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Faits divers : F. PAYE CHER SA DOUBLE VIE

L’aide-ménagère pensait avoir soigneusement cloisonné ses activités. Mais un incident vient de la mettre doublement en danger

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Les tentations de la grande ville, nous les avons fréquemment évoquées dans cette rubrique. Nous avions notamment regretté qu’autant de jeune filles venues de la campagne y succombent et gâchent ainsi leur vie. Mais les rurales venues à Bamako ne sont pas toutes les naïves victimes de beaux parleurs ou de malfrats sans scrupules. Certaines d’entre elles prennent rapidement la température de la capitale et s’aventurent sur le dangereux chemin de la recherche de l’argent facile. Pour ces dernières, le parcours se termine parfois de façon abrupte et avec un fort arrière-goût d’amertume. F., le personnage principal de notre histoire, doit actuellement ruminer sur la manière dont son avenir s’est dramatiquement obscurci.
La jeune fille est arrivée à Bamako au début de l’année 2014. Agée d’un peu plus d’une vingtaine d’années, venue pour constituer son trousseau de mariage, elle eut la chance de se trouver rapidement un employeur dans un quartier du centre-ville de la capitale. Elle quitta ses premiers patrons au bout de quelques mois pour des raisons que nous n’avons pu éclaircir. Et comme l’hivernage s’approchait, elle choisit de retourner au village voir ses parents. De retour à Bamako, elle n’eut pas plus de mal qu’auparavant pour se trouver une place d’aide-ménagère. Mis cette fois-ci, à la périphérie de Bamako, dans le quartier de Yririmadio-Yorodjanbougou. Ses employeurs se rendirent compte assez rapidement qu’ils étaient tombés sur une vraie perle.
En effet, F. abattait avec une conscience exemplaire les tâches qui lui étaient confiées. Elle paraissait littéralement infatigable. Mais elle s’était mise d’accord avec ses employés que son week-end lui appartienne à partir du samedi soir. Un peu étonné, P. le maître de maison après s’être concerté avec son épouse avait accepté cet arrangement. Un arrangement qui ne pénalisait pas les employeurs, puisque F. s’arrangeait pour tout mettre en ordre avant de s’absenter. Les employeurs la voyaient ensuite s’habiller avec soin et sortir pour une destination inconnue. Mais ni P., ni son épouse ne posaient de questions. Pour eux, à partir de ce moment, chacun avait sa vie et F. pouvait disposer de la sienne comme elle le désirait.

UNE PRATIQUE INHABITUELLE. Le couple aurait été beaucoup moins serein s’il avait su que son employée arrondissait ses revenus en se livrant à la prostitution. F. avait découvert cet univers après avoir quitté son premier employeur et elle avait pratiqué le plus vieux métier du monde avant de s’en retourner au village. Ce qu’elle avait gagné dans l’amour tarifé lui avait inspiré l’arrangement conclu avec ses nouveaux employeurs. La jeune fille ne manquait pas de logique. Son travail d’aide-ménagère lui servait de paravent pour protéger sa réputation auprès de ses amies venues comme elle de la campagne. La liberté de disposer de son week-end lui permettait de retrouver tranquillement ses clients. Mais F. était loin de se douter que ses ennuis, puis sa chute viendraient justement d’un de ces clients.
La semaine dernière, F. rencontra par un pur hasard Y., un de ses « habitués » du quartier. Tous deux discutèrent du prix d’un moment à passer ensemble et tombèrent d’accord sur la somme de 5 000 francs. Y. demanda à F. de le laisser consommer d’abord et de payer ensuite. C’était une manière de faire que les belles de nuit n’acceptent pas du tout. Mais F. choisit de faire confiance à son client qui avait eu recours à ses services plusieurs fois auparavant. Les deux jeunes gens trouvèrent un lieu tranquille pour expédier leur deal. Comme on pouvait s’en douter, les choses se gâtèrent entre eux quand F. demanda à son client de passer à la caisse. Y. voulut d’abord user de dilatoire, puis il finit par reconnaître qu’il n’avait pas de quoi payer. La réponse prit la fille complètement par surprise.
Tout d’abord, elle choisit de supplier son client de ne pas lui jouer un mauvais tour et de lui payer son dû. Mais comme Y. ne cessait de répéter qu’il n’avait pas de quoi régler la prestation de sa partenaire, cette dernière entra dans une violente colère. Elle menaça le jeune homme de lui causer des ennuis en rendant public leur différend. Cette menace n’émut pas Y. Par contre, elle énerva deux de ses amis qui l’avaient accompagné et qui attendaient qu’il en ait fini avec F. Le duo se mêla dans la discussion et indiqua à la jeune fille que lui aussi se préparait à satisfaire sa libido avec elle. Et cela sans débourser le moindre sou. Y. qui sentait la tension monter, s’interposa et dissuada ses amis de mettre à exécution leurs intentions.
Mais le mal était déjà fait. F. ressentit la menace du tandem comme une offense personnelle et elle affirma qu’elle n’accepterait pas le moindre compromis : son client devait lui remettre 5 000 francs et le plus tôt serait le mieux. Y. accueillit cet ultimatum avec un haussement d’épaules et ce geste déclencha une poussée d’adrénaline chez la fille. F. se mit à vociférer de toutes ses forces, debout en pleine rue. Elle obtint exactement ce qu’elle recherchait. Comme on était en tout début de nuit, il ne manqua de curieux pour sortir et pour se faire raconter ce qui était en train de se passer.

UNE NOUVELLE STUPÉFIANTE. Au milieu des curieux, certains reconnurent F. Sans chercher à connaitre le fond du problème, ces derniers conseillèrent à la jeune rurale de ne pas s’attarder dans la rue avec ces petits délinquants et de se rendre au commissariat pour déposer une plainte contre Y et ses deux copains. F. comprit alors que son emportement pouvait causer sa perte. Elle choisit donc de cacher la vraie raison du conflit nocturne. A ses « supporters » elle se mit à donner une version remaniée, mais très vraisemblable des faits. Au lieu de parler du non « paiement » de son dû après avoir assuré une prestation tarifée, elle a juré que Y. et ses deux copains l’avaient violée.
Ses connaissances qui se trouvaient au milieu de la foule ont réitéré avec insistance leur conseil. F devait, selon eux, aller au plus tôt chercher une convocation à la police, la remettre au trio de « violeurs » et contraindre les trois « vagabonds » à répondre de leur acte. Certains des conseilleurs proposèrent à la jeune fille de se rendre d’abord chez son employeur pour expliquer à ce dernier sa mésaventure. F. n’avait d’autre choix que de suivre cette recommandation. P. et son épouse crurent sans la moindre hésitation la version donnée par leur bonne.
Très tôt le matin, l’employeur se présenta au commissariat du 13ème Arrondissement pour déposer une plainte contre le supposé trio de délinquants. Les éléments de la brigade des recherches ne tarderont pas à mettre la main sur Y. et ses copains. Ces derniers furent amenés dans les locaux de la police et gardés à vue le temps de voir clair dans cette affaire. L’histoire aurait pu s’arrêter assez rapidement si l’employeur de la jeune fille n’avait voulu pousser un peu plus loin ses propres investigations.
Un peu plus de 48 heures après les faits, P. se présenta au commissariat avec une chemise de carton contenant une petite liasse de documents. A l’officier de police judiciaire en charge du dossier, il annonça une nouvelle qui fit sursauter ce dernier. Sans tourner au tour du pot, P dira au limier que son épouse et lui avaient fait faire à leur bonne une batterie d’examens médicaux. Ceux-ci avaient révélé que F. avait contracté le virus du VIH/Sida. « J’ai ici le résultat et il n’y a aucun doute sur les résultats. Jusque là nous nous sommes gardé de dire à notre employée ce que ces examens ont révélé », a déclaré P à l’officier de police, stupéfié par la tournure prise par ces événements.
Mais le policier a tenu à clarifier les choses à P. Il expliqua à l’employeur que le côté médical n’avait pas à être pris en compte dans l’enquête qui portait uniquement sur la commission ou non d’un viol. Il était certes dramatique pour F. de se savoir atteinte du Sida. Mais les policiers, eux, se limiteraient à établir si elle avait été contrainte à entretenir des rapports sexuels sous une quelconque menace par des jeunes gens dénoncés comme des violeurs et mis en garde-à-vue sous cette suspicion.
La jeune fille affronte désormais une situation qui commence à devenir délicate. Les policiers ont déjà des informations sur la double vie qu’elle menait. Certains voisins particulièrement curieux l’avaient relevé. A partir de cette découverte et à force de recouper les faits, les limiers avaient fini par comprendre que F. n’avait pas été violée et que le fonds du problème était tout simplement le refus de payer qu’avait opposé Y. à sa partenaire. Voilà donc un incident qui va compliquer la vie à F. Son double jeu a été dévoilé et elle risque d’entendre une nouvelle catastrophique pour elle. Son rêve de tirer le maximum de Bamako avant de rentrer chez elle est sans doute définitivement brisé.

MH.TRAORÉ

 

Source: essor

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