétendus grands hommes qui se sont illustrés dans la défaite militaire face à Israël. De plus, ces académies organisent annuellement des portes ouvertes et supervisent certains défilés militaires qui ressemblent à des défilés carnavalesques.
Une fois le rideau tombé, certaines armées arabes adoptent une politique de terreur face aux revendications d’une partie du peuple, renforçant la conviction que la dictature est pire que le colonialisme. En outre, les pierres d’achoppements au sein des pays dictatoriaux privent une partie du peuple arabe des outils démocratiques pour opérer le changement.
Une des grandes Nakba (catastrophe en langue Arabe) a été la création d’Etats dictatoriaux arabes qui ont eu l’outrecuidance de se lancer dans des guerres contre Israël. A cet égard, il faut noter l’impuissance d’une certaine élite arabe à prendre la juste mesure de ce passé politique et à en tirer les conséquences qui devaient s’imposer à savoir : la reconnaissance de la cuisante défaite militaire des pays arabes face à l’Etat d’Israël, un Etat digne de la citadelle des démocraties, fidèle aux principes de la déclaration d’indépendance du 14 Mai 1948.
Ainsi, une nouvelle approche vis-à-vis des guerres du Moyen-Orient doit être accompagnée d’une relecture de l’histoire, dans le cadre d’un processus de démocratisation des Etats Arabes, afin de sensibiliser les nouvelles générations sur l’impératif de connaître les événements charnières des guerres israélo-arabes.
Benteboula Mohamed-Salah.Géographe
Auteur du livre ‘’La diplomatie algérienne à deux têtes ‘’ Editions Amazon